Les extraits que vous aimeriez nous faire partager !

4 Décembre 2010
222
137
754
Anonyme
C'est exactement ce que m'a dit un médecin, il y a bien longtemps, du reste, observa le statrez. Un homme assez âgé et fort intelligent. Il s'exprimait aussi ouvertement que vous, mais en badinant, quoique avec tristesse : « J'aime l'humanité, disait-il, et cependant je suis surpris ; mieux j'aime les hommes en général, plus ils me déplaisent en particulier, en tant qu'individus. Dans mes rêves, j'ai plus d'une fois passionnément servi mon prochain ; peut-être même eussé-je accepté de porter la croix pour lui, le cas échéant, et pourtant je ne peux vivre deux jours de suite avec la personne dans la même chambre - j?en sais quelque chose par expérience. Aussitôt que je me trouve en compagnie d'un de mes semblables, sa personnalité écrase la mienne, opprime mon amour-propre et gêne ma liberté. Je suis capable de prendre en grippe le meilleur des hommes au bout de vingt-quatre heures : parce qu'il est trop longtemps à table ou bien parce qu'il est enrhumé et se mouche trop souvent ! Je deviens l'ennemi des hommes dès qu'ils m'approchent. Mais, singulier phénomène, plus je déteste les gens en particulier, plus je brûle d'amour pour l'humanité en général.
Dostoïevski, Les frères Karamazov, Une dame incroyante (IV)
 
3 Juillet 2009
2 242
1 201
3 364
30
Paris
Vous vous réveillerez dans un caveau où nul n'est descendu depuis vingt ans, et dans lequel, d'ici à vingt ans peut-être, nul ne descendra encore. N'ayez donc aucun espoir de secours, car il serait inutile. Vous trouverez du poison près de cette lettre : tout ce que je puis faire pour vous est de vous offrir une mort prompte et douce au lieu d'une agonie lente et douloureuse. Dans l'un et l'autre cas, et quelque parti que vous preniez, à compter de cette heure, vous êtes morte.

Je ne sais pas vraiment pourquoi cet extrait m'intrigue tellement, c'est un passage de Pauline, de Dumas. Je devais le lire pour les cours et honnêtement, ça me soulait de devoir le dire, je me disais que ça allait être chiant comme bouquin et en fait, ce passage était sur la 4ème de couv, je l'ai lu et j'ai direct su que j'allais adoré ce livre. Je l'ai dévoré en à peine quelques jours et j'avoue avoir pleuré à la fin :shifty:
 
12 Décembre 2010
17
7
654
Blanc Mesnil
"Non. Je ne manque nulle part, je ne laisse pas de vide. Les métros sont bondés, les restaurants comblés, les têtes bourrées à craquer de petits soucis. J'ai glissé hors du monde et il est resté plein. Comme un oeuf. Il faut croire que je n'étais pas indispensable. J'aurais voulu être indispensable. A quelque chose ou à quelqu'un. A propos, je t'aimais. Je te le dis à présent parce que ça n'a plus d'importance."

Les mots J.P.Sartre
 

msa

27 Avril 2011
8
4
654
Hermée
www.wix.com
J?ai senti le coin de ma bouche s?étirer vers le haut et j?ai jeté un ?il sur lui. Et juste à cet instant, il m?a regardée. Lui aussi souriait. Et? Impossible de décrire ce sourire-là sans plonger dans le monde merveilleux des vieux standards de bal-musette. Dedans, il y avait du soleil, des fraises des bois, des gazouillis d?oiseaux et des reflets sur un lac de montagne. Il me l?adressait, confiant et fier comme un enfant qui tend un cadeau d?anniversaire dans un paquet malmené. Ma bouche est restée étirée jusqu?aux oreilles. Et un arc de lumière a surgi entre nous, j?en mets ma tête à couper encore aujourd?hui ?un de ces arcs bleus que mon prof de physique produisait avec une sorte d?appareil. Il s?est écoulé trois heures, ou trois secondes.

