Alors en réponse au commentaire de
@Cilece concernant l'abstention au second tour, je me permets de citer un article de Slate (une nouvelle fois !) intitulé "La démocratie ne consiste pas à laisser les autres faire le sale boulot" de Jean-Marie Pottier.
Je précise que si sa façon d'exprimer les choses vous a déplu,
ce n'est pas mon propos donc inutile de me le reprocher (mais je suis d'accord avec le fond). Je précise aussi que le but n'est pas de pourrir les abstentionnistes (en tout cas ce n'est pas mon but, pour l'auteur je n'en sais rien) mais bien de pousser un raisonnement dans ses retranchements afin d'en exposer les failles, ce qui est le principe même d'un débat. En bref, le but n'est pas d'attaquer des personnes mais un raisonnement. D'ailleurs personnellement je n'ai pas que ça à faire de pointer du doigt les abstentionnistes en disant "Bouuuuuh", je respecte votre choix et je ne vais pas vous insulter ou je ne sais quoi même si je partage pas vos convictions - et c'est justement de ces convictions que je tiens à débattre.
Je cite les extraits suivants :
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Face au choix qui nous est offert le 7 mai, vous avez trois options. Vous pensez qu'Emmanuel Macron ou Marine Le Pen fera un meilleur président de la République que son adversaire: vous votez donc pour lui ou elle. Vous pensez que Marine Le Pen et Emmanuel Macron se valent, sont tous les deux également indignes de la fonction, sont«bonnet blanc et blanc bonnet»: vous vous abstenez ou vous votez blanc ou nul.
[EDIT] : c'est un argument que j'ai beaucoup vu aussi (Macron = la même galère que MLP) mais je pense qu'il est fallacieux, il suffit de comparer leurs programmes pour se rendre compte que ce ne sont pas du tout les mêmes et qu'ils n'auront pas du tout le même effet sur les Français, et particulièrement en ce qui concerne les femmes et les minorités. Il me semble qu'on devrait être capables de nuancer les choses, et ce malgré l'immense déception de certaines (que je partage) en voyant la défaite de Mélenchon et de certains idéaux anti-libéralisme.
La troisième option, on la voit en ce moment sur pas mal de murs Facebook: c'est celle qu'esquissent ceux qui voudraient s'abstenir d'exprimer un choix dans dix jours, mais chez qui on sent, en filigrane, qu'ils aimeraient bien que le reste du pays, quand même, fasse le travail à leur place en faveur d'Emmanuel Macron. Parce que vous comprenez, c'est trop bête, à deux points près, c'est Jean-Luc Mélenchon qui serait face au candidat «En Marche». Parce que les sondages ont faussé le premier tour. Parce qu'il faut attendre le résultat de la consultation insoumise. Parce que, de gauche ou de droite, on n'a pas eu Hollande pour passer le témoin à son ministre de l'Économie. Parce qu'il a trahi le PS. Parce qu'il est allé manger des asperges à la Rotonde. Parce qu'En Marche, paraît-il, est une coquille vide. Parce qu'on a déjà donné avec les 82% de Chirac, et que son deuxième quinquennat se serait bien mieux passé si Jean-Marie Le Pen avait fini à 38% plutôt que 18%, non? Parce que le terrain de la présidentielle était trop lourd et que les sangliers ont mangé des cochonneries. Parce que Macron président, c'est le FN à 30% au premier tour dans cinq ans, donc pourquoi pas le mettre à 47% tout de suite, avec la dynamique pour obtenir quelques dizaines de députés et un veto parlementaire derrière?"
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Au second tour, il n'y a que deux résultats et deux vainqueurs possibles, et plus de stratégie qui tienne. Et s'il est intellectuellement malhonnête de dire qu'une abstention ou un vote blanc le 7 mai est un vote Le Pen, il n'en reste pas moins que cela représente pour elle un vote de moins à compenser pour atteindre les 50% des voix."
