Ce sujet est - à mes yeux - tout aussi douloureux qu'important.
A l'heure actuelle, j'ai tendance à penser que le sexe est une arme, un potentiel de base inné que l'on étoffe, sculpte, travaille, pour faire de soi un "bon coup". Il s'agit de l'aboutissement de la séduction massive, du désir porté sur l'autre, du regard tactique, presque avant l'éclosion totale du sentiment. On couche majoritairement pour (se) faire du bien, corporellement, sentimentalement ou à l'égard du social : Être bon à ce jeu là, c'est en conséquence maîtriser beaucoup, et donc pouvoir par extension. Cela hausse le menton et la stature, et gonfle sensiblement l'égo.
Et puis il y a ceux qui - naturellement - s'empêtrent de leur propre corps, se difforment, et se tassent. Ceux qui n'ont pas l'estime suffisante de soi pour seulement songer être doués au lit. Ceux qui se préfigurent d'emblée mauvais, et pour qui la chose passera nécessairement par un surplus de douleur. Douleur physique de craindre, et douleur morale de se voir endosser un costume que l'on pense tout sauf sur-mesure.
Moi, j'ai (je ?) fait(-s) partie de ces gens là. Ne pas se sentir normale dans ce domaine a été très rapidement perçu comme une honte sans bornes, car les frontières de cette normalité sont repoussées en des ailleurs que, personnellement, je méconnais. Et si, moi, je ne savais pas ? Ne pouvais pas ?
Or savoir au moins faire - à défaut de savoir bien faire - est quasi vécu comme une obligation. Être un trou, est-ce si compliqué après tout ? Il ne s'agit que de recevoir, un moment, et s'en contenter avec facilité. En théorie, quiconque est physiquement apte est effectivement capable "d'héberger quelqu'un"... En théorie.
A partir de ce point, ne pas dire non (puisque c'est là le sujet) ne me choque pas, mais est blessant. Dans mon vécu, et même si je ne l'ai jamais fait par volonté pure et exclusive de sentiments, je comprends ces femmes qui n'ont pas voulu s'encombrer d'elles-mêmes, seulement songer à repousser l'idée qu'elles sont désirables. On les "veut" et elles peuvent accueillir. Alors... soit.
Il ne s'agit pas de se vendre au rabais, à l'offrant du moment à défaut du plus offrant, se brader, se rassurer, se faire catin. Moi-même ne me concevant pas comme objet de désir, je ne saurais trop dire pourquoi et comprendre comment l'on me désire. C'est un fait, en dehors de moi, étranger. Appuyé, marqué, présent, et dont je ne connais pas l'origine.
Je ne saisis pas que l'on puisse juger (et qui plus est mal juger) ces femmes qui se laissent faire. Il ne s'agit pas là d'un viol ou d'un manque de discernement, car le "non" n'est pas repoussé par l'homme. Il n'y a simplement pas de "non", mais un rien qui je pense signifie "pourquoi pas". Pas oui. Pas vraiment. Mais pas non. Parce que parfois, laisser passer les minutes est plus simple.
Le sexe est un pouvoir pur à l'heure actuelle, et consenti ou non, il hiérarchise. Il provoque donc une pression qui pour moi se fait plus sensible chez la gent féminine, et qu'il est plus ardu d'esquiver.
Ce qui est capital en revanche, est l'importance du "non". Un "non" clair, prononcé, assuré, débattu. Aller au-delà du "non" et à son mépris, c'est imposer la pression, et la faire déborder. (Et je suis d'ailleurs effarée et dégoûtée par le lien de l'article ouvrant sur le forum de discussion). Une différence est toujours à noter entre se faire sujet et assujettir.
(Je pense que cela ne tardera pas à partir...)