Ce qui me dérange dans ce débat, c'est qu'il y a des considérations éthiques mais pas que, c.'est aussi une question d'ordre politique. Parce-que si les médecins en sont rendus à se poser ce genre de questions, c'est aussi en partie la conséquence de choix politiques en terme de santé publique. Dé-contextualiser la question, cela me semble dangereux.
On oppose vaccinés et non-vaccinés comme s'il y avait un camp du bien et du mal mais c'est plus complexe que ça. Jeter l'opprobre sur les non-vaccinés, ça permet d'éviter d'analyser la situation en profondeur. Cette crise a été gérée de façon catastrophique au niveau national et international. Si on est là, c'est aussi parce-qu'il n'y a pas eu de concertation entre les états, qu'on a choisi de privilégier certaines populations et pas d'autres. Rappelons que la France s'est d'abord opposée à la levée des brevets qui aurait pu, sans doute, étendre la couverture vaccinale à des états qui n'ont pas les moyens de s'en procurer.
Article d'oxfam là-dessus
Depuis le début de la crise, l'OMS a signalé qu'il était capital que la population MONDIALE soit vaccinée pour limiter la survenance de variants ce qui n'a pas été fait. D'ailleurs, il y a eu plusieurs études qui ont démontré que les pays où on a laissé circuler le virus en promouvant "l'immunité collective" ne s'en étaient pas mieux sortis.
Article du courrier international
Les pays riches ont refilé quelques miettes de vaccins à certains états et s'en sont lavés les mains. Et après, on vient s'émouvoir qu'un nouveau variant circule et qu'il faut se refaire vacciner alors que pendant tout l'été, la communication du gouvernement, en France, a consisté à dire qu'il suffisait de se vacciner pour être tranquille, pour "revivre". On a présenté le pass sanitaire comme nécessaire mais provisoire alors que ça reste une atteinte non négligeable à des libertés qu'on est pas sûr de retrouver dans leur entièreté.
Article de France culture
On est passé de ça à la création d'un pass vaccinal, à la culpabilisation et à l'insulte des personnes qui refusent de se faire vacciner contre le covid. On fait une distinction, honteuse, entre les bons citoyens et les mauvais citoyens. On nous parle de "devoirs" mais c'est l'Etat qui a un devoir envers les citoyens, pas l'inverse. Les citoyens disposent de droits sans condition de réciprocité, c'est la Constitution.
La Constitution française
Toute la gestion de cette crise a été parsemée de mensonges, d'irresponsabilité, de n'importe quoi au niveau politique. On a créé un conseil scientifique ad hoc qui sort de nulle part avec des gens qu'on connait pas, qui n'ont pas été choisis de façon démocratique (et non justifier ça en disant que le président est élu par le peuple et que, par conséquent, il dispose de la légitimité pour les choisir, ce n'est pas valide). Les masques étaient pas nécessaires et puis après, ils le sont devenus. Le vaccin n'était pas obligatoire et puis il le devient. L'hôpital et les soignants devaient être soutenus mais le gouvernement n'a pas changé d'un iota sa gestion de l'hôpital public. Et est-ce qu'on parle de l'éducation nationale ? De l'enseignement supérieur ? Du monde de la culture ? Non, ça vaudrait mieux pas.
Et maintenant, on vient cracher sur les non-vaccinés en se demandant s'ils méritent d'être sauvés ? C'est tellement simpliste, ça vaudrait le coup de se poser d'autres questions.
Moi, s'il faut le dire, je me suis fait vacciner mais je comprends qu'on hésite ou qu'on ait peur de le faire parce-que la communication du gouvernement est juste dé-sas-treu-se. Je comprends qu'on conteste le pass sanitaire et le pass vaccinal parce-qu'encore une fois, ce sont des atteintes graves aux libertés fondamentales qui sont pas vraiment et/ou mal justifiées. Vraiment, faut s'en rendre compte. C'est sûr, c'est pas la Biélorussie ni la Chine, y a toujours pire ailleurs mais on se compare à ces pays, pas à la Suède ou la Finlande. Ca en dit long.
Et une dernière chose qui me dérange, c'est comment on désigne les non-vaccinés comme un bloc complètement homogène de personnes mues par les mêmes convictions, les mêmes idées, qu'ont les mêmes considérations et motivations. Ce n'est pas le cas et ça renforce la représentation manichéenne qu'on se fait de la population française, scindée en deux blocs aux idées totalement opposées.
Bref.