@Gia_Juliet Ben pas de quoi, je crois qu'on aime ça !
Je comprends tout à fait que tu aies pu trouver ses ouvrages intéressants, mais pour moi il y a plus de "moins" que de "plus". […] je n'ai jamais parlé d'interdire ses livres, j'ai juste indiq
indiqué que je ne les conseillerai pas à tout le monde et que je ne les mettrai pas dans toutes les mains.
Non, en fait tu n'as dit que ça, tu as dit aussi :
Autant vous dire que ce genre de schéma est largement dépassé […]
Aujourd'hui, on qualifierait ses écrits de (très) masculinistes, voir sexistes. […]
Le gros problème, à mes yeux, des idées de Vilar, c'est l'absence totale de rigueur scientifique. […]
e-edit : c'est malin, du coup je lis The Manipulated Man, et j'ai envie de hurler à chaque ligne, voir à chaque mot.
re-re edit : allez, je peux pas résister au plaisir de vous en donner un passage :
« au lieu de commencer à s’intéresser à la vie spirituelle, à s’inquiéter de politique, d’histoire ou d’exploration spatiale, la femme utilise le temps devenu libre à faire de la pâtisserie, à repasser de la lingerie, à coudre et à tricoter ou, quand elle a vraiment l’esprit d’entreprise, à décorer les agencements sanitaires de sa salle de bains avec des guirlandes de petites fleurs. »
C'est tout à fait ça !
C'est là que je vois comme ta réaction est liée à l'image qu'elle renvoie des femmes. Pourtant, même si cela te choque, il y a du vrai là-dedans, PAS pour TOUTES les femmes bien entendu, probablement pas les Madz jeunes et déconstruites et citadines, mais moi dans ma jolie campagne française, y'a des femmes qui bossent, et puis aussi des femmes dont les maris bossent, et qui sont des femmes au foyer tout simplement (mais où sont les hommes au foyer ? J'aime les hommes au foyer !). Ces femmes ont parfois fait des études, parfois pas, souvent elles ont bossé quelques mois/années dans leur jeunesse. Au mieux (je suis moins sarcastique que Vilar avec ses guirlandes de fleur, c'est un excellent exemple du ton virulent qu'elle emploie !) elles font de la poterie / de l'aquarelle : elles s'épanouissent, font du tai-chi ou du Pilates, élèvent leurs enfants, tiennent le foyer, dignement par ailleurs.
Mais je peux t'assurer que pour 95 % d'entre elles, il serait INENVISAGEABLE qu'elles travaillent pendant que leur mari est au foyer et fait des activités pour « s'épanouir », et ce sont certaines d'entre elles qui m’ont dit qu'elles ne voudraient pas d'une femme président de la république !
Tu vas me dire que je fais comme Vilar, que je fait un constat basé sur quelques observations et non étayé scientifiquement / statistiquement.
Je vais donc commencer léger, en citant le blog que tu as conseillé : il a une double caution que Vilar n'a pas, il est un homme et il ne date pas des années 70, il est notre contemporain :
hommesimple.fr a dit :
« Sois un homme » et quoi ? Et tu recevras des récompenses qui comptent : l’admiration des hommes, la liberté de mouvement, une voix d’autorité, le respect. Et une collection de privilèges dans ton travail et tes loisirs. Le paquet all-inclusive du privilège vital : le patriarcat.
En regardant de près, cette inégalité a un prix pour nous aussi : les hommes meurent plus jeunes, ne demandent pas d’aide lorsqu’ils en ont physiquement ou émotionnellement besoin (ce qui pour les femmes s’appelle dépression continue à être appelé stress par les hommes qui en rejettent ainsi opportunément la faute sur d’autres), sont bien plus souvent dépendant à l’alcool ou à la drogue et se suicident à un rythme complètement disproportionné par rapport aux femmes.
Dois-je chercher les études scientifiques qui prouvent ça ou tu l’acceptes venant de cette source ?
Si tu acceptes ce constat, il faut donc admettre que dans notre société les hommes sont physiquement plus exploités que les femmes, puisqu'ils meurent plus tôt.
Mais je connais ta réponse : ils meurent plus tôt parce qu'ils se tuent à la tâche, encouragés en cela par les injonctions à la performance, ces injonctions étant portées par les hommes patriarcaux eux-mêmes et cela parce qu'ils ne veulent pas « renoncer » au paquet « all-inclusive du privilège du patriarcat »
Donc on retourne à ce point de la réflexion où les hommes sont les SEULS responsables, non seulement de l'oppression des femmes, mais aussi de leur propre oppression, bref, de l'ensemble des défauts de la société.
Et tout irait mieux si EUX changeaient, parce que les femmes sont déjà ok.
Désolée, je trouve cela juste impossible. Les femmes sont adultes, puissantes, et représentent 50 % de la population : sont-elles juste trop faibles pour imposer leurs vues aux hommes ? Ou va-t-il falloir admettre qu'une part d'entre elles participe au système ?
En me promenant sur le même blog, je tombe sur ce commentaire :
Nicolas Hoffmann (@Nico3333fr) Merci de lire ENFIN un article qui ne part pas du postulat « les hommes sont des gros machos, sexistes, etc. » ! Vous n’imaginez pas à quel point cela peut me faire plaisir, et croyez-moi, je ne serai pas le seul homme à le penser.
»
Tu vois ce que ça peut faire à des hommes, des propos comme les tiens, qui les stigmatisent au point de les rendre uniques responsables de leurs malheurs EN PLUS de ceux des femmes ?
