Grossesse non désirée : continuer ou faire une IVG ?

26 Novembre 2013
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Lyon
@Crépuscule C'est normal de ne pas parvenir à être objective, il s'agit de toi, de ta vie, de ton corps, c'est facile pour moi ou pour @Mû. de regarder les choses sous un angle plus pragmatique. Je t'avoue que si ça m'arrivait à nouveau, j'ignore comment je réagirais, mais je sais que ce serait très difficile, je fais donc tout pour ne pas avoir à faire face à ce choix une fois de plus.

Même si 8 jours c'est pas "beaucoup", c'est déjà de trop quand une conscience "maternelle" si j'ose dire s'est déjà réveillée. Je réitère du coup : prends soin de toi, entoure-toi, fais-toi plaisir (même si ça semble dérisoire), écoute-toi un maximum, parce que ça ne sera pas évident d'attendre vendredi.

Peut-être que cet épisode de vie pour tous les deux aura un impact sur lui, peut-être pas, j'ai envie de dire que c'est d'autant plus difficile pour toi qu'il semble avoir envie de paternité, en tout cas il est certain que cette grossesse non prévue va redistribuer certaines cartes. Je souhaite que ça soit dans le positif autant que possible. Je ne suis pas croyante, je suis assez cartésienne dans ma façon de voir les choses, pourtant j'ai souvent eu l'impression que lorsque des choses comme ça arrivent, même si ce n'est que quelques temps plus tard, on se rend compte que ça arrive "pour une raison". Pour ma part, ça m'a certainement évité de continuer avec quelqu'un qui ne me convenait pas et à qui je ne convenais pas. On s'aimait mais c'était pas assez, nos envies et nos modes de vie n'étaient pas compatibles, on voulait sincèrement le meilleur l'un pour l'autre, mais on n'était pas capable de se l'apporter mutuellement. Je n'irais pas jusqu'à dire "heureusement que c'est arrivé", sincèrement si je pouvais revenir en arrière, je ferais en sorte de ne pas tomber enceinte, mais ça m'a forcé à reprendre ma vie en mains, à remettre en question l'existence que j'avais prévue (j'étais tellement persuadée que j'allais finir ma vie avec mon ex), et à me dire qu'au fond, l'important, c'est d'être heureux, et de travailler à ça au plus tôt. Si ça n'était pas arrivé, je pense qu'on serait resté ensemble encore longtemps, trop longtemps, qu'on aurait fini par s'enliser dans une relation qui ne nous convenait déjà plus, et peut-être que ça se serait révélé trop tard. Si ça n'était pas arrivé, peut-être que je ne serais pas actuellement avec l'homme merveilleux avec qui je partage ma vie, avec qui l'existence est douce, simple, pleine d'amour. Donc il est bien possible que ça fasse beaucoup cogiter ton ex-amoureux, après j'ai envie de te dire de te protéger et de ne pas te faire de faux espoirs, tu pourras voir dans un futur un peu plus éloigné ce qu'il en est pour lui, mais là dessus tu n'as aucune prise, il vaut vraiment mieux que tu te concentres sur toi-même.

C'est simple pour moi de te dire tout ça, après je ne vais pas te mentir : j'ai pas mal oscillé entre "je ne regrette rien" et "je le regretterai toute ma vie". Je pense que ça touche à quelque chose de très intime et viscéral, et qu'il faut un certain temps pour faire le "process" de ces sensations, émotions qui nous bouffent et nous envahissent. J'ai commencé à faire un peu la paix avec moi-même quand j'ai accepté que pour une partie de moi, il s'agit de quelque chose qui me laissera malgré tout un regret à vie. En faire le constat, y faire face, c'est bien, mais se dire qu'il faut avancer malgré tout et l'accepter, ça aide beaucoup. Mais il faut quand même le temps. Des journées à pleurer, à se traîner, à errer comme une ombre, à avoir en boucle dans la tête "je regrette je regrette je m'en veux je n'arriverai jamais à m'en remettre", ça a pris du temps. Il faut que tu prennes ce temps là. Pleure, hurle, reste dans ton lit, appelle ton ex-amoureux pour lui en parler, appelle une amie, quelqu'un de confiance, écris ici tout ce qui te passe par la tête, mais laisse tout sortir, autant que possible. Et à un moment le flou se dissipera, et tu pourras avancer, en tout cas je te le souhaite vraiment.