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il est ironique de voir certains, après s'être plaints que les sondages faisaient peser un poids collectif sur nos convictions, les utiliser aujourd'hui dans le sens inverse («Hors de question que je vote Macron, sauf si Le Pen est à 47% trois jours avant!»).
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On peut voter par procuration, mais on ne doit pas voter par délégation, en comptant sur ses voisins, ses amis, ses collègues, ses concitoyens, pour faire le sale boulot. En économie et en sociologie, on parle d'un comportement de «passager clandestin» pour désigner ceux qui profitent des conséquences d'un effort ou d'un investissement collectif sans prendre leur part du coût. Ceux qui, en conscience, savent que l'élection de Macron est préférable à celle de Le Pen mais jugent indigne de devoir se «salir les mains», ou veulent pouvoir lancer fièrement «Je vous l'avais bien dit» aux premiers échecs, leur bulletin blanc en bandoulière, sont des passagers clandestins. Le second tour d'une présidentielle n'est pas la connexion wifi du voisin dont on veut pouvoir profiter sans payer l'abonnement."
Le tout illustré d'un dessin satirique de Pessin, figurant un groupe de gens qui proclament "Votons blanc !" tandis qu'un autre personnage précise "Et croisons les doigts pour qu'on ne soit pas trop nombreux !"
Voilà, je n'ai pas grand-chose à ajouter. Si ce n'est que, si le ton ironique de l'article ou certaines métaphores vous ont déplu, je n'ai pas envie de me faire pourrir pour ça
je ne l'aurais probablement pas écrit en ces termes. C'est avant tout un article satirique je pense, donc à prendre avec un peu de recul. A mon avis c'est toujours difficile de déconstruire un argumentaire sans froisser personne, il y a forcément des gens qui se sentiront visés par certaines choses et il y a toujours un moment où les opinions des camps différents semblent brusques et heurtent nos convictions. Je vous apporte juste la fleur de la paix
parce que j'ai aucune envie de me fight, mais en aucun cas cela ne m'empêchera d'exprimer mon opinion (respectueusement) et de chercher à réfléchir sur un raisonnement que je trouve dangereux.
Par ailleurs, pour l'argument dont tu parlais,
@Cilece, en évoquant le fait que concrètement, le nombre de personnes votant Macron devrait de toute façon suffire pour éviter Le Pen et pouvoir voter blanc tranquille, je suis assez d'accord parce qu'au final
le plus important ce sont les conséquences concrètes. Cependant il faut se rappeler qu'à deux semaines des élections présidentielles américaines, Clinton était donnée gagnante. Au final Trump l'a largement dépassée (pas pour le vote populaire, je sais, mais tout de même), donc personnellement je ne prendrais pas ce risque. Et puis, le jour où les deux candidats sont encore plus serrés dans les sondages.... On fait quoi ? Si tout le monde compte sur les autres sans vouloir l'admettre pour voter à leur place, si ça se trouve un jour ça ne suffira plus.
Le problème c'est que je trouve qu'avec ton raisonnement on a tendance à déresponsabiliser les gens :/ et je ne trouve pas ça très juste finalement.
Sinon je suis d'accord qu'il doit être énervant pour les abstentionnistes de se sentir sous pression, et surtout je comprends leur frustration à ne pas avoir de candidat qui leur convienne. Le problème c'est que je doute qu'on puisse un jour avoir un candidat avec qui on est d'accord à 100% jusque dans les moindres détails. Et même si on trouve ce candidat miracle, ben... il faudrait aussi qu'il convienne à la majorité des autres citoyens. Or on est tous différents, c'est pour ça que c'est si difficile de satisfaire tout le monde. La politique consiste essentiellement à faire des compromis et à essayer de convenir au plus de gens possible, mais il y aura toujours des insatisfaits, c'est le principe... C'est nul mais perso je ne vois pas ce qu'on peut y faire dans un système démocratique qui fonctionne sur la majorité des voix pour représenter les autres.
Voilà, j'espère n'avoir manqué de respect à personne malgré tout