Et ben c'est ça que tu ressens en lisant Vilar, qui te donne envie de hurler à chaque ligne.
Sauf que eux, ils ont pas le droit de hurler quand leur fait des reproches qui commencent par « les hommes… » comme s'ils étaient tous à mettre dans le même sac.
Alors s'ils le supportent, en se disant « c’est vrai qu'il faut faire des progrès, essayons de ne pas prendre ça personnellement » je pense qu'on peut le faire aussi.
Ensuite, pour le côté "juvénilisant", j'ai aussi tendance à penser que c'est une injonction mais d'ordre plus général. Quand on dit qu'un homme qu'il vieilli bien, on tend surtout à dire qu'il n'a pas trop de signes de vieillesse ostensibles (pas d'explosion de rides et de taches sur la peau, maintien d'une stature physique droite, d'une corpulence moyenne signe d'une forme physique entretenue...) Et surtout, ça s'applique à des hommes qui sont déjà considérés comme attirants dans leur âge mature. Est-ce qu'on dit de Weedy Allen qu'il a bien vieilli ? Non, et pourtant il n'a quasi pas pris une ride, mais à la base il ne correspond pas aux canons de beauté). On ne dit pas non plus de Christian Clavier qu'il a bien vieilli, pourquoi ? Peut-être parce qu'il a grossi en même temps.
Alors là, permets-moi de te dire que c'est toi qui abandonne toute rigueur, tu réponds à une observation globale par des exemples particuliers !
Je réponds donc par de vraies statistiques :
« au moins 50 % des françaises ont recours [à la coloration capillaire] d’après les statistiques nationales. Contre 16 % chez les hommes (5% il y a 10 ans)» (
http://actualitesante.blog.lemonde.fr/tag/cheveux/),
« Sans surprise, ce sont les femmes qui font le plus appel à la chirurgie esthétique. Elles représentent 84,7 % des patients » (Sondage l'ISAPS Biennal Global Survey,
http://www.doctissimo.fr/beaute/news/chirurgie-esthetique-enfin-les-vrais-chiffres)
dois-je vraiment chercher le pourcentage d'hommes et de femmes qui se maquillent ?
Et d’autre part je n'ai pas dit qu'on disait individuellement de chaque homme qu'il vieilli bien, j'ai dit qu'on disait qu'en général, les hommes prennent du charme en vieillissant, alors que les femmes se fanent. C'est ce qui permet aux hommes d'assumer leurs tempes grisonnantes et qui pousse les femmes à colorer leurs cheveux blancs, à plâtrer leurs rides de maquillage, à porter des dessous gainants… selon moi c'est une belle c*nnerie, elles feraient mieux d'assumer leurs cheveux blancs et leurs rides et le reste.
oui il y a eu des accusation sur certaines œuvres féministes : je pense notamment à Judith Butler qui a été juste accusée de favoriser la transidentité chez des gens qui ne seraient pas trans à l'origine.
Là je dois dire que l'accusation me paraît tout aussi injuste, je ne crois pas qu'un livre ait un tel pouvoir, ou alors on parle de gens qui étaient trans inconsciemment et que ce livre a révélés à eux-mêmes.
Et enfin, on ne peut pas détacher un élément du contexte dans lequel on vit. Aujourd'hui, dans notre société, majoritairement, ce sont des hommes qui battent et tuent leur partenaire de vie (homme ou femme d'ailleurs). Je trouve ça hasardeux de mettre sur le même pied injonction à la violence et le culte de la force qui est fait aux hommes (et qui fait d'ailleurs partie des effets nocifs du virilisme) et les cas minoritaires de violence exercée par des femmes sur des hommes.
Je ne les mets pas sur le même pied, je dis juste qu'on ne peut pas accuser des livres d'être responsables de certains comportements violents, que les gens violents le sont en-dedans. D'ailleurs comme les gens trans, par exemple.
Sur la fidélité masculine, je met juste deux passages de Manipulated Man :
[…]
Bon, et je te réponds avec un passage de son troisième ouvrage,
Pour-une-nouvelle-virilite, qui montre que ton interprétation est erronée, et qu'il te faut voir la bienveillance cachée sous sa colère et sa virulence (et apprendre, comme les hommes d'aujourd'hui, à ne pas prendre personnellement les critiques adressées à son genre) :
« Les femmes qui ont épousé les hommes qu’elles ne désirent pas compensent leur insatisfaction sexuelle en jouant les martyrs, ou en se transformant en despotes ou en trompant leur mari.
Celles dont le mari surchargé de travail ne dispose de ce fait ni de temps ni de force à consacrer à la sexualité, trouvent un jour ou l’autre leur bonheur dans les bras d’un autre.
Et les hommes que leur femme ne désire pas doivent logiquement chercher une nouvelle partenaire sexuelle.
Après notre réforme, les deux époux se désireront mutuellement, ils seront donc plus fidèles qu’auparavant. »
oui, parce que truc de dingue, elle propose une solution ; c'est aussi utopiste que Marx ou le rêve anarchiste ou les licornes pailletées, mais elle l'a conçu. (moi je suis du genre à piocher tout ce que je trouve de bon dans les utopies qui me parlent, même si je ne peut en embrasser aucune complètement, j'en connais pas de parfaite)
Je fais un peu de teasing, je dévoile pas tout de suite le concept.
Et merci Gabelote, t'es quand même une des très très rares personnes qui a mis le nez dans Vilar !