H
Harpo
Guest
Cette histoire de Dieu commun aux trois religions me gêne car elle est très imprécise ! J'ai l'impression qu'une confusion est faite entre monothéisme et identité des trois Dieux. Ce n'est pas parce que le judaïsme, le christianisme et l'islam ont pour point commun le culte d'un Dieu unique (et certains textes) que celles-ci révèrent le même. J'avoue ne pas être une spécialiste de l'islam, mais je peux néanmoins citer quelques différences fondamentales :
- la représentation d'Allah repose en grande partie sur son unicité, il est considéré comme une monade. Il n'a pas été engendré et il ne peut engendrer : l'idée du Christ fils de Dieu est alors inconcevable. Dans la même veine, la Trinité chrétienne est hérétique aux yeux des Juifs : l'Exode est pris au pied de la lettre, il ne faut pas aduler des divinités "mineures".
- le culte du Dieu des Juifs repose largement sur une rationalisation de son existence et de ses oeuvres, il s'agit même d'une des expériences religieuses les plus méritantes selon certains sages du Talmud. Dans le christianisme, on peut discuter des modalités de son oeuvre, mais certainement pas de son existence, qui repose sur la foi (principe secondaire dans le judaïsme).
- les Dieux de l'Ancien et du Nouveau Testament sont foncièrement différents : l'un est un Dieu du châtiment et de la loi, l'autre un Dieu d'amour et de charité.
- les Dieux orthodoxe et chrétien diffèrent également de par la question de la Trinité. C'est la fameuse histoire du filioque : pour l'Eglise orthodoxe, le Saint-Esprit est issu du Fils par le Père (c'est la primauté du Père), tandis que pour l'Eglise chrétienne, le Père et le Fils étant consubstantiels, le Saint-Esprit procède également des deux.
Bref, on pourrait continuer l'énumération de différences théologiques essentielles ad vitam aeternam. De plus, dire que le fait de vouer un culte à un même Dieu (ce que je trouve inexact, vous l'aurez compris), ne suffit pas à permettre la perméabilité des lieux de prière. Chaque religion comporte une liturgie particulière et très précise qui repose non seulement sur la lecture des textes et la prière (qui pourraient très éventuellement être effectuées n'importe où), mais également sur la présence et l'utilisation d'objets sacrés. Communier dans une mosquée sans tabernacle c'est tout bonnement absurde, tout comme prier pour un musulman dans une église qui n'est pas orientée vers la Mecque est aberrant. Les lieux de culte sont conçus en fonction de cette liturgie et doivent offrir les meilleures conditions possibles propres à chaque religion pour être le plus proche possible de Dieu, d'Allah, ou de YHWH. A mon sens, la question de la tolérance n'entre absolument pas dans le problème de l'interchangeabilité des lieux de culte, l'oecuménisme a vocation à permettre le dialogue et la compréhension entre les différentes religions, certainement pas à les fondre toutes ensemble ! Enfin, l'initiative me paraît empreinte de bonnes intentions, mais relevant d'un manque de compréhension fondamental du fonctionnement des religions monothéistes, et donc vouée à l'échec. Ce qui ne règle absolument pas le problème du manque de mosquées, certes...
(Une petite précision : je ne crois en aucun Dieu, simplement je suis Juive mais également baptisée, et je suis toujours chagrinée de voir que notre société ne comprend pas plus son héritage judéo-chrétien que l'islam.)
- la représentation d'Allah repose en grande partie sur son unicité, il est considéré comme une monade. Il n'a pas été engendré et il ne peut engendrer : l'idée du Christ fils de Dieu est alors inconcevable. Dans la même veine, la Trinité chrétienne est hérétique aux yeux des Juifs : l'Exode est pris au pied de la lettre, il ne faut pas aduler des divinités "mineures".
- le culte du Dieu des Juifs repose largement sur une rationalisation de son existence et de ses oeuvres, il s'agit même d'une des expériences religieuses les plus méritantes selon certains sages du Talmud. Dans le christianisme, on peut discuter des modalités de son oeuvre, mais certainement pas de son existence, qui repose sur la foi (principe secondaire dans le judaïsme).
- les Dieux de l'Ancien et du Nouveau Testament sont foncièrement différents : l'un est un Dieu du châtiment et de la loi, l'autre un Dieu d'amour et de charité.
- les Dieux orthodoxe et chrétien diffèrent également de par la question de la Trinité. C'est la fameuse histoire du filioque : pour l'Eglise orthodoxe, le Saint-Esprit est issu du Fils par le Père (c'est la primauté du Père), tandis que pour l'Eglise chrétienne, le Père et le Fils étant consubstantiels, le Saint-Esprit procède également des deux.
Bref, on pourrait continuer l'énumération de différences théologiques essentielles ad vitam aeternam. De plus, dire que le fait de vouer un culte à un même Dieu (ce que je trouve inexact, vous l'aurez compris), ne suffit pas à permettre la perméabilité des lieux de prière. Chaque religion comporte une liturgie particulière et très précise qui repose non seulement sur la lecture des textes et la prière (qui pourraient très éventuellement être effectuées n'importe où), mais également sur la présence et l'utilisation d'objets sacrés. Communier dans une mosquée sans tabernacle c'est tout bonnement absurde, tout comme prier pour un musulman dans une église qui n'est pas orientée vers la Mecque est aberrant. Les lieux de culte sont conçus en fonction de cette liturgie et doivent offrir les meilleures conditions possibles propres à chaque religion pour être le plus proche possible de Dieu, d'Allah, ou de YHWH. A mon sens, la question de la tolérance n'entre absolument pas dans le problème de l'interchangeabilité des lieux de culte, l'oecuménisme a vocation à permettre le dialogue et la compréhension entre les différentes religions, certainement pas à les fondre toutes ensemble ! Enfin, l'initiative me paraît empreinte de bonnes intentions, mais relevant d'un manque de compréhension fondamental du fonctionnement des religions monothéistes, et donc vouée à l'échec. Ce qui ne règle absolument pas le problème du manque de mosquées, certes...
(Une petite précision : je ne crois en aucun Dieu, simplement je suis Juive mais également baptisée, et je suis toujours chagrinée de voir que notre société ne comprend pas plus son héritage judéo-chrétien que l'islam.)