C'est très vrai ce que tu dis sur le fait que si tu veux être mère, tu n'as besoin de l'aval de personne. C'est vrai que ce serait réconfortant et rassurant de se raccrocher à l'avis de quelqu'un d'autre, j'ai parlé de mon IVG à ma mère deux mois plus tard, parce que d'une part je ne voulais pas l'inquiéter, d'autre part parce que je savais qu'elle aurait pu m'influencer. Elle n'est pas anti-choix ni rien, mais je pense que face à ma détresse, et aussi par rapport à sa propre vision de la maternité (elle est très maman poule), elle aurait très bien compris le déchirement que ça représentait, et peut-être qu'elle aurait voulu trouver une façon de m'épargner ça. D'ailleurs quand je lui ai révélé mon IVG elle m'a dit "pourquoi tu ne m'en as pas parlé ? Et pourquoi tu as fait ce choix-là ? On aurait pu trouver une solution, on aurait pu t'aider..." ça a été dur à entendre, parce que comme toi sur le coup je me suis dit que l'IVG était la seule issue, le seul choix que j'avais. Et là j'ai vu que j'avais quand même eu un autre choix possible. J'ai eu l'impression que les arguments contre la grossesse, ce n'étaient que des "fausses excuses", je me suis beaucoup détestée, me disant "je suis et serai une horrible mère, j'ai même pas été capable d'avoir le courage de mener cette grossesse à terme, pour ce bébé, j'aurais dû avoir cette force". Et puis, ça a mis du temps, pour ensuite me dire qu'au contraire, c'était la bonne décision à prendre pour moi, pour ce petit embryon. J'ai eu raison de le faire, la preuve, 6 mois plus tard je n'étais plus avec le géniteur. Il n'était pas le partenaire de vie qui me convenait, il n'était pas le parent avec qui je pouvais former une équipe pour élever au mieux mon enfant, et ça n'était pas du tout la situation qui pouvait rendre heureux un enfant né d'une grossesse non prévue. Si mon ex et moi avions été vraiment compatibles et faits pour être ensemble, et si on avait été tous les deux prêts à l'accueillir même si le timing était mauvais, la décision aurait été différente. Alors je ne dis pas du tout que si tu vas jusqu'au bout de cette IVG, ça voudrait dire que ton ex-amoureux et toi n'étiez pas compatibles, absolument pas. C'est que si tu vas jusqu'au bout, c'est que c'était la meilleure chose à faire, pour toi, pour lui, et pour vous deux, à cet instant précis. Quand au fait qu'il te pardonne... Encore une fois, si c'est le bon partenaire pour toi, il saura gérer ces émotions, s'il ressent la moindre colère ou amertume à ton égard. Je t'avoue que ça reste quelque chose d'assez obscur à mes yeux, la façon dont est vécue la possible paternité pour un homme (parce qu'on en parle très peu en vrai). J'ai envie de dire, n'hésite pas à lui parler et le faire parler aussi, sur tout ça. Plus vous serez honnêtes et mieux ça sera. Je pense qu'on pourrait tous comprendre que dans un sens, au fond de lui, il pourrait ressentir quelque chose qui pourrait être du ressentiment parce qu'il aurait déjà senti un lien avec ces cellules qui se divisent dans ton ventre, mais je pense aussi qu'il aurait tout à fait conscience qu'en tant que "spectateur", c'est plus facile à dire et à vivre pour lui, qu'il ne s'agit pas de son propre corps, et qu'il ne va pas lui-même faire l'IVG malgré ses envies contradictoires, donc qu'il aurait tout à fait conscience que ce ressentiment est totalement malvenu et n'est pas à prendre en compte. Ca n'en reste pas moins une émotion qu'il pourrait ressentir. Mais il aurait le choix d'agir ou non par rapport à cette émotion. Et aussi, de manière générale, ça me semble risqué d'agir sur une émotion négative.

C'est très beau ce que tu dis, sur le ciel. Je suis aussi passée par ces questionnements, et cette petite vie en formation, elle est partie où ? Cette âme qui aurait pu être, elle a disparu à jamais, dans un néant que je redoute plus que tout ? (je suis sujette aux angoisses liées à la mort) Ou au contraire elle est quelque part, en moi ou ailleurs ? Penser que j'avais, comme l'a dit sans délicatesse une connaissance, "foutu à la poubelle" un possible, ça a fait partie de ces choses qui m'ont un peu détruite. Tu es en pleine réflexion là dessus et tu verras bien ce qu'il en ressort. Et après tout, chacun arrive aux conclusions et aux croyances qu'il souhaite, ça va changer d'une personne à l'autre. Personnellement, j'ai fini par m'arrêter sur quelque chose. Au fond de moi, et c'est très personnel, j'espère que cette petite âme qui se formait attend juste son tour, sagement, et que j'aurai la possibilité de la rencontrer quand ce sera le moment. C'était juste un rendez-vous manqué. J'ai envie que ce soit ça. Mais je me dis aussi, que même s'il est possible que je me raconte des histoires, cette "vie" est bien là, elle existe. Elle est en moi, alors pas forcément ce que je préfère en moi, mais à travers mon caractère qui s'est profondément modifié. Cette colère et cette impulsivité que j'ai développées, c'est un peu cette "âme". Cette combativité qui s'est réveillée après avoir touché le fond, c'est encore elle. Elle est là, d'une certaine manière. Et ça me réconforte. Parfois c'est difficile, quand je suis dans le creux de la vague, toutes ces questions autour de cette existence et de la destination de celle-ci me hantent parfois. Heureusement ça passe, ça s'apaise. J'espère sincèrement, et vu ce que je lis, j'ai très peu de doutes à ce sujet, que dans 6 mois ce sera comme tu l'évoques ici : ça aura eu un sens, et à travers cette réussite, et cette évolution, tu auras su faire hommage. Quant à "nommer"... Tu verras comme tu le sens, comment ça se passe. Personnellement, ça s'est imposé sans que je puisse vraiment y faire face, et j'ai aussi longtemps lutté contre le fait de le nommer, mais quand j'ai arrêté de lutter et que j'ai accepté, ça m'a en quelques sortes apaisée. Ce qui ne veut pas dire que ce sera ton cas. Juste que de façon générale, il faut savoir lutter contre certaines choses, et parfois, savoir aussi accepter. C'est pas forcément battre en retraite, ou perdre la bataille. Souvent on se rend compte qu'arrêter de lutter, c'est une victoire, surtout lorsqu'il s'agit de luttes intérieures. Bon, j'extrapole certainement, et peut-être que ça n'a pas de sens pour toi, peut-être que si, ou peut-être que ça en aura plus tard.

Fumer, réflexe de gamine ? Je ne pense pas qu'il faille le raisonner comme ça, mais je comprends très bien ce sentiment et cette contradiction. J'ai voulu faire des fêtes où je devais boire comme un trou, et puis finalement, je touchais à peine à un verre. Et à côté, je m'éloignais de la fumée des gens avec une cigarette au bec, un peu comme un réflexe malvenu, et pourtant révélateur. A la fois je voulais pouvoir me dire que de toute façon c'est foutu vu que j'avais une mauvaise hygiène de vie et que je ne pouvais déjà pas rattraper ces soirées trop arrosées (celles de quand je n'avais pas encore consciente d'être enceinte), et à la fois je ressentais une certaine culpabilité à continuer de faire comme si de rien n'était, comme si dans un sens je manquais de respect, que ce n'était pas parce que c'était voué à ne plus être que je devais pas "le" prendre en compte dans ma façon de vivre. J'oscillais entre la "fatalité", essayant de ne pas y penser, et entre une certaine forme de logique de "profiter", au sens où j'avais aussi envie de chérir ces quelques instants où je n'étais plus toute seule. Je regarde parfois des photos de moi prises de cette période, et c'est à la fois avec un pincement au coeur et un certain réconfort que je me dis "c'était là, sur cette photo".

