@Crépuscule C'est normal de ne pas parvenir à être objective, il s'agit de toi, de ta vie, de ton corps, c'est facile pour moi ou pour @Mû. de regarder les choses sous un angle plus pragmatique. Je t'avoue que si ça m'arrivait à nouveau, j'ignore comment je réagirais, mais je sais que ce serait très difficile, je fais donc tout pour ne pas avoir à faire face à ce choix une fois de plus.
Même si 8 jours c'est pas "beaucoup", c'est déjà de trop quand une conscience "maternelle" si j'ose dire s'est déjà réveillée. Je réitère du coup : prends soin de toi, entoure-toi, fais-toi plaisir (même si ça semble dérisoire), écoute-toi un maximum, parce que ça ne sera pas évident d'attendre vendredi.
Peut-être que cet épisode de vie pour tous les deux aura un impact sur lui, peut-être pas, j'ai envie de dire que c'est d'autant plus difficile pour toi qu'il semble avoir envie de paternité, en tout cas il est certain que cette grossesse non prévue va redistribuer certaines cartes. Je souhaite que ça soit dans le positif autant que possible. Je ne suis pas croyante, je suis assez cartésienne dans ma façon de voir les choses, pourtant j'ai souvent eu l'impression que lorsque des choses comme ça arrivent, même si ce n'est que quelques temps plus tard, on se rend compte que ça arrive "pour une raison". Pour ma part, ça m'a certainement évité de continuer avec quelqu'un qui ne me convenait pas et à qui je ne convenais pas. On s'aimait mais c'était pas assez, nos envies et nos modes de vie n'étaient pas compatibles, on voulait sincèrement le meilleur l'un pour l'autre, mais on n'était pas capable de se l'apporter mutuellement. Je n'irais pas jusqu'à dire "heureusement que c'est arrivé", sincèrement si je pouvais revenir en arrière, je ferais en sorte de ne pas tomber enceinte, mais ça m'a forcé à reprendre ma vie en mains, à remettre en question l'existence que j'avais prévue (j'étais tellement persuadée que j'allais finir ma vie avec mon ex), et à me dire qu'au fond, l'important, c'est d'être heureux, et de travailler à ça au plus tôt. Si ça n'était pas arrivé, je pense qu'on serait resté ensemble encore longtemps, trop longtemps, qu'on aurait fini par s'enliser dans une relation qui ne nous convenait déjà plus, et peut-être que ça se serait révélé trop tard. Si ça n'était pas arrivé, peut-être que je ne serais pas actuellement avec l'homme merveilleux avec qui je partage ma vie, avec qui l'existence est douce, simple, pleine d'amour. Donc il est bien possible que ça fasse beaucoup cogiter ton ex-amoureux, après j'ai envie de te dire de te protéger et de ne pas te faire de faux espoirs, tu pourras voir dans un futur un peu plus éloigné ce qu'il en est pour lui, mais là dessus tu n'as aucune prise, il vaut vraiment mieux que tu te concentres sur toi-même.
C'est simple pour moi de te dire tout ça, après je ne vais pas te mentir : j'ai pas mal oscillé entre "je ne regrette rien" et "je le regretterai toute ma vie". Je pense que ça touche à quelque chose de très intime et viscéral, et qu'il faut un certain temps pour faire le "process" de ces sensations, émotions qui nous bouffent et nous envahissent. J'ai commencé à faire un peu la paix avec moi-même quand j'ai accepté que pour une partie de moi, il s'agit de quelque chose qui me laissera malgré tout un regret à vie. En faire le constat, y faire face, c'est bien, mais se dire qu'il faut avancer malgré tout et l'accepter, ça aide beaucoup. Mais il faut quand même le temps. Des journées à pleurer, à se traîner, à errer comme une ombre, à avoir en boucle dans la tête "je regrette je regrette je m'en veux je n'arriverai jamais à m'en remettre", ça a pris du temps. Il faut que tu prennes ce temps là. Pleure, hurle, reste dans ton lit, appelle ton ex-amoureux pour lui en parler, appelle une amie, quelqu'un de confiance, écris ici tout ce qui te passe par la tête, mais laisse tout sortir, autant que possible. Et à un moment le flou se dissipera, et tu pourras avancer, en tout cas je te le souhaite vraiment.