Le mec de la tombe d'à côté - Katarina Mazetti
 
12 Mai 2008
874
323
4 884
Du Meilleur des mondes préfacé par l'auteur, Aldous Huxley donc. Préface qui date de 1946 s'il vous plaît ! En fait c'est un retour de l'auteur vers son oeuvre des années après sa publication en 1932.

"[...] Si je devais réécrire maintenant ce livre, j'offrirai au Sauvage une troisième possibilité (NB : entre vie démente en Utopie et vie d'un primitif, vie plus humaine à certains points de vue, mais à d'autres, à peine moins bizarre et anormale). [...] Il y aurait la possibilité d'une existence saine d'esprit - possibilité déjà actualisée, dans une certaine mesure, chez une communauté d'exilés et de réfugiés qui auraient quitté Le Meilleur des mondes et vivraient à l'intérieur des limites d'une Réserve. Dans cette communauté, l'économie serait décentraliste, à la Harry George (faut que je me renseigne sur lui), la politique serait kropotkinesque et coopérative. La science et la technologie seraient utilisées comme si, tel le Repos Dominical, elle avaient été faites pour l'homme et non comme si l'homme devait être adapté et asservi à elles. La religion serait la poursuite consciente et intelligente de la Fin dernière de l'homme, la connaissance unitive du Tao ou du Logos immanent, de la Divinité ou Brahman transcendante.
[...]
" Il n'y a bien entendu aucune raison pour que les totalitarismes nouveaux ressemblent aux anciens. Le gouvernement au moyen de triques et de pelotons d'exécution, de famines artificielles, d'emprisonnements et de déportations en masse, est non seulement inhumain (cela, personne ne s'en soucie fort de nos jours) ; il est - on peut le démontrer - inefficace : et, dans une ère de technologie avancée, l'inefficacité est le pêché contre le Saint Esprit. Un Etat totalitaire vraiment "efficient" serait celui dans lequel le tout puissant comité exécutif des chefs politiques et leur armée de directeurs auraient la haute main sur une population d'esclave qu'il serait inutile de contraindre parce qu'ils auraient l'amour de leur servitude. La leur faire aimer - telle est la tâche assignée dans les Etats totalitaires d'aujourd'hui aux ministères de la propagande, aux rédacteurs en chefs de journaux, et aux maîtres d'école. Mais leurs méthodes sont encore grossières et non scientifiques. [...] Les plus grands triomphes, en matière de propagande, ont été accomplis, non pas en faisant quelque chose, mais en s'abstenant de le faire. Grande est la vérité, mais plus grand encore, du point de vue pratique, est le silence au sujet de la vérité. En s'abstenant simplement de faire mention de certains sujets, en abaissant ce que Mr. Churchill appelle un "rideau de fer" entre les masses et tels faits ou raisonnements que les chefs politiques locaux considèrent comme indésirables, les propagandistes totalitaires ont influencé l'opinion d'une façon beaucoup plus efficace qu'ils ne l'auraient pu au moyen des dénonciations les plus éloquentes, des réfutations logiques les plus probantes. Mais le silence ne suffit pas. Pour que soient évités la persécution, la liquidation et les autres symptômes de frottement social, il faut que les côtés positifs de la propagande soient rendus aussi efficaces que le négatif. Les plus importants des "Manhattan projects" de l'avenir seront de vastes enquêtes instituées par le gouvernement, sur ce que les hommes politiques et les hommes de science qui y participeront appelleront le problème du bonheur, - en d'autres termes, le problème consistant à faire aimer aux gens leur servitude.
[...]
Et la promiscuité sexuelle du Meilleur des mondes ne semble pas, non plus, devoir être fort éloignée. Il y a déjà certaines villes américaines où le nombre des divorces est égal au nombre des mariages. Dans quelques années, sans doute, on vendra des permis de mariage comme on vend des permis de chiens, valables pour une période de douze mois, sans aucune règlement interdisant de changer de chien ou d'avoir plus d'un animal à la fois. A mesure que diminue la liberté économique et politique, la liberté sexuelle a tendance à s'accroître en compensation. Et le dictateur (à moins qu'il n'ait besoin de chair à canon et de familles pour coloniser les territoires vides ou conquis) fera bien d'encourager cette liberté là. Conjointement avec la liberté de se livrer aux songes en plein jour sous l'influence de drogues, du cinéma et de la radio, elle contribuera à réconcilier ses sujets avec la servitude qui sera leur sort.
[...] nous n'avons le choix qu'entre deux solutions : ou bien un certain nombre de totalitarismes nationaux, militarisés, ayant comme racine la terreur de la bombe atomique, et comme conséquence la destruction de la civilisation (ou, si la guerre est limitée, la perpétuation du militarisme) ; ou bien un seul totalitarisme supranational suscité par le chaos social résultant du progrès technologique rapide en général et de la révolution atomique en particulier, et se développant, sous le besoin du rendement et de la stabilité, pour prendre la forme de la tyrannie-providence de l'Utopie. On paie son argent et l'on fait son choix. "
 