Si tu peux et si tu le souhaites, tu peux essayer d'accélérer le processus pour que ça se fasse mercredi. Ca reste une fois de plus ton choix, mais si tu sais que tu veux aller jusqu'au bout et que tu peux t'épargner deux jours d'attente, n'hésite pas. Je ne sais pas en quelle mesure ce sera possible, mais quoi qu'il arrive je te souhaite beaucoup de courage.

Encore une fois concernant l'ex-amoureux, si tu as ces questions en suspens, n'hésite pas à les lui poser, ne garde pas de non-dit, à la fois pour toi, mais aussi pour lui et pour vous. Franchement, je pense que c'est super important de pouvoir être transparent là dessus, parce que ça vous concerne tous les deux, je t'encourage vivement à faire en sorte de vous autoriser à être aussi honnêtes que possible l'un envers l'autre. Plus facile à dire qu'à faire, comme tout ce que je te raconte, mais vraiment essaie. De mon côté éviter ce genre de questions là, ça a fait qu'il y avait bien plus de rancoeur et de colère envers mon ex, et ça a pas mal pollué mon existence et mon processus de guérison.

Toutes tes réflexions sont très saines, continue à les partager ici ou à les écrire quelque part sur une page, physique ou non, mais même si tu as l'impression de ne pas avancer ou d'avoir oublié les conclusions de tes paragraphes précédents, chaque nouveau te permet, même si ça ne te semble pas le cas, d'y voir plus clair et d'approfondir la question. Quant à ce que te dit le garçon, il n'a pas tort, et si tu peux t'appuyer sur ses épaules, fais-le, écoute-toi et fais en sorte de prendre soin de toi, et si ça passe par avoir son soutien, n'hésite pas une seconde. C'est pas pour qu'il représente une béquille, ou qu'il soit une illusion que tu ailles mieux, à te lire de toute façon tu as l'air assez lucide pour éviter ça. C'est pour que, comme tu dis, tu puisses t'éviter de broyer du noir toute seule dans ton coin alors que tu as la possibilité d'avoir du soutien, un soutien auquel tu as le droit et que tu mérites.

Si à un quelconque moment, tu n'as plus envie de lire ce que je partage, si je vais trop loin, vraiment n'hésite pas à me dire, je ne voudrais pas causer plus de torts, j'en parle parce que j'essaie de me mettre à ta place et de me demander ce que j'aurais aimé qu'on partage avec moi, et ça reste très subjectif, peut-être que toi tu n'en as pas besoin ou envie. Mais quoi qu'il arrive tu as vraiment tout mon soutien.

Je te souhaite un week end aussi doux qu'il puisse être malgré les circonstances, quoi qu'il arrive tu n'es pas seule (en espérant que ça ne fasse pas creepy), il y a quelqu'un quelque part en France qui derrière son écran pense sincèrement beaucoup à toi et est en empathie totale avec la situation que tu vis (même si c'est un peu dérisoire).
 
Dernière édition :
13 Août 2010
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Besançon
@LilyOnMarch

J'ai lu ton message hier je crois, quand j'étais seule, et non vraiment tes messages sont un baume pour le coeur et un pansement pour l'âme. Le garçon est un garçon, il a pris soin de moi tout le week-end, mais il ne comprend plus cette torpeur: "pour moi c'est déjà fini, il est parti, je ne comprends pas pourquoi tu ressasses" "car moi je suis deux, en tout cas je ne suis pas seule". C'est bête.

Ce matin vers 9h30 appel manqué et message sur le répondeur, c'était la cabinet médical "on vous rappelle vos rdv de mardi et vendredi... merci de nous rappeler". Je sentais la haute trahison, la panique m'envahir, on ne pouvait pas m'annuler mes rdv c'était impossible. J'ai rappelé dans la foulée, l'attente a été interminable, puis j'ai entendu: "ah oui! il doit y avoir une erreur c'est pour ça qu'on vous a demandé de nous rappeler, vous avez 2 rdv cette semaine".
J'ai senti une rage intérieure immense, celle que je tais, l'envie de lui dire qu'elle était qu'une secrétaire et qu'elle n'avait pas à décider là tout de suite que mes 2 rdv étaient une erreur, que des motifs médicaux qui nécessitent 2 rdv il y en a des tonnes et que ce n'est clairement pas à elle que revient la décision de décider de si c'est fondé ou non. Et que combien même elle douterait des patients, peut être qu'elle pourrait faire confiance à la secrétaire de vendredi, merde. Mais je suis restée calme, j'ai ravalé ma colère et j'ai juste dit: "je sais et c'est normal, je viendrai aux 2, elles sont justifiées et nécessaires" j'ai entendu ce "ah? ... ah bon si vous le dites..." et j'ai juste répété: "c'est nécessaire. Je vous dis donc à tout à l'heure". Elle a douté et c'est son job, à 11h ils étaient au complet et submergés d'appel, je comprends qu'il fallait s'assurer que je vienne, mais par expérience je sais qu'on a des ratés dans nos prises en charge car des secrétaires disent à des patients perdus "il doit y avoir une erreur, je prends donc la liberté de procéder ainsi, vous comprenez c'est pas logique" et le médecin se retrouve dans la merde, le patient aussi, car quelqu'un a pensé bien faire et a interféré. C'est chiant et c'est pénible, on perd du temps pour rien, et on a qu'une envie c'est de dire "mais pourquoi t'as cru que toi tu savais?". Enfin je me permets le doute hein, mais je comprends pas pourquoi ces gens sont tellement sûrs d'eux qu'ils ne dégainent pas le téléphone en disant: "plutôt que de prendre une décision sur laquelle je n'ai peut être pas assez de recul, je me permets de vous déranger et de vous demander de me confirmer cette procédure inhabituelle". Tssss.