C'est très vrai ce que tu dis sur le fait que si tu veux être mère, tu n'as besoin de l'aval de personne. C'est vrai que ce serait réconfortant et rassurant de se raccrocher à l'avis de quelqu'un d'autre, j'ai parlé de mon IVG à ma mère deux mois plus tard, parce que d'une part je ne voulais pas l'inquiéter, d'autre part parce que je savais qu'elle aurait pu m'influencer. Elle n'est pas anti-choix ni rien, mais je pense que face à ma détresse, et aussi par rapport à sa propre vision de la maternité (elle est très maman poule), elle aurait très bien compris le déchirement que ça représentait, et peut-être qu'elle aurait voulu trouver une façon de m'épargner ça. D'ailleurs quand je lui ai révélé mon IVG elle m'a dit "pourquoi tu ne m'en as pas parlé ? Et pourquoi tu as fait ce choix-là ? On aurait pu trouver une solution, on aurait pu t'aider..." ça a été dur à entendre, parce que comme toi sur le coup je me suis dit que l'IVG était la seule issue, le seul choix que j'avais. Et là j'ai vu que j'avais quand même eu un autre choix possible. J'ai eu l'impression que les arguments contre la grossesse, ce n'étaient que des "fausses excuses", je me suis beaucoup détestée, me disant "je suis et serai une horrible mère, j'ai même pas été capable d'avoir le courage de mener cette grossesse à terme, pour ce bébé, j'aurais dû avoir cette force". Et puis, ça a mis du temps, pour ensuite me dire qu'au contraire, c'était la bonne décision à prendre pour moi, pour ce petit embryon. J'ai eu raison de le faire, la preuve, 6 mois plus tard je n'étais plus avec le géniteur. Il n'était pas le partenaire de vie qui me convenait, il n'était pas le parent avec qui je pouvais former une équipe pour élever au mieux mon enfant, et ça n'était pas du tout la situation qui pouvait rendre heureux un enfant né d'une grossesse non prévue. Si mon ex et moi avions été vraiment compatibles et faits pour être ensemble, et si on avait été tous les deux prêts à l'accueillir même si le timing était mauvais, la décision aurait été différente. Alors je ne dis pas du tout que si tu vas jusqu'au bout de cette IVG, ça voudrait dire que ton ex-amoureux et toi n'étiez pas compatibles, absolument pas. C'est que si tu vas jusqu'au bout, c'est que c'était la meilleure chose à faire, pour toi, pour lui, et pour vous deux, à cet instant précis. Quand au fait qu'il te pardonne... Encore une fois, si c'est le bon partenaire pour toi, il saura gérer ces émotions, s'il ressent la moindre colère ou amertume à ton égard. Je t'avoue que ça reste quelque chose d'assez obscur à mes yeux, la façon dont est vécue la possible paternité pour un homme (parce qu'on en parle très peu en vrai). J'ai envie de dire, n'hésite pas à lui parler et le faire parler aussi, sur tout ça. Plus vous serez honnêtes et mieux ça sera. Je pense qu'on pourrait tous comprendre que dans un sens, au fond de lui, il pourrait ressentir quelque chose qui pourrait être du ressentiment parce qu'il aurait déjà senti un lien avec ces cellules qui se divisent dans ton ventre, mais je pense aussi qu'il aurait tout à fait conscience qu'en tant que "spectateur", c'est plus facile à dire et à vivre pour lui, qu'il ne s'agit pas de son propre corps, et qu'il ne va pas lui-même faire l'IVG malgré ses envies contradictoires, donc qu'il aurait tout à fait conscience que ce ressentiment est totalement malvenu et n'est pas à prendre en compte. Ca n'en reste pas moins une émotion qu'il pourrait ressentir. Mais il aurait le choix d'agir ou non par rapport à cette émotion. Et aussi, de manière générale, ça me semble risqué d'agir sur une émotion négative.
