Miss_Nouna;2687412 a dit :
Les propos de Guerlain font référence à l'esclavage, fait comparable à la Shoah selon moi ...
Des milliers de morts dans les négriers, des hommes qui ont le droit de vie ou de mort sur d'autres hommes, des enfants séparés de leur mère ...
Dans les deux cas, se sont des souvenirs douloureux pour leurs communautés respectives ...
On a le droit de parler de l'un et pas de l'autre .. Pas normal selon moi ..
Non ce n'est pas la même chose, vraiment (le mot communauté me hérisse le poils. On est touché par l'esclavagisme ou la Shoah parce que nous sommes des êtres humains, pas parce que nous sommes noirs ou juifs. Je suis métisse, j'ai eu des ancêtres mis en esclavages, qui ont connu la colonisation (rien que mon père à qui on a appris nos ancêtres les gaulois), j'ai des ancêtres qui ont fait la colonisation. C'est quoi ma communauté ?).
L'esclavagisme est un phénomène de domination et de mépris de l'autre qui a commencé à une époque ou chaque vie humaine était loin d'avoir la même valeur pour chaque individu, même entre français. Une époque ou se qui définissait un être humain était contenu dans bible, alors que la religion dominait presque tous les aspects de la vie courante. Il s'est aussi nourrit de textes antiques, époque ou l'esclavagisme avait aussi ses droits. Il vient d'un ethnocentrisme culturel, qui pousse a ne pas voir comme humain ce qui est trop différent de soi. Il vient avant les lumières, à un moment ou le féodalisme et la servitude ne sont pas encore morts. Il vient avant tous les travaux d'anthropologie. Bref c'est un phénomène qui provient d'une époque ou les hommes n'avaient pas les mêmes références de bien et de mal que nous, ou la vie d'un étranger n'avait pas beaucoup de valeur, ou les masses étaient encore très largement incultes. Je veux pas ressortir les cours d'histoire moderne ici mais bref, les faits sont importants et atroces, mas ils doivent être remis dans leur contexte pour prendre de la valeur.
La Shoah, elle, arrive au sein même d'une société beaucoup moins religieuse, les voisins dénoncent leurs voisins, le gouvernement organise la persécution d'une partie de son propre peuple. L'histoire et les lumières, la première guerre mondiale, sont passés par là. Ce n'est pas un étranger tellement éloigné culturellement et linguistiquement qu'on décide de lui dénier le statut d'homme et qu'on exploite.
Ici c'est l'extermination systématique de personnes qui étaient peu de temps avant parfaitement intégré à la société. Ils sont là, parlent la même langue, portent les mêmes vêtements, leurs enfants vont dans les mêmes écoles que tous. On ne profite pas d'eux parce qu'ils n'ont pas le statut d'hommes, on veut les exterminer après leur avoir enlevé le statut d'être humain.
C'est un phénomène effrayant, jamais vu dans l'histoire et qui se met en place à une vitesse incroyable. Et son souvenir est encore brûlant, au delà de l'horreur, c'est parce que 1) il est suffisamment récent pour que nos grands parents nous en parlent 2) il prend place sur des haines, connues, répétitives dans l'histoire, pour aboutir à quelque chose de jamais connu, au delà de ce que l'homme se croyait lui même capable.
L'esclavagisme est quelque chose qui a toujours traversé l'histoire et qu'on retrouve dans toutes les sociétés. Pour autant ce n'est pas moins un phénomène atroce mais il s'explique par "ce qui n'est pas de mon groupement humain n'est pas humain". Il aura fallut des siècles pour arriver à dépasser ce postulat, ouvrir les perspectives, sortir d'un ethnocentrisme et d'une hiérarchie des sociétés. Pour nous c'est évident et normal, presque bête de le rappeler, mais il faut se souvenir qu'il y a quelques siècles ce n'était pas si évident que ça. Il a fallut construire une réflexion, des références.
La Shoah arrive à une époque ou la société se croit éclairée, elle a dépassé de nombreux réflexes primaires, en tout cas elle est "moderne", très proche de nous dans son organisation. Cette société moderne, voir contemporaine, se retrouve confronté à quelque chose d'inconnu, d'énorme, quelque chose qui ne rentre pas dans les schémas de haine et de violence qu'elle se connait avoir, ou en tout cas les dépassent largement. L'homme découvre en lui même quelque chose dont il n'avait pas idée avant, quelque chose qu'il sait pouvoir se reproduire et qu'il n'arrive pas tout de suite à expliquer, analyser après coup.
Bref, la shoah et l'esclavagisme ne peuvent et ne doivent pas être comparés parce que, tout aussi horribles qu'ils soient l'un et l'autre, ils n'ont en commun ni l'époque,ni les mécanismes qui les ont mis en place.
Et l'un revient sur le tapis peut être plus souvent que l'autre aussi parce qu'on sait qu'on ne reproduira jamais l'esclavagisme tel qu'il l'était au XVI ou u XVII ou XVIII siècle (la société à trop changé) alors qu'on est pas à l’abri d'un retour à un régime identique au nazisme. En tout cas jusqu'à il y a peu. (pour autant esclavagisme existe encore hein, mais sous d'autres formes)
La démonstration est un peu simpliste et elle pourrait tenir en 1000 livres mais bon ^^"
Sinon ça a déjà été dit mais charlie hebdo dénonce les dérives extrémismes religieuses, dans ce cas ci la charia. La caricature consiste à détourer les codes pour tourner en ridicule ou faire rire d'une situation. Il n'est donc ni insultant, ni racoleur, ni absurde, de tourner en ridicule les régimes extrémistes qui se mettent en place actuellement en détournant leurs codes
tel qu'ils les interprètent. Ce n'est pas la religion musulman qui est attaquée ici, mais une vision extrémiste de la religion musulman
La représentation du prophète n'est pas une insulte en elle même, surtout quand on sait que cette règle de ne pas le dessiner à la base vient du désir d’empêcher l’idolâtrie, de dire aux croyants que ce en quoi ils croient ne peut pas être réduit à une image, que le concept est plus grand que ça, qu'il ne peut se résumer ou se retranscrire par l'imagination humaine. C'est un très joli concept, philosophiquement intéressant, mais il n'engage que les gens qui ont décidé de le suivre