29 Octobre 2009
371
224
4 754
"Sometimes fate is like a small sandstorm that keeps changing directions. You change direction but the sandstorm chases you. You turn again, but the storm adjusts. Over and over you play this out, like some ominous dance with death just before dawn. Why? Because this storm isn't something that blew in from far away, something that has nothing to do with you. This storm is you. Something inside of you. So all you can do is give in to it, step right inside the storm, closing your eyes and plugging up your ears so the sand doesn't get in, and walk through it, step by step. There's no sun there, no moon, no direction, no sense of time. Just fine white sand swirling up into the sky like pulverized bones. That's the kind of sandstorm you need to imagine.

And you really will have to make it through that violent, metaphysical, symbolic storm. No matter how metaphysical or symbolic it might be, make no mistake about it: it will cut through flesh like a thousand razor blades. People will bleed there, and you will bleed too. Hot, red blood. You'll catch that blood in your hands, your own blood and the blood of others.

And once the storm is over you won't remember how you made it through, how you managed to survive. You won't even be sure, in fact, whether the storm is really over. But one thing is certain. When you come out of the storm you won't be the same person who walked in. That's what this storm's all about."


Haruki Murakami - Kafka on the Shore
 
14 Mai 2011
3 968
3 101
1 654
I cannot express it ; but surely you and every body have a notion that there is, or should be, an existence of yours beyond you. What were the use of my creation if I was entirely contained here ? My great miseries in this world have been Heathcliff's miseries, and I watched and felt each from the beginning ; my great thought in living is himself. If all else perished, and he remained, I should still continue to be ; and, if all else remained, and he were annihilated, the Universe would turn to a mighty stranger. I should not seem a part of it. My love for Linton is like the foliage in the woods. Time will change it, I'm well aware, as winter changes the trees - my love for Heathcliff resembles the eternal rocks beneath - a source of little visible delight, but necessary. Nelly, I am Heathcliff - he's always, always in my mind - not as a pleasure, any more than I am always a pleasure to myself - but, as my own being - so, don't talk of our separation again - it is impracticable ; and -"

"May she wake in torment !" he cried, with frightful vehemence, stamping his foot, and groaning in a sudden paroxysm of ungovernable passion. "Why, she's a liar to the end ! Where is she ? Not there - not in heaven - not perished - where ? Oh ! you said you cared nothing for my sufferings ! And I pray one prayer - I repeat it till my tongue stiffens - Catherine Earnshaw, may you not rest, as long as I am living ! You said I killed you - haunt me, then ! The murdered do haunt their murderers. I believe - I know that ghosts have wandered on earth. Be with me always - take any form - drive me mad ! Only do not leave me in this abyss, where I cannot find you ! Oh, God ! it is unutterable ! I cannot live without my life ! I cannot live without my soul !"

Emily Brontë, Wuthering Heights
 
12 Décembre 2010
17
7
654
Blanc Mesnil
"Mais c'est plus fort que moi. Je repars toujours en arrière. J'essaie de comprendre ce qui s'est passé dans ma vie pour que tout éclate en mille morceaux. Le meilleur moyen de ne pas s'attarder sur soi est encore de penser aux autres. Comme une forcenée. Un seul moment d'inattention peut m'être fatal. Il faut que je sois tout le temps occupée avec la misère d'autrui, sinon la mienne me saute au visage. Et alors, j'ai le souffle coupé. Je me plie, je me tords, je me love par terre. J'ai envie de disparaître. Je suis terriblement triste d'exister."