C'est très beau ce que tu dis, sur le ciel. Je suis aussi passée par ces questionnements, et cette petite vie en formation, elle est partie où ? Cette âme qui aurait pu être, elle a disparu à jamais, dans un néant que je redoute plus que tout ? (je suis sujette aux angoisses liées à la mort) Ou au contraire elle est quelque part, en moi ou ailleurs ? Penser que j'avais, comme l'a dit sans délicatesse une connaissance, "foutu à la poubelle" un possible, ça a fait partie de ces choses qui m'ont un peu détruite. Tu es en pleine réflexion là dessus et tu verras bien ce qu'il en ressort. Et après tout, chacun arrive aux conclusions et aux croyances qu'il souhaite, ça va changer d'une personne à l'autre. Personnellement, j'ai fini par m'arrêter sur quelque chose. Au fond de moi, et c'est très personnel, j'espère que cette petite âme qui se formait attend juste son tour, sagement, et que j'aurai la possibilité de la rencontrer quand ce sera le moment. C'était juste un rendez-vous manqué. J'ai envie que ce soit ça. Mais je me dis aussi, que même s'il est possible que je me raconte des histoires, cette "vie" est bien là, elle existe. Elle est en moi, alors pas forcément ce que je préfère en moi, mais à travers mon caractère qui s'est profondément modifié. Cette colère et cette impulsivité que j'ai développées, c'est un peu cette "âme". Cette combativité qui s'est réveillée après avoir touché le fond, c'est encore elle. Elle est là, d'une certaine manière. Et ça me réconforte. Parfois c'est difficile, quand je suis dans le creux de la vague, toutes ces questions autour de cette existence et de la destination de celle-ci me hantent parfois. Heureusement ça passe, ça s'apaise. J'espère sincèrement, et vu ce que je lis, j'ai très peu de doutes à ce sujet, que dans 6 mois ce sera comme tu l'évoques ici : ça aura eu un sens, et à travers cette réussite, et cette évolution, tu auras su faire hommage. Quant à "nommer"... Tu verras comme tu le sens, comment ça se passe. Personnellement, ça s'est imposé sans que je puisse vraiment y faire face, et j'ai aussi longtemps lutté contre le fait de le nommer, mais quand j'ai arrêté de lutter et que j'ai accepté, ça m'a en quelques sortes apaisée. Ce qui ne veut pas dire que ce sera ton cas. Juste que de façon générale, il faut savoir lutter contre certaines choses, et parfois, savoir aussi accepter. C'est pas forcément battre en retraite, ou perdre la bataille. Souvent on se rend compte qu'arrêter de lutter, c'est une victoire, surtout lorsqu'il s'agit de luttes intérieures. Bon, j'extrapole certainement, et peut-être que ça n'a pas de sens pour toi, peut-être que si, ou peut-être que ça en aura plus tard.
Fumer, réflexe de gamine ? Je ne pense pas qu'il faille le raisonner comme ça, mais je comprends très bien ce sentiment et cette contradiction. J'ai voulu faire des fêtes où je devais boire comme un trou, et puis finalement, je touchais à peine à un verre. Et à côté, je m'éloignais de la fumée des gens avec une cigarette au bec, un peu comme un réflexe malvenu, et pourtant révélateur. A la fois je voulais pouvoir me dire que de toute façon c'est foutu vu que j'avais une mauvaise hygiène de vie et que je ne pouvais déjà pas rattraper ces soirées trop arrosées (celles de quand je n'avais pas encore consciente d'être enceinte), et à la fois je ressentais une certaine culpabilité à continuer de faire comme si de rien n'était, comme si dans un sens je manquais de respect, que ce n'était pas parce que c'était voué à ne plus être que je devais pas "le" prendre en compte dans ma façon de vivre. J'oscillais entre la "fatalité", essayant de ne pas y penser, et entre une certaine forme de logique de "profiter", au sens où j'avais aussi envie de chérir ces quelques instants où je n'étais plus toute seule. Je regarde parfois des photos de moi prises de cette période, et c'est à la fois avec un pincement au coeur et un certain réconfort que je me dis "c'était là, sur cette photo".
Si tu peux et si tu le souhaites, tu peux essayer d'accélérer le processus pour que ça se fasse mercredi. Ca reste une fois de plus ton choix, mais si tu sais que tu veux aller jusqu'au bout et que tu peux t'épargner deux jours d'attente, n'hésite pas. Je ne sais pas en quelle mesure ce sera possible, mais quoi qu'il arrive je te souhaite beaucoup de courage.
