@Diophantienne
Pardon, mais certes, TOUTES les personnes AFAB ne subissent pas la misogynie. Mais PRESQUE TOUTES ces personnes la subissent. Si ce n'est pas de la part de tes proches ou de ton entourage familial, amical, professionnel ou scolaire (ou autre), c'est des publicités dans la rue qui t'enjoignent à t'épiler. C'est des spots télé sur les règles qui te martèlent que les règles c'est sale. C'est l'absence de personnes AFAB dans les grandes figures qui ont fait l'histoire. C'est le fait que ton chef, son chef, le chef du chef du chef... sont tous des mecs cis. C'est le fait de sortir dans la rue et d'avoir la trouille. C'est le fait de pas pouvoir se mettre torse nu dehors même si tu le voulais. C'est le fait que de toute ma scolarité d'étudiant en LITTERATURE je n'ai jamais étudié une seule autrice AFAB. C'est le fait qu'il y ai des con***ds qui manifestent contre MON droit à avorter. HELLO, je pense pas qu'on doive revenir sur le fait que le sexisme est présent PARTOUT, tout le temps, à tous les endroits que tu ailles. C'est souvent insidieux, mesquin, et normalisé. Et ça concerne toutes les personnes qui ne sont pas des mecs cis.
Content pour toi de voir que tu ne l'as pas ressenti.
C'est un énorme privilège.
Quant au fait d'élever les personnes AFAB comme des filles : je n'oublie pas le fait qu'un argument similaire est utilisé pour dire que toutes les personnes AMAB ont le privilège masculin.
Je dis simplement ce qui est vrai dans un nombre suffisant de cas pour qu'on puisse dire que c'est un problème. Et le fait est que j'ai été élevé comme une fille, et qu'un nombre immense de mecs trans ont été élevés "comme des filles" et que cette éducation est un problème pour tout le monde, et pas que pour les mecs trans. Ce qui entraîne le fait que comme on peut le voir de manière générale pour les personnes AFAB, on ne nous voit pas l'ouvrir, parce que kikou, on est trans (et on est pas "moins trans" que les femmes trans), on est invisibles PARTOUT, et en plus, on nous appris qu'une seule chose dans la vie, c'est à fermer notre gueule. Et oui l'injonction à faire profil bas est partagée par les femmes trans,
mais là, on a accumulation. Et désolé, mais lire sur la page de Sophie Labelle que la transmisandrie c'est juste "la concurence entre les hommes" quand j'ai déjà entendu cash d'un mec "de toute façon, tu peux pas être un vrai mec parce que t'as pas de couilles", j'ai le droit d'être choqué, zut à la fin. Parce que dans ce cas-là, je peux aussi dire que la transmisogynie c'est "juste" la concurrence entre femmes pour être la plus belle doublée de la misogynie usuelle ? Mmh, je doute que ça plaise aux personnes trans concernées. Bin moi, c'est pareil, je n'aime pas qu'on nie mon expérience,
surtout quand cette expérience est négative (contrairement à ton expérience avec la misogynie qui n'est pas une expérience négative vu que tu ne l'as pas subie). J'ai trouvé les messages sur cette page réducteurs et ne faisant pas attention à l'extrême diversité de situation qui existe chez les Ft*.
Parce que la deuxième chose, c'est que le fait de devoir toujours "prouver" qu'on est un homme est déjà chez les mecs cis, alors pour les mecs trans, il faut avoir un bon passing et en plus, prouver par ton comportement que tu en as dans le bide, sinon, tu es immédiatement invalidé-e. Pas étonnant que plusieurs FTM se mettent à la musculation pour compenser s'il faut être 12 fois plus fort qu'un mec cis avant de réussir à prouver ta masculinité. Mais bon, comme ça fait de nous des beaux gosses adulés par les femmes, alors c'est pas grave, ça nous rend super-privilégiés. On peut parler du milieu queer qui provoque l'aliénation des mecs trans non-conformes dans le genre ? Parce que ça existe aussi ça ! Je n'ai aucune idée de la proportion que ça peut avoir par rapport à celle des AMAB dans ce cas
(et je n'ai pas la prétention d'en parler parce que je n'y connais rien, d'ailleurs tu remarqueras que je n'ai jamais dit que les problèmes des femmes trans n'étaient pas des problèmes graves, simplement que nier ceux des mecs trans est nul. Il y a une différence entre dire "les tornades ça fait mal" et dire "les tornades ça fait mal donc les inondations c'est pas grave". )
Sur la visibilité des femmes trans : je parles bien sûr de la visibilité de femmes trans qui ont choisi d'être visibles, pas de celle qu'on voit dans les faits divers du type "Machin change de sexe et devient Bidulette". Je parle d'actrices, d'autrices, de bédéistes qui sont trans et qui sont sur le devant de la scène, des femmes trans qui sont des modèles positifs et dans des domaines où la voix des trans peut porter. Et non, elles ne sont pas responsables de cette visibilité et cette dernière a des effets négatifs, mais on est jamais responsable des privilèges que l'on a, et tout privilège a sa facette négative. Comme je l'ai dit déjà, on a des problèmes similaires mais on a aussi des problèmes différents, et à mon sens,
utiliser les problèmes d'un groupe pour nier ceux de l'autre groupe, c'est mesquin et blessant.
Sur ce, j'ai du boulot, je prépare un mémoire sur un sujet pour lequel je trouve très peu de bouquins (probablement parce que je suis inculte et qu'en fait il y en a des tonnes mais que je suis trop stupide pour les trouver vu que j'ai pas un bac+10 option militantisme et réseaux queer capables de me fournir les fictions si intelligentes publiées en 10 exemplaires dans le milieu parisien si cultivé) parce que comme par hasard, c'est sur les transmasculinités. Mais bon, probablement que je trouverais des trucs écrits par des femmes trans qui ont une connaissance SI PRECISE des problèmes des personnes transmasculines (ne riez pas, j'ai encore rien trouvé sur les FTM écrit par un FTM à part l'autobiographie de Axel Léotard et
Mon corps en procès par contre j'en ai trouvé au moins trois écrits par des femmes trans. Mais bien sûr, je suis vraiment trop privilégié par rapport aux femmes trans.)
OH NON JE SAIS en fait c'est parce que les femmes trans sont tellement puissantes, fortes et intelligentes qu'elles se sont organisées très tôt et qu'elles sont bien plus douées littérairement que les mecs trans, du coup elles ont réussi à produire beaucoup plus de culture trans que nous. Je vais de ce pas m'incliner devant leur travail ô combien salvateur et mettre mon livre sur un héros FTM au feu, je pense que le travail d'une personne non-concernée aura tellement plus de valeur que le mien, je veux dire, je suis un mec trans, donc très très privilégié par rapport à elles, donc je n'ai pas vocation à parler de mon vécu, je veux dire, ça serait tellement oppressif par rapport au leur, ma voix prend déjà tellement de place dans le monde, ça va les étouffer, laissons-les donc s'exprimer, tant pis si certaines s'expriment sur quelque chose qu'elles ne connaissent de toute évidence pas. Je voudrais pas empêcher de parler des personnes autant opprimées par la société, loin de moi cette idée-là. Simplement j'estime avoir le droit de répondre quand on dit un truc qui nie mon vécu
négatif.