Katherine Pancol , Vu de l'extérieur
 
31 Juillet 2011
11
5
2 154
Fontcouverte-La Toussuire
" Alors il n'y eut plus de froid, plus de pluie, plus de faiblesse. Rien n'exista plus pour elle que les lèvres de Rhett brûlantes sur sa bouche, la chaleur de ses mains sur son corps. Que la force émanant de ses épaules auxquelles elle s'aggripait. Que les battements de son coeur dans sa gorge palpitante sous les lèvres de Rhett. Que le coeur de Rhett qu'elle sentit battre sous ses mains, quand elle plongea les doigts dans la toison de sa poitrine. "

Scarlett, Alexandra Ripley
 
25 Août 2011
816
506
2 394
" Elle s'approcha doucement, posa sa main au creux de mon coup
et avec la lenteur d'une caresse, déposa un baiser sur mes lèvres.
Sa bouche était fraîche et sucrée. Je frissonais sous l'effet de la surprise
et marquai un imperceptible recul. Puis je sentis mon coeur s'emballer,
réveillant en moi des sentiments éteints depuis longtemps.
Et si au début , ce baiser innatendu semblait m'avoir été extorqué,
je n'avais à présent plus aucune envie de le rompre. "

Guillaume Musso, La fille de papier :)
 
22 Août 2011
265
148
734
Avignon
J'aimerais vous proposer celle-ci, de citation, parce qu'elle me tient à coeur.

Trouvée dans La physique des catastrophes de Marisha Pessl : " Pour des raisons multiples, rien n'est plus dérangeant qu'un adulte qui ne se comporte pas en adulte, avec tout ce que ça implique : un adulte qui n'est pas solide, un adulte qui fuit de partout, un adulte pas stable, un adulte aux bords sérieusement décollés. C'est comme voir, à six ans, une marionnette qui monte si haut que l'on découvre les bras humains qui la manie."
 

Les Immanquables du forum

Participe au magazine !
Une info qu'on devrait traiter sur madmoiZelle ?
 
Nouvelle ou perdue ?
Pas de panique, on t'aime déjà !

La charte de respect du forum
Le guide technique &
le guide culturel du forum
Viens te présenter !
Un problème technique ?
Topic d'entraide sur l'orthographe et la grammaire
 
La chefferie vous informe
Les annonces de l'équipe concernant le forum et madmoiZelle
Rendre visite à madmoiZelle
Le médiateur du forum
Soutiens madmoiZelle financièrement
Topic dédié à la pub sur mad
Si vous aimez madmoiZelle, désactivez AdBlock !

Les immanquables
Les topics de blabla
En ce moment... !

Mode - Beauté - Ciné - Musique - Séries - Littérature - Jeux Vidéo - Etudes - Ecriture - Cuisine - People - Télévision

Envie de rencontrer des MadZ ?
Viens trouver le forum de ta ville !

Mode
Le pire de la mode
Ces vêtements qui te font envie
Ta tenue du jour
La tenue qui plaît
Tes derniers achats de fringues

Beauté
Astuces,bons plans économies & dupes
Le topic des vernis
Questions beauté en tout genre
 
Culture
Le meilleur des images du net
L'aide aux devoirs
Tu écoutes quoi ?
Quelle est ta série du moment ?
Quel livre lisez-vous en ce moment ?
Le dernier film que vous avez vu à la maison
Le topic philosophique
 
Société
Topic des gens qui cherchent du travail
Voyager seule : conseils et témoignages
Trucs nuls de la vie d'adulte : CAF, Banque, Mutuelle, Logement etc...
 
Les topics universels
Je ne supporte pas
Je ne comprends pas
Ca me perturbe
Je me demande
J'adore...
Je m'en veux de penser ça mais...

Cupidon
Le topic des amoureuses
Le topic des polyamoureuses
Les Célibattantes