@Zelila Je lis beaucoup l'argument "Oui mais si on force les praticiens à pratiquer l'IVG ils risquent de se braquer et de faire mal exprès, de bâcler leur travail, même de mal le faire, alors je préfère ne pas les forcer", mais c'est pas supposé être un argument. Je ne dis pas ça du tout contre toi, et je le dis vraiment sans animosité, mais j'ai l'impression qu'on oublie que si une telle chose devait arriver, on entre dans le cadre de la mutilation médicale en fait, et c'est supposé (je sais bien que dans les faits c'est différent) être puni par la loi. Si on devait, à chaque fois qu'un changement nécessaire doit être réalisé (je parle dans le cadre d'un droit comme celui à l'avortement, qui a été obtenu et pour lequel faut quand même encore faire de la pédagogie), penser que les personnes visées vont mal le prendre, donc nous faire du mal, et que du coup faut rien faire, on s'en sortirait pas.
Donc dans la pratique si en effet un gynéco se voyant obligé de pratiquer une IVG sans le vouloir, en viendrait à mutiler sa patiente, ben c'est pas de la faute de la patiente ni des personnes qui auraient fait sauter la clause de conscience. Donc c'est pas à nous de réfléchir pour trouver des solutions à ce problème. Si tu (ce n'est pas un "tu" te visant personnellement !) en arrives à
mutiler un patient car tu exerces un acte que tu ne voulais pas exercer, et bien ta place n'est pas en tant que soignant en hôpital, mais entre quatre murs dans une prison. Et d'ailleurs, je trouve ça assez révélateur : pour supposer que certains gynécos "forcés" à pratiquer l'IVG vont mutiler leurs patients, c'est qu'il y a déjà quelque chose de problématique dans la pratique actuelle de ces médecins. Donc d'un point de vue pratique, si cette clause de conscience finit par sauter et qu'en effet des médecins bâclent leur travail volontairement et font subir des violences physiques et psychologiques à leurs patientes, faudra rien laisser passer et faire condamner ces personnes. Il y a déjà un ou deux sites/forums qui traînent aussi, sur lesquels on peut avoir accès à une liste de gynécos "safe" et je ne doute pas une seule seconde que si la clause de confidentialité saute, les gynécos faisant volontairement du mauvais travail figureront sur une liste des gynécos à éviter et qu'à terme, plus personne n'ira les voir. Et peut-être qu'en combinant tout ça, du coup, les futurs étudiants en médecine y réfléchiront à deux fois avant de s'orienter en gynéco.
Et pour ce qui est de laisser la clause de conscience aux anciens gynécos et l'enlever au nouveaux, pareil, pour moi c'est pas une solution. Les gynécos ne sont pas supposés être des gamins capricieux commettant des "abus" comme tu le dis, parce qu'on les forcerait enfin à faire leur job. Un gynéco qui ne souhaitait pas faire d'IVG et qui se retrouverait à devoir en pratiquer aura au final trois solutions : démissionner car incompatibilité entre son métier et ses "croyances", mutiler ses patients ou simplement faire son job. Si parmi les trois solutions, le gynéco choisit de tomber dans les abus et de faire du mal à ses patientes, ben désolée mais cette personne n'est pas un médecin et n'a pas a continuer à l'être.
J'espère ne pas avoir été trop sèche, ce n'est rien contre toi mais c'est un sujet qui me tient à cœur donc j'essaye vraiment de défendre ma position en mettant en avant des arguments qui pour moi ne devraient pas l'être, car on part toujours du principe qu'en changeant les choses ça va se retourner contre nous et fin de l'histoire, alors qu'il y a tellement plus à faire, et à dire !