J'ai fini Si par une nuit d'hiver un voyageur, de Italo Calvino, qui m'a beaucoup plu. J'ai été assez surprise par cet exercice de style, troublé par cet auteur qui entretient la confusion en n'écrivant que des débuts de romans. Et on est, comme ce Lecteur (qui doit être nous finalement), impatients de connaître le fin mot de l'histoire, de cette quête du fameux livre qui était si prenant aux premières pages, qu'on cherche, qu'on ne trouve pas, et puis on en trouve d'autres... Et comme Calvino le décrit à plusieurs reprises, je me suis sentie comme une Lectrice assoifée de lecture qui finalement ne peut se contenter d'une histoire continue tout au long du livre, mais qui se passionne d'emblée pour les premières pages. D'ailleurs c'est ce que l'auteur ressent. Pour lui, un roman ne peut plus être long: "c'est un contresens d'écrire aujourd'hui de longs romans: le temps a volé en éclats, nous ne pouvons vivre ou penser que des fragments de temps qui s'éloignent chacun selon sa trajectoire propre et disparaissent aussitôt.'
Aujourd'hui, j'ai aussi lu le court recueil Dojoji et autres nouvelles de Mishima. J'avais peur d'être déçue par le style qu'il pouvait adopter dans ses nouvelles, tellement ses longs romans comme Les amours interdites ou Confession d'un masque (même si celui-ci est un peu moins long) m'avaient plu. Et puis non, je suis même agréablement surprise, et j'ai été assez captivée par certaines d'entre elles.
Dojoji, qui donne son nom à ce recueil, est un vrai bijou d'imagination. On se demande où Mishima est allé pêcher cette histoire d'armoire gigantesque qui referme plus d'un secret. Et puis surtout Patriotisme, nouvelle très dérangeante, à la limite du supportable à la fin, qui n'est pas sans rappeler la fin de la vie de Mishima, son suicide. Preuve que ça devait le travailler bien avant de passer à l'acte.