Bref, sur ce je suis allée au rdv. Elle est très bien et très gentille, elle ne porte aucun jugement et elle avait l'air de comprendre, c'est apaisant, de voir l'une des siennes (sous entendu elle est jeune, elle fait le métier que je ferai, et le concours que je passe elle l'a passée) comprendre. Ça ne pardonne rien, mais ça apaise.
Je lui ai dit "j'ai fait l'écho, j'avais qu'une ordo" et finalement heureusement, sur la prise de sang même à un terme aussi petit il faut le bilan de coag, les beta, et le groupe sanguin. Me prescrire un groupe sanguin sur une ordo de l'hôpital c'était un coup à ce que le groupe sanguin arrive direct dans le service, parce qu'une secrétaire n'aurait pas lu ou annulé mon annotation sur le bas de l'ordonnance "merci de ne pas nous communiquer les résultats". Ouf.
Il y a 5 ans on m'a fait un bilan sanguin, et je me souviens avoir dit au labo: "vous ne pouvez pas chercker mon groupe sanguin en même temps? je suis curieuse" et elle "sans ordo on peut oui, mais ça fait 50 euros (ou je ne sais plus quel chiffre), c'est un peu cher la curiosité. On ne le fait que sur ordo, si intervention chirurgicale ou grossesse". Je me souviens avoir ri "ça va aller, je vais vivre sans je crois!" en me disant que vu que j'avais ni l'intention de me faire opérer ni l'intention de tomber enceinte, c'était pas demain la veille que le suspens serait levé.
Elle m'a prescrit le groupe sanguin, "c'est médico légal je peux pas faire autrement, vous le savez". J'avais oublié, si ça tombe au concours, quelque que soit le terme, je le saurai... au labo elles m'ont piquée, "vous êtes enceinte?" "oui" "date des dernières règles?" "je ne sais pas, mettez mi mars si vous devez absolument écrire qqch" "vous avez eu d'autres grossesses? ivg peut être?" "non" et je sentais tout se serrer dans ma gorge.
J'étais la demoiselle sans antécédent sans carte de groupe sanguin, G0P0. C'était ma carte d'identité, ma carte médicale. Quand je révise les problèmes de fertilité, je sais, j'y pense toujours "demander si grossesse antérieure, même avec un autre compagnon et quelque soit l'issue, c'est important, on sait que madame est féconde, a priori c'est moins inquiétant".
Bientôt il faudra refaire les cas cliniques de gynéco obstétrique, et tout change. Je suis une demoiselle avec une ivg médicamenteuse à son actif, de groupe sanguin connu, G1P0. C'est la nouvelle carte, et si consultation de troubles de la fertilité j'avais, je passe d'office à "féconde, on n'est pas inquiet". Si ça m'arrivait je ne serai pas inquiète, mais ce rassurement aurait le poids des regrets.

Bref tout est piqué. Elle a dit: "par contre je suis désolée, je suis pas là demain et j'ai déjà plus de place sur le planning de la semaine, alors..." et moi "non c'est bon, avec la secrétaire on avait déjà calé un rdv pour vendredi". Elle a souri, et comme en écho à l'appel de la secrétaire le matin, "vous avez bien fait. Du coup je vous donne tout vendredi, vous savez comment ça marche, le risque d'hémorragie est rare mais il existe, pour vous ça sera dimanche du coup, je vous laisserai mon numéro de portable au cas où". Elle doit y être obligée en cas d'ivg le vendredi, mais c'est bien, c'est rassurant. Et même si je savais déjà, fallait demander, vérifier ce que disent mes bouquins: "et pour l'avenir, y'aura pas de conséquence? ça posera pas de problème pour une grossesse ultérieure hein?" et elle "non, c'est bcp trop tôt pour avoir un quelconque impact. Dimanche si vous le voyez ça sera un oeuf, on provoque une fausse couche, un petit oeuf clair gélatineux, y'aura aucune séquelle". Et pfff, même si je le savais déjà, c'était bon de l'entendre. Pas de séquelles, pas d'opération, un oeuf gélatineux qui ressemble à rien, comme un bonbon... Je ne suis pas seule mais je ne suis pas deux, ça survivra comme un souvenir, comme un regret, comme un morceau de mon âme. Ça n'a pas de conscience, ça ne sait pas, ça ne souffre pas, ça ne souffrira pas. Je souffrirai seule, et c'est mieux ainsi. Et ça survivra quand même, parce que ça m'aura rendue adulte, parce que moi qui ne rêvait que d'un chien et d'être docteur, je sais qu'il y a désormais autre chose. Je sais que je veux être deux à nouveau, cet oeuf n'ira pas plus loin, mais il aura eu son impact: je veux être maman, moi qui n'aie jamais eu envie de l'être.
Et si c'est une fille, je lui dirai: "c'est pas un crime, c'est pas la fin du monde, c'est pas facile quoiqu'on décide quand on ne l'a pas voulu et que ça nous tombe dessus, mais si ça t'arrive, viens me le dire. Tu feras ce que tu veux, mais ne le fais pas seule". Et ce que j'aurai vécu, elle le vivra pas, ou mieux. Fut un temps j'aurai pu le dire à ma maman, elle aurait trouvé une solution. Aujourd'hui je ne suis pas sûre... "tes études d'abord". Et je crois qu'elle aurait raison, je suis célibataire , je ne sais pas ce que l'avenir me réserve, j'ai désormais un nouveau but dans ma vie, et je pense qu'il est temps de s'y remettre.
4j pour convaincre l'oeuf que j'ai des révisions, que c'est mieux pour tout le monde et surtout pour lui, que j'en garderai une leçon de vie immense et que je n'oublierai jamais, que la carte de groupe sanguin ne sera pas juste une carte de groupe sanguin mais un bout de lui, et que pour être au clair avec moi-même et avec lui, il est temps de me remettre au boulot. C'est de loin ce que j'ai de mieux à lui donner, ce qui a le plus de sens. Bien plus de sens que mes larmes qui en définitive ne servent à rien.
Et je vais me remettre à courir, me remettre à aller faire des longueurs à la piscine. C'est plus constructif que mes larmes, ça défoulera mon corps quand ma tête n'arrêtera pas de cogiter.
Et pour le concours je vais me battre. On fera comme si on n'avait pas perdu 5j à ne pas réviser, et si on m'interroge sur l'ivg au concours, alors que je crois que je lèverai les yeux au ciel, et que j'y trouverai une réponse: ça sera parti au ciel, ça sera comme un tout petit bout de moi au paradis, au milieu de l'épreuve ça semblera dire "je te pardonne, ça valait le coup du sacrifice, je ne t'en veux pas, tu t'en sortiras, et je veillerai sur toi, comme les autres petits êtres auxquels tu tiens tant". Et d'un seul coup, la gorge nouée et les yeux humides, j'espère. Et si tu finis la-haut sois en sûr, tu seras bien entouré, mieux que je ne l'aurai fait. Y'a des chouettes boules de poil, une toute petite que j'ai bcp aimée et à qui je n'ai toujours pas fini de demander pardon, mais j'étais petite et je ne savais pas, des un peu plus grosses toutes douces et joueuses dont une avec qui tu pourras peut être faire les plus belles parties de cache cache du monde, et un petit pépère frisé qui m'a créé ce monde quand j'étais pas assez forte pour affronter son départ. Si t'y vas, et j'espère profondément que tu y iras, je t'autorise à y devenir une sorte de fée clochette, ou une sorte de Peter Pan, t'auras même le droit de voler. Deviens-y ce que tu y souhaites, puisque je n'ai rien à te proposer, alors prends la liberté de devenir ce que tu veux, de changer autant de fois que tu le souhaites, viens me voir, fais en sorte que je te reconnaisse, dans cette vie ou quand ça sera mon tour de m'en aller, peut-être qu'on redeviendra 2 pour toujours, que c'était écrit que jamais ça ne pouvait être différent. Y'aura peut-être des voies 9 3/4 à prendre, des dragons pour faire le tour du monde. Voyage, crée, invente. J'ai sacrifié ma jeunesse à étudier, la tête plongée dans des bouquins trop gros et trop lourds, ça fait bien longtemps que je ne suis pas partie en voyage, que je me suis mise dans cette prison, et je vais la prolonger vendredi en prenant ces médicaments. Profite, je t'impose rien, aucune loi ne t'imposera jamais rien, aucune connaissance, aucune conscience, aucune petite voix pour te dire "ce n'est pas raisonnable". T'as une liberté infinie, celle que je n'aurai jamais pu t'offrir, et le seul à qui je l'offrirai. De ta malédiction, j'espère te faire un don.
Tu as ce magnifique film qui dit que pour changer les choses, il suffit de les croire différentes. Sur cette terre, je l'ai découvert à mes dépens, c'est difficile de l'appliquer, et actuellement tu en fais les frais. J'ai essayé d'imaginer une autre issue, mais elle n'est pas "raisonnable", les conséquences seraient terribles si ne serait-ce qu'une partie de ce plan fragile s'effondrait. Et je crois qu'elle s'effondrerait en vérité, alors à quoi bon prendre le risque et en payer les conséquences? Tu serais le premier à en faire les frais, et tu le découvrirais trop tard. Dans mon Neverland à moi, tu peux faire ce que tu veux. Je te donne les clefs, mon enfance , mon innocence, mes rêves, et grâce à toi j'affronterai la vie en adulte désormais, je soignerai les gens en adulte, et je deviendrai maman quand je serai une adulte avec les moyens, et quand même si papa s'en va je sais que je pourrais gérer seule. Je te garderai dans mon coeur, dans mon portefeuille sous la forme d'une pauvre carte de groupe sanguin, dans mon espèce de carte d'identité médicale, dans ce G1P0 dont tu ne t'effaceras jamais et qui me suivra jusque dans ma vieillesse, et dans les images qu'a gardé le médecin mais qui m'ont fait revenir en courant tout à l'heure à son bureau: "et les images, je peux les garder? vous pouvez me les rendre?" et après avoir soufflé à son interlocuteur de patienter 2 secondes "ah. Ben je vous les rends vendredi alors, si vous voulez les garder, y'a aucun soucis".

Je te fais partir mais j'assume. Je regretterai toujours mais je vais faire face. Et si au début j'hésitais, ces images où tu n'es rien d'autre qu'un petit oeuf clair tout gélatineux, je les garde. Tu es libre d'éclore en ce que tu veux, mais pas dans ce monde-ci en tant qu'humain, c'est bien trop banal.

(Avec ma bonne connaissance du monde médical en vrai je panique là, je n'aurai jamais du laisser cette écho, c'est un coup à ce que ce soit scanné et jeté sans réaliser que je vais en être malade. Je n'ai qu'un espoir en vérité: je n'ai rien signé, et je pense que médico légalement, il va falloir que je signe qqch, ou bien qu'elle remplisse un vrai papier, celui qu'elle a mis en attente pour vendredi avec la pochette bleue et mon écho. Peut être qu'elle va garder mon dossier papier d'ici là sans passer par le scanner, que rien n'ira à la poubelle. Et puis peut-être que je m'inquiète pour rien, que des ivg elle en a vu passer bien d'autres, et qu'elle sait que pour une nullipare, il ne faut rien brusquer. Ne rien jeter, au cas où elle voudrait le garder comme un souvenir, comme un bouclier, comme un rappel...
et puis même, je suis stupide. Sans doute ne peut-elle pas prendre le risque de le scanner et que ça file à la poubelle: si finalement je décidais de le garder, ça serait difficile de me dire que l'écho est allée à la poubelle j'imagine. Je m'inquiète pour rien.
Vendredi viendra vite, je vais récupérer mon écho comme elle l'a dit et les médicaments poisons, ça va bien se passer, et je vais en faire un ticket pour le pays imaginaire, celui dont on ne revient pas).

Elle a dit "dans le forfait il y a aussi la consultation de contrôle, c'est pas obligatoire mais vivement conseillé, et..." et moi la coupant "j'accepte, je viendrai y'a aucun problème. Si je fais tout ça, autant aller au bout et que ce soit pas vain". 2% de risque que ça ne marche pas... ça serait horrible.

J'ai quand même cogité l'air de rien, en dehors de ma jolie histoire comme quoi pour que les choses soient différentes, il suffisait de les croire différentes.
Je connais la médecine, j'ai eu des a priori pendant toutes mes études, des certitudes sur ce que moi je ferai, et je les croyais inébranlables, faciles. Je n'ai jamais ô grand jamais mesuré la menace du temps qui passe , du crocodile tic-tac s'il faut continuer dans les métaphores de ce monde imaginaire dans lequel finalement, je trouve encore refuge. En étudiant mes cours, j'avais cette certitude que si on m'annonçait une maladie grave, la trisomie 21 par exemple, en me laissant le choix de l'img ou de le garder, je choisirai l'img. C'était clair, net, facile. Je ne suis pas assez forte pour vivre ça, et si on me donne les moyens de ne pas le vivre, je remercie le ciel que ça soit possible. Si un jour ça m'arrive, ma décision serait celle-ci également, mais avec combien de mal, combien de remords, combien de chagrin.
C'est comme une fausse couche précoce, c'est tellement précoce que je me disais "c'est rien" et je ne comprenais pas la douleur de perdre quelque chose qui n'est qu'un oeuf, qui n'était rien à mes yeux, qui n'était qu'une hypothèse de vie.

J'avorte, mais je pourrais vivre tellement pire. Le garder et savoir qu'il est pas comme les autres, décider de le garder et finalement le perdre.
Je demeure triste, mais il y a pire. C'est un oeuf, "rien que" pour le moment, et ça pourrait être tellement plus, tellement pire.
Je demeure triste, j'ai l'impression que vendredi je perdrai un petit peu de mon âme, mais dans son pays imaginaire il pourra se vanter de ça si ça l'amuse, si ça doit être sa fierté: je suis plus humaine qu'il y a 2j, et je serai grâce à lui un meilleur médecin. Si une femme arrive en pleurs dans mon cabinet en parlant de fausse couche et de "et si je retombe pas enceinte?", je comprendrai sa douleur. Et je saurai que non, c'était pas juste un oeuf clair gélatineux, mais c'était ce qu'elle avait décidé d'en faire: un espoir, un désir de maternité, un désir de donner un frère ou un soeur, un désir de créer la vie avec l'homme qu'elle aime, un signe du destin. Et pas "rien qu'un oeuf".

J'ai appris beaucoup en peu de temps et en pleurant.
Tu avais sans doute raison: il fallait que je prenne ce temps pour moi. C'est trop tôt pour dire ça va, mais je crois que tu as raison, ça va aller, je trouverai la paix. Un autre oeuf reviendra, il est temps de laisser la vie refaire son oeuvre et de redistribuer les cartes, peut être que la route du garçon ne quittera plus jamais la mienne, et peut être que sans crier gare elles prendront des chemins différents pacifiquement. Temps de finir ce pourquoi j'ai travaillé si dur, et faire en sorte que ça serve à un autre/une autre que moi, avec cet autre qui sortira de mon ventre. Pour le moment ça ne servait à personne, et c'est mieux ainsi.

Je continue de remplir mon Ailleurs, ce petit bout de paradis où il n'y a que de l'amour, ce petit bout de ciel qui me rassure et qui m'apaise. Je le laisse aller là où l'existence est toute douce, et je garde pour ma part les doutes, le chagrin, la culpabilité, ce qui est propre à l'existence terrestre finalement. Il aura mieux lui.
Et la prochaine fois sera la bonne. J'aurai un chien, et ensuite un bébé. Et alors ça sera comme j'ai vécu: quand il naîtra, il aura déjà un grand frère à 4 pattes et avec des poils. Je vais faire les choses dans l'ordre. Et je serai plus apte à faire face à son chagrin, ses doutes, ses pleurs. Pour l'heure non, j'en étais pas capable, je ne suis même pas apte à porter les miens sans les emmitoufler, les déguiser, en faire quelque chose de joli.
Peut-être que je deviendrai comme le James Barrie du film, quelqu'un que je trouve profondément inspirant et apaisant, dont j'aime la poésie. Peut être que je deviendrai aussi, comme lui je trouve parfois, de ceux qu'on a envie de secouer en disant "mais si c'est grave, tu ne peux pas dire tiens je vais y mettre des broderies des paillettes et un peu de magie pour que ça soit plus doux, c'est grave et il y en a marre que tu fasses semblant!". Je comprends et je le conçois, mais je crois que moi j'ai vécu 26 ans en faisant ainsi, et que aujourd'hui, j'accepte définitivement la décision la plus dure de ma vie en procédant ainsi. C'est enfantin mais ça m'aide, ça me sauve, c'est bête mais c'est comme ça.

Peut-être que j'ai eu tord plus haut, quand j'ai écrit "je te donne les clefs mon innocence et mon enfance". Je l'envoie ailleurs mais je pense garder mon enfance, je suis pas encore assez forte pour vivre sans, et je pense que je ne le serai jamais assez finalement. Qu'à 70 ans, je verrai encore la mort de la même façon, et que de mes chagrins, je continuerai à les envoyer peupler mon monde mortuaire imaginaire et paradoxalement plein de vie.
Mouais, je la multiplie mon enfance, je t'en donne une copie, fais en milles aventures, et je garde ma copie à moi, et comme ça je pourrais continuer à t'envoyer mes chagrins colorés pour t'en faire un peu de compagnie. Je vais être une interne adulte, une médecin adulte, une maman adulte, mais je garde en moi la partie un peu lutin enfantin, c'est plus facile, je suis plus forte quand je la garde à mes côtés.


Je repasserai dimanche je pense, ou vendredi, et puis après il sera temps de tourner la page, ou de redevenir après le concours, pour dresser le mini bilan.
En tout cas merci infiniment pour ton temps, ton partage, tes confidences, c'était un sacré réconfort de lire que non, je n'étais pas seule à me poser des questions pour une clope de plus de moins, à avoir cette sorte de respect inexplicable, cette inquiétude de ce qui se fait ou ne se fait pas. Que je suis triste mais que ça passera, qu'un jour c'est peut-être moi qui rassurerais quelqu'un d'autre, que non, je n'ai pas mal agi, et que je ne suis pas la seule à m'être posée un milliard de questions. Je me souviendrai de ton pseudo, et je pense que même dans quelques années en y repensant je me rappelerai le garçon, et la présence d'une amie quelque part en France avec le pseudo de Lily On Mars.
Merci infiniment, du fond du coeur, et j'attends vraiment de voir ton court-métrage.
 
26 Novembre 2013
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Lyon
@Crépuscule

Ca m'a toute émue et retournée de te lire (pas dans le mauvais sens du terme), si j'ai pu un petit peu apaiser quelque chose, j'en suis vraiment heureuse. Ca ne représente pas grand chose au regard du chemin que tu vas avoir à parcourir pour pouvoir réellement s'en remettre, mais de tout ce que je lis tu as l'air d'être sur la bonne voie, je ne me fais pas de souci. Tu analyses avec une lucidité extraordinaire, et ce même si j'imagine que tu as plutôt l'impression d'être dans un épais brouillard, il m'a fallu beaucoup beaucoup plus de temps avant de réussir à mettre des mots sur tout ça.

J'ai beaucoup envié le détachement et le pragmatisme de mon copain de l'époque... tout en le détestant pour ne pas réussir à se mettre à ma place. J'ai fini par m'adoucir (bien plus tard) en me rendant compte que je lui demandais quelque chose de très difficile, il était spectateur de ça, tout en étant impliqué, je pense que ça doit être vraiment particulier, un peu comme ces futurs pères qui n'arrivent pas à s'investir dans la grossesse... J'essaie toujours de comprendre parce que forcément ça me dépasse un peu.

Tu m'apprends beaucoup de choses, sur l'aspect médical, ces subtilités qui m'échappent, tu as vraiment bien fait de prendre les devants, et de ne pas laisser de chance au hasard, ou de place au doute. Mine de rien ça montre que tu as un certain contrôle de la situation, même si tu n'en as pas l'impression peut-être, mais ta force et ta volonté me rendent admirative, c'est peut-être idiot à dire et ça te fait une belle jambe dans un moment comme celui-là... Et même si les larmes peuvent sembler vaines, elles ont leur utilité, si tu peux rapidement te remettre aux révisions, et qu'elles peuvent constituer pour toi une distraction, c'est tant mieux, mais lâcher la pression, ouvrir les vannes, ça fait du bien quand même, même si pas à court terme peut-être. Dans tous les cas c'est mieux de tout laisser sortir plutôt que de contenir et d'exploser, ça peut faire de gros dégâts.


Je ne vais pas être plus loquace que ça cette fois-ci, juste merci d'avoir partagé autant de choses, même s'il y a la douleur et les instants très difficiles, tu parles de cet ailleurs et de ce Neverland à toi, c'est beau en plus d'avoir un effet un peu cathartique. Je ne vais pas te mentir, parfois ça reste pas évident d'éloigner le spectre de la culpabilité, parfois la douleur de l'absence peut revenir sans trop crier gare même si de façon fugace, encore aujourd'hui. Et ce que tu écris là fait du bien à cette âme morcelée (perdre un petit bout d'âme, c'est exactement comme ça que je l'ai vécu), alors merci de livrer tout ça sans détour. Reviens par ici quand tu veux, lorsque tu en ressens le besoin, l'envie, tu peux aussi directement m'envoyer un MP si tu le souhaites, et je te tiendrai au courant sans faute pour le court métrage en question.

Courage et plein de pensées.
 
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Réactions : Lenehän et Mû.
13 Août 2010
1 012
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Besançon
@LilyOnMarch

(Jour J)

Une force et une volonté? Je ris. Elles ne me semblent pas évidentes alors! J'ai encore écrit ces dernières 24h, essayer d'entendre autre chose dans cette cacophonie, dans ces sentiments divers variés mitigés. L'oeuf est calme, il sait que désormais il a battu la bataille, je pensais que les dernières heures seraient les pires... elles sont étrangement calmes. J'aime à croire qu'il est prêt, qu'il a accepté... ou j'espère.
H-3. Je viens de lire que Nolwenn Leroy était enceinte et bien heureuse, elle a 34 ans, d'après l'interview, ça n'a pas été la croix et la bannière pour y parvenir. Je respire., j'essaye. J'ai encore le temps, elle a 8 ans de plus que moi, je suis large encore... ce n'était pas le moment, pas aujourd'hui, pas cette année. Il n'y a rien d'autres à dire.

J'ai écrit tout ça hier et ce matin, je le poste maintenant car dans 4h ça aura moins de sens. Je repasserai plus tard, récupérer tout ce que j'ai pu écrire ici, le conserver jusqu'à ma libération scolaire, puis j'imprimerai tout. Dans le cahier des souvenirs, des maux, celui qui a 10 ans cette année je crois bien, tout cela y aura une place de choix, et je les garderai toujours. C'est important de ne pas oublier, et c'est une façon d'avancer.

(........ parti! ....)

J'irai en tremblant, la gorge nouée de ne pas avoir réussi à faire autrement, de ne pas en avoir eu le courage, mais j'irai avec deux certitudes: j'ai fait le bon choix, et j'ai de la chance d'avoir pu faire mon choix sans y risquer ma vie. Il y a quelques années, c'était fait clandestinement, par des médecins qui risquaient leur carrière, ou par des charlatans avec des rayons de roue de bicyclette. Les larmes ont du sens à titre personnel, mais à titre collectif pas tant que ça: des femmes y ont perdu la vie à l'époque, ou leur fécondité. Ça ne m'arrivera pas, et rien que pour ça, il faudrait garder la tête haute, y aller en tremblant mais pas trop quand même. J'ai de la chance de vivre en 2017, et à l'heure où les convictions de Trump posent question de l'autre côté de l'océan, il serait correct d'en avoir conscience et de me battre pour que jamais les rayons de roue de vélo ne reviennent.
Sur ces bonnes paroles hein...

(...)

EDIT: sereine et en tremblant quand même. Let's go, ta plus grande aventure, ma plus grande décision.
 
Dernière édition :
13 Août 2010
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Besançon
*parti, je ne voudrais point être reconnue, je vais éditer la plupart de mes posts, pas entièrement sauf le dernier qui était bien futile mais je voulais le garder pour ensuite l'imprimer, c'était le meilleur moyen... tout est imprimé désormais, 20 pages quand même, c'est de loin ce qui m'aura fait le plus écrire dans ma vie... à ça je mesure l'importance de l'évènement, et son retentissement futur*

Je ne voudrais pas être reconnue.
A toutes celles qui remettront les posts dans un élan de panique et de désarroi, je reste complètement joignable par mp, aujourd'hui, dans 3 mois, dans 1 an... questions bêtes et questions importantes, si je peux répondre je le ferai.
Ne restez pas seules, parlez écrivez, pesez les pour et les contre, acceptez que ça prenne 1 semaine, 10j, peut-être plus. Cela n'est d'aucun repos pour l'esprit, mais je crois que avec le temps, on est heureux d'avoir pu réfléchir. J'espère, pour ma part, que je le serai.

Il est dans mon bidou encore, mais il est très probablement mort. Il m'a laissée seule avec un travail à déclencher, un oeuf à expulser. Je repasserai quand ça sera fini...
Mais depuis ce matin j'ai ce calme, cette solitude étrange. Ma tête lui a inventé une conscience, un amour pour moi déjà, une demande de le garder. Ma tête, le dernier jour, a fini par se convaincre qu'il était prêt à décoller. J'ai pris le médicament et je n'en pouvais plus, je manquais d'air, je voulais vomir, je sentais mes entrailles se tordre, j'avais promis qu'il souffrirait pas, et moi je souffrais de ton mon être, de tout mon coeur, de toute ma conscience. Au matin j'avais ce vide... ou je me le suis inventée.
Il est parti. Je suis allée à la pharmacie et j'ai pris mes cachets, j'y suis allée seule, pour la première fois depuis 1 semaine.

Je redoute la prise de sang dans 3 semaines.
Il y a 4 jours j'entendais "êtes vous enceinte?" "oui" "c,'est un bilan de grossesse?" "...oui". Si on veut. Un bilan de grossesse est bien plus complet, mais t'y connais rien, et j'ai pas envie de te raconter ma vie, tu me saoules avec tes questions dont t'as pas besoin des réponses en fait. Je pouvais pas répondre ça, c'était pas poli.

Dans 3 semaines j'entendrai "vous êtes enceinte?" et je sais que ça franchira mes lèvres cette fois "quelle importance? Pour piquer des beta, vous n'avez pas besoin de savoir". Il serait de bon ton de savoir taire sa curiosité.


Bref, j'ai tout imprimé.
Je vais en profiter pour imprimer le concours blanc aussi, comme ça j'aurai imprimé tout ce que je devais imprimer.
L'émotion et le travail... tu vois, où que tu sois petit oeuf, je tiens parole: je vais me battre & réviser. Pour moi, pour toi, pour regretter moins, pour que tout ça aie du sens.
Elle a dit qu'il faudrait qu'elle me fasse l'examen gynéco dans 3 semaines, pour vérifier que mon col se soit refermé.
J'ai tellement promis de me battre que j'ai poussé le vice jusqu'à dire "ça vous ennuierait bcp de faire un frottis en même temps? Je l'ai jamais fait, mais si votre examen est indispensable, on peut peut-être le rentabiliser un max?".
Voilà... je pourrais faire la morale à mes patientes sereine désormais, je m'y serai finalement pliée. ça serait con que ça revienne anormal, il était temps que je le fasse.
 
Dernière édition :
26 Novembre 2013
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Lyon
@Crépuscule Je n'avais pas répondu à tes derniers posts parce que j'avais le sentiment qu'il n'y avait pas grand chose à y répondre, beaucoup de cheminement intérieur et une façon bien à toi, spirituelle et poétique, de voir tout ça, cohabitant avec un aspect très pragmatique. Je voulais savoir où tu en étais, comment ça allait, et renouveler mon soutien. J'ai beaucoup pensé à toi, j'espère que ces ondes de sympathie ont pu un petit peu t'atteindre. Et quoi qu'il en soit, j'espère que tu as pu prendre soin de toi, au milieu de tout ça.

(si tu souhaites que j'édite des choses dans mes posts précédents, qui concernent ta situation, pour ne pas être reconnue, n'hésite pas à me dire)
 
29 Août 2013
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Lyon
@Destiel Mok´ Dans l'éventualité ou tu garderais cet enfant, il faudrait retirer ton stérilet non ? Médicalement, ça n'entrainerait pas un risque ? Je demande parce que tu n'évoques pas ce point et que ta santé, c'est important quand même dans ce "débat intérieur" !
Prends soin de toi :fleur:
 
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Réactions : Destiel Mok´

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