Question (pas si) con Qu'est-ce que l'attirance romantique ?

[Hypsoline]

Il est génial l'article sur l'éléphant invisible. Merci pour le partage !

Je vais essayer de donner une définition de l'attirance romantique par rapport à mes expériences personnelles.
Pour moi, l'attirance romantique c'est une envie très intense voire vitale de découvrir une personne qu'on a rencontrée ou croisée. Une fois que cette envie-de-savoir-précisémment-qui-est-la-personne se déclenche, elle reste très fortement ancrée dans les pensées et je pense à la personne concernée de façon très récurrente en me disant que j'ai besoin de la voir/de lui parler. Chaque pensée sur la personne ou chaque interaction avec va donner lieu à un espèce de choc psychologique qui physiquement va se traduire par une montée d'adrénaline, comme celles qu'on peut avoir quand on est dans une attraction de fête foraine qui nous fait vraiment peur. Ces pensées sont assez obsessionnelles parce qu'il y a cette impression que c'est vital de se lier à la personne, de "ne surtout pas la rater" parce que ce serait passer à côté de quelque chose -dont on ne sait rien mais- dont on a la certitude que ça va être fort et intéressant. On ne choisit pas d'y penser, c'est imposé. Même quand on sait que le crush n'est pas réciproque.
Dans mon cas, à chaque fois j'en sais très peu sur lesdites personnes mais j'ai la ferme intuition que ce sont des "trésors cachés", qu'il y a quelque chose de profondément intéressant à découvrir en elles et que je suis la seule à le percevoir. J'ai l'impression de voir un détail caché et invisible chez ces personnes qui attire mon attention et va me donner envie de m'en rapprocher et d'en savoir plus (le feeling ?). C'est un peu comme si j'étais un spectateur privilégié. J'ai très envie de montrer à ces personnes qui je suis et je prend énormément de plaisir à leur révéler des détails sur moi parce que je me sens plus intense que d'habitude, plus libre de parler et je me sens beaucoup plus écoutée qu'en en parlant à n'importe qui d'autre. Et réciproquement, j'ai très envie de les écouter me raconter des détails sur leur vie, sur leurs perceptions ou leur avis sur des sujets un sérieux. J'ai l'impression de les écouter d'une façon beaucoup plus sérieuse et investie qu'avec d'autres, pas forcément parce que je suis plus à l'écoute, mais parce que je perçois l'information d'une façon très émotionnelle.

Après, il y a différents degrés d'investissement qui vont faire qu'on va être dépendant de quelqu'un plus ou moins vite. Ca m'est déjà arrivé d'avoir des coups de foudre et de ressentir ce besoin vital dès la première rencontre et d'avoir absolument besoin de revoir la personne, mais ça peut aussi devenir vital plus tard c'est-à-dire qu'on peut avoir un souvenir marquant de la personne et savoir que ça deviendra vite vital si on la revoit. Dans tous les cas, j'ai toujours eu une intuition particulière à la première rencontre. Une sorte de "je sais que ça va être spécial" mais sans jamais pouvoir qualifier la relation (amitié forte, amour), et à chaque fois je capte à postériori que ça a été un crush ou de l'amour.

Pour moi, la volonté de partage de vie arrive quand j'ai dépassé le stade du crush et que je suis tombée amoureuse.

 

[HEDN]

Alors, j'avoue que je suis vachement contente de voir une discussion autour de Amitié < relation amoureuse? parce qu'étant aroace, mes amitiés "vraies" sont souvent tr-s, TRES fusionnelles. On m'a dit il y a quelques mois, lors d'un coming out, que "c'est dommage" et que je "passe à côté de quelque chose" soi-disant parce que se dire aro, c'est une définition qu'on choisit de s'imposer. et de s'y tenir. J'ai trouvé ça hyper insultant parce que j'ai eu la sensation qu'on minimisait ma capacité à ressentir. Oui, je ne tombe pas amoureuse et