Encore une fois concernant l'ex-amoureux, si tu as ces questions en suspens, n'hésite pas à les lui poser, ne garde pas de non-dit, à la fois pour toi, mais aussi pour lui et pour vous. Franchement, je pense que c'est super important de pouvoir être transparent là dessus, parce que ça vous concerne tous les deux, je t'encourage vivement à faire en sorte de vous autoriser à être aussi honnêtes que possible l'un envers l'autre. Plus facile à dire qu'à faire, comme tout ce que je te raconte, mais vraiment essaie. De mon côté éviter ce genre de questions là, ça a fait qu'il y avait bien plus de rancoeur et de colère envers mon ex, et ça a pas mal pollué mon existence et mon processus de guérison.
Toutes tes réflexions sont très saines, continue à les partager ici ou à les écrire quelque part sur une page, physique ou non, mais même si tu as l'impression de ne pas avancer ou d'avoir oublié les conclusions de tes paragraphes précédents, chaque nouveau te permet, même si ça ne te semble pas le cas, d'y voir plus clair et d'approfondir la question. Quant à ce que te dit le garçon, il n'a pas tort, et si tu peux t'appuyer sur ses épaules, fais-le, écoute-toi et fais en sorte de prendre soin de toi, et si ça passe par avoir son soutien, n'hésite pas une seconde. C'est pas pour qu'il représente une béquille, ou qu'il soit une illusion que tu ailles mieux, à te lire de toute façon tu as l'air assez lucide pour éviter ça. C'est pour que, comme tu dis, tu puisses t'éviter de broyer du noir toute seule dans ton coin alors que tu as la possibilité d'avoir du soutien, un soutien auquel tu as le droit et que tu mérites.
Si à un quelconque moment, tu n'as plus envie de lire ce que je partage, si je vais trop loin, vraiment n'hésite pas à me dire, je ne voudrais pas causer plus de torts, j'en parle parce que j'essaie de me mettre à ta place et de me demander ce que j'aurais aimé qu'on partage avec moi, et ça reste très subjectif, peut-être que toi tu n'en as pas besoin ou envie. Mais quoi qu'il arrive tu as vraiment tout mon soutien.
Je te souhaite un week end aussi doux qu'il puisse être malgré les circonstances, quoi qu'il arrive tu n'es pas seule (en espérant que ça ne fasse pas creepy), il y a quelqu'un quelque part en France qui derrière son écran pense sincèrement beaucoup à toi et est en empathie totale avec la situation que tu vis (même si c'est un peu dérisoire).
Même si 8 jours c'est pas "beaucoup", c'est déjà de trop quand une conscience "maternelle" si j'ose dire s'est déjà réveillée. Je réitère du coup : prends soin de toi, entoure-toi, fais-toi plaisir (même si ça semble dérisoire), écoute-toi un maximum, parce que ça ne sera pas évident d'attendre vendredi.
Peut-être que cet épisode de vie pour tous les deux aura un impact sur lui, peut-être pas, j'ai envie de dire que c'est d'autant plus difficile pour toi qu'il semble avoir envie de paternité, en tout cas il est certain que cette grossesse non prévue va redistribuer certaines cartes. Je souhaite que ça soit dans le positif autant que possible. Je ne suis pas croyante, je suis assez cartésienne dans ma façon de voir les choses, pourtant j'ai souvent eu l'impression que lorsque des choses comme ça arrivent, même si ce n'est que quelques temps plus tard, on se rend compte que ça arrive "pour une raison". Pour ma part, ça m'a certainement évité de continuer avec quelqu'un qui ne me convenait pas et à qui je ne convenais pas. On s'aimait mais c'était pas assez, nos envies et nos modes de vie n'étaient pas compatibles, on voulait sincèrement le meilleur l'un pour l'autre, mais on n'était pas capable de se l'apporter mutuellement. Je n'irais pas jusqu'à dire "heureusement que c'est arrivé", sincèrement si je pouvais revenir en arrière, je ferais en sorte de ne pas tomber enceinte, mais ça m'a forcé à reprendre ma vie en mains, à remettre en question l'existence que j'avais prévue (j'étais tellement persuadée que j'allais finir ma vie avec mon ex), et à me dire qu'au fond, l'important, c'est d'être heureux, et de travailler à ça au plus tôt. Si ça n'était pas arrivé, je pense qu'on serait resté ensemble encore longtemps, trop longtemps, qu'on aurait fini par s'enliser dans une relation qui ne nous convenait déjà plus, et peut-être que ça se serait révélé trop tard. Si ça n'était pas arrivé, peut-être que je ne serais pas actuellement avec l'homme merveilleux avec qui je partage ma vie, avec qui l'existence est douce, simple, pleine d'amour. Donc il est bien possible que ça fasse beaucoup cogiter ton ex-amoureux, après j'ai envie de te dire de te protéger et de ne pas te faire de faux espoirs, tu pourras voir dans un futur un peu plus éloigné ce qu'il en est pour lui, mais là dessus tu n'as aucune prise, il vaut vraiment mieux que tu te concentres sur toi-même.
C'est simple pour moi de te dire tout ça, après je ne vais pas te mentir : j'ai pas mal oscillé entre "je ne regrette rien" et "je le regretterai toute ma vie". Je pense que ça touche à quelque chose de très intime et viscéral, et qu'il faut un certain temps pour faire le "process" de ces sensations, émotions qui nous bouffent et nous envahissent. J'ai commencé à faire un peu la paix avec moi-même quand j'ai accepté que pour une partie de moi, il s'agit de quelque chose qui me laissera malgré tout un regret à vie. En faire le constat, y faire face, c'est bien, mais se dire qu'il faut avancer malgré tout et l'accepter, ça aide beaucoup. Mais il faut quand même le temps. Des journées à pleurer, à se traîner, à errer comme une ombre, à avoir en boucle dans la tête "je regrette je regrette je m'en veux je n'arriverai jamais à m'en remettre", ça a pris du temps. Il faut que tu prennes ce temps là. Pleure, hurle, reste dans ton lit, appelle ton ex-amoureux pour lui en parler, appelle une amie, quelqu'un de confiance, écris ici tout ce qui te passe par la tête, mais laisse tout sortir, autant que possible. Et à un moment le flou se dissipera, et tu pourras avancer, en tout cas je te le souhaite vraiment.
C'est très vrai ce que tu dis sur le fait que si tu veux être mère, tu n'as besoin de l'aval de personne. C'est vrai que ce serait réconfortant et rassurant de se raccrocher à l'avis de quelqu'un d'autre, j'ai parlé de mon IVG à ma mère deux mois plus tard, parce que d'une part je ne voulais pas l'inquiéter, d'autre part parce que je savais qu'elle aurait pu m'influencer. Elle n'est pas anti-choix ni rien, mais je pense que face à ma détresse, et aussi par rapport à sa propre vision de la maternité (elle est très maman poule), elle aurait très bien compris le déchirement que ça représentait, et peut-être qu'elle aurait voulu trouver une façon de m'épargner ça. D'ailleurs quand je lui ai révélé mon IVG elle m'a dit "pourquoi tu ne m'en as pas parlé ? Et pourquoi tu as fait ce choix-là ? On aurait pu trouver une solution, on aurait pu t'aider..." ça a été dur à entendre, parce que comme toi sur le coup je me suis dit que l'IVG était la seule issue, le seul choix que j'avais. Et là j'ai vu que j'avais quand même eu un autre choix possible. J'ai eu l'impression que les arguments contre la grossesse, ce n'étaient que des "fausses excuses", je me suis beaucoup détestée, me disant "je suis et serai une horrible mère, j'ai même pas été capable d'avoir le courage de mener cette grossesse à terme, pour ce bébé, j'aurais dû avoir cette force". Et puis, ça a mis du temps, pour ensuite me dire qu'au contraire, c'était la bonne décision à prendre pour moi, pour ce petit embryon. J'ai eu raison de le faire, la preuve, 6 mois plus tard je n'étais plus avec le géniteur. Il n'était pas le partenaire de vie qui me convenait, il n'était pas le parent avec qui je pouvais former une équipe pour élever au mieux mon enfant, et ça n'était pas du tout la situation qui pouvait rendre heureux un enfant né d'une grossesse non prévue. Si mon ex et moi avions été vraiment compatibles et faits pour être ensemble, et si on avait été tous les deux prêts à l'accueillir même si le timing était mauvais, la décision aurait été différente. Alors je ne dis pas du tout que si tu vas jusqu'au bout de cette IVG, ça voudrait dire que ton ex-amoureux et toi n'étiez pas compatibles, absolument pas. C'est que si tu vas jusqu'au bout, c'est que c'était la meilleure chose à faire, pour toi, pour lui, et pour vous deux, à cet instant précis. Quand au fait qu'il te pardonne... Encore une fois, si c'est le bon partenaire pour toi, il saura gérer ces émotions, s'il ressent la moindre colère ou amertume à ton égard. Je t'avoue que ça reste quelque chose d'assez obscur à mes yeux, la façon dont est vécue la possible paternité pour un homme (parce qu'on en parle très peu en vrai). J'ai envie de dire, n'hésite pas à lui parler et le faire parler aussi, sur tout ça. Plus vous serez honnêtes et mieux ça sera. Je pense qu'on pourrait tous comprendre que dans un sens, au fond de lui, il pourrait ressentir quelque chose qui pourrait être du ressentiment parce qu'il aurait déjà senti un lien avec ces cellules qui se divisent dans ton ventre, mais je pense aussi qu'il aurait tout à fait conscience qu'en tant que "spectateur", c'est plus facile à dire et à vivre pour lui, qu'il ne s'agit pas de son propre corps, et qu'il ne va pas lui-même faire l'IVG malgré ses envies contradictoires, donc qu'il aurait tout à fait conscience que ce ressentiment est totalement malvenu et n'est pas à prendre en compte. Ca n'en reste pas moins une émotion qu'il pourrait ressentir. Mais il aurait le choix d'agir ou non par rapport à cette émotion. Et aussi, de manière générale, ça me semble risqué d'agir sur une émotion négative.
C'est très beau ce que tu dis, sur le ciel. Je suis aussi passée par ces questionnements, et cette petite vie en formation, elle est partie où ? Cette âme qui aurait pu être, elle a disparu à jamais, dans un néant que je redoute plus que tout ? (je suis sujette aux angoisses liées à la mort) Ou au contraire elle est quelque part, en moi ou ailleurs ? Penser que j'avais, comme l'a dit sans délicatesse une connaissance, "foutu à la poubelle" un possible, ça a fait partie de ces choses qui m'ont un peu détruite. Tu es en pleine réflexion là dessus et tu verras bien ce qu'il en ressort. Et après tout, chacun arrive aux conclusions et aux croyances qu'il souhaite, ça va changer d'une personne à l'autre. Personnellement, j'ai fini par m'arrêter sur quelque chose. Au fond de moi, et c'est très personnel, j'espère que cette petite âme qui se formait attend juste son tour, sagement, et que j'aurai la possibilité de la rencontrer quand ce sera le moment. C'était juste un rendez-vous manqué. J'ai envie que ce soit ça. Mais je me dis aussi, que même s'il est possible que je me raconte des histoires, cette "vie" est bien là, elle existe. Elle est en moi, alors pas forcément ce que je préfère en moi, mais à travers mon caractère qui s'est profondément modifié. Cette colère et cette impulsivité que j'ai développées, c'est un peu cette "âme". Cette combativité qui s'est réveillée après avoir touché le fond, c'est encore elle. Elle est là, d'une certaine manière. Et ça me réconforte. Parfois c'est difficile, quand je suis dans le creux de la vague, toutes ces questions autour de cette existence et de la destination de celle-ci me hantent parfois. Heureusement ça passe, ça s'apaise. J'espère sincèrement, et vu ce que je lis, j'ai très peu de doutes à ce sujet, que dans 6 mois ce sera comme tu l'évoques ici : ça aura eu un sens, et à travers cette réussite, et cette évolution, tu auras su faire hommage. Quant à "nommer"... Tu verras comme tu le sens, comment ça se passe. Personnellement, ça s'est imposé sans que je puisse vraiment y faire face, et j'ai aussi longtemps lutté contre le fait de le nommer, mais quand j'ai arrêté de lutter et que j'ai accepté, ça m'a en quelques sortes apaisée. Ce qui ne veut pas dire que ce sera ton cas. Juste que de façon générale, il faut savoir lutter contre certaines choses, et parfois, savoir aussi accepter. C'est pas forcément battre en retraite, ou perdre la bataille. Souvent on se rend compte qu'arrêter de lutter, c'est une victoire, surtout lorsqu'il s'agit de luttes intérieures. Bon, j'extrapole certainement, et peut-être que ça n'a pas de sens pour toi, peut-être que si, ou peut-être que ça en aura plus tard.
Fumer, réflexe de gamine ? Je ne pense pas qu'il faille le raisonner comme ça, mais je comprends très bien ce sentiment et cette contradiction. J'ai voulu faire des fêtes où je devais boire comme un trou, et puis finalement, je touchais à peine à un verre. Et à côté, je m'éloignais de la fumée des gens avec une cigarette au bec, un peu comme un réflexe malvenu, et pourtant révélateur. A la fois je voulais pouvoir me dire que de toute façon c'est foutu vu que j'avais une mauvaise hygiène de vie et que je ne pouvais déjà pas rattraper ces soirées trop arrosées (celles de quand je n'avais pas encore consciente d'être enceinte), et à la fois je ressentais une certaine culpabilité à continuer de faire comme si de rien n'était, comme si dans un sens je manquais de respect, que ce n'était pas parce que c'était voué à ne plus être que je devais pas "le" prendre en compte dans ma façon de vivre. J'oscillais entre la "fatalité", essayant de ne pas y penser, et entre une certaine forme de logique de "profiter", au sens où j'avais aussi envie de chérir ces quelques instants où je n'étais plus toute seule. Je regarde parfois des photos de moi prises de cette période, et c'est à la fois avec un pincement au coeur et un certain réconfort que je me dis "c'était là, sur cette photo".
Si tu peux et si tu le souhaites, tu peux essayer d'accélérer le processus pour que ça se fasse mercredi. Ca reste une fois de plus ton choix, mais si tu sais que tu veux aller jusqu'au bout et que tu peux t'épargner deux jours d'attente, n'hésite pas. Je ne sais pas en quelle mesure ce sera possible, mais quoi qu'il arrive je te souhaite beaucoup de courage.
Encore une fois concernant l'ex-amoureux, si tu as ces questions en suspens, n'hésite pas à les lui poser, ne garde pas de non-dit, à la fois pour toi, mais aussi pour lui et pour vous. Franchement, je pense que c'est super important de pouvoir être transparent là dessus, parce que ça vous concerne tous les deux, je t'encourage vivement à faire en sorte de vous autoriser à être aussi honnêtes que possible l'un envers l'autre. Plus facile à dire qu'à faire, comme tout ce que je te raconte, mais vraiment essaie. De mon côté éviter ce genre de questions là, ça a fait qu'il y avait bien plus de rancoeur et de colère envers mon ex, et ça a pas mal pollué mon existence et mon processus de guérison.
Toutes tes réflexions sont très saines, continue à les partager ici ou à les écrire quelque part sur une page, physique ou non, mais même si tu as l'impression de ne pas avancer ou d'avoir oublié les conclusions de tes paragraphes précédents, chaque nouveau te permet, même si ça ne te semble pas le cas, d'y voir plus clair et d'approfondir la question. Quant à ce que te dit le garçon, il n'a pas tort, et si tu peux t'appuyer sur ses épaules, fais-le, écoute-toi et fais en sorte de prendre soin de toi, et si ça passe par avoir son soutien, n'hésite pas une seconde. C'est pas pour qu'il représente une béquille, ou qu'il soit une illusion que tu ailles mieux, à te lire de toute façon tu as l'air assez lucide pour éviter ça. C'est pour que, comme tu dis, tu puisses t'éviter de broyer du noir toute seule dans ton coin alors que tu as la possibilité d'avoir du soutien, un soutien auquel tu as le droit et que tu mérites.
Si à un quelconque moment, tu n'as plus envie de lire ce que je partage, si je vais trop loin, vraiment n'hésite pas à me dire, je ne voudrais pas causer plus de torts, j'en parle parce que j'essaie de me mettre à ta place et de me demander ce que j'aurais aimé qu'on partage avec moi, et ça reste très subjectif, peut-être que toi tu n'en as pas besoin ou envie. Mais quoi qu'il arrive tu as vraiment tout mon soutien.
Je te souhaite un week end aussi doux qu'il puisse être malgré les circonstances, quoi qu'il arrive tu n'es pas seule (en espérant que ça ne fasse pas creepy), il y a quelqu'un quelque part en France qui derrière son écran pense sincèrement beaucoup à toi et est en empathie totale avec la situation que tu vis (même si c'est un peu dérisoire).
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