J'ai un scoop pour vous :
le MEDEF s'en contre-branle du soit-disant milliard de déficit des intermittents.
Pourquoi je parle de "soit-disant milliard de déficit" ? Parce qu'en fait,
ce calcul est le résultat d'un artifice comptable qui crée une catégorie à part pour les intermittents, simplement parce que leur régime d'indemnisation est différent du régime "normal" (du fait de leurs conditions de travail particulières, que je ne rappellerai pas).
En fait,
TOUTES les catégories de travailleurs précaires sont structurellement en déficit. Petite explication dans cet extrait d'un article du Monde du 26 Février dernier, "Le régime des intermittents coûte-t-il un milliard d'euros ?" :
"
Ce déficit est pourtant “logique”, dans la mesure où le système d'assurance-chômage repose sur la solidarité entre travailleurs et demandeurs d'emploi. Les employés en contrat à durée indéterminée (CDI), dont le régime est bénéficiaire, paient pour les autres : contrats à durée déterminée (CDD), intérimaires et intermittents.
Le calcul opéré par la Cour des comptes pour isoler le déficit des seuls intermittents peut ainsi être appliqué à d'autres catégories, par exemple, les seuls CDD. Ainsi, dans un rapport paru fin 2013, la Cour dénonce une hausse du nombre d'emplois précaires en période de crise, qui ne touche pas seulement les intermittents. Résultat, dans les comptes de l'assurance-chômage, le déficit le plus lourd provient des salariés en CDD : 5,592 milliards d'euros, et celui des intérimaires s'élève à 1,464 milliard d'euros."
Donc contrairement à ce qu'expliquent à longueur de temps les commentateurs des grands quotidiens sur le net, ce ne sont pas les courageux travailleurs salariés qui cotisent pour les
saltimbanques intermittents,
ce sont ceux qui ont un emploi stable qui cotisent pour ceux qui sont précaires. Ca s'appelle la solidarité nationale.
Pour en revenir au MEDEF,
ces gros malins se servent simplement des intermittents comme d'un chiffon rouge, ils savent très bien que 1 milliard ce n'est rien à l'échelle du budget de la France, et que ça n'a rien d'extravagant pour financer la vie culturelle de la France. Seulement, ils savent que ces braillards de Français sont toujours prompts à se battre entre eux dès qu'ils s'imaginent que leur voisin a droit à quelques miettes de plus, de manière indue évidemment.
Et pendant que tout le monde est occupé avec ça, ils ont toute la latitude nécessaire pour réclamer SANS contrepartie que l'Etat leur aboule TRENTE milliards dans le cadre du Pacte
d'Entubage de Responsabilité.
Ils jouent pas dans la même cour hein, finalement c'est des petits joueurs ces intermittents...
Et à la toute fin des négociations, quand ils auront bien campé sur leurs positions,
ils auront beau jeu de faire l'immense "contrepartie" de ne pas toucher au statut des intermittents... C'est simplement un dérivé de la technique "si je veux la main je dois demander le bras", technique que le MEDEF utilise avec succès depuis toujours.
Et pour ceux qui imaginent que les intermittents sont payés à ne rien faire, quelques rappels salvateurs :
- ils ont 10 mois pour totaliser le nombre d'heures qui leur ouvrira des droits, contre 2 ans ans pour le régime général (sachant que les salariés du régime général doivent totaliser plus d'heures, mais pas beaucoup plus)
-ils cotisent aux alentours de 10 %, contre environ 6 % pour le régime général
- ils sont indemnisés 8 mois en cas de chômage, contre 2 ans pour le régime général.
Gros gros privilèges...
Voilà, désolée pour le pavé, j'ai essayé d'être exhaustive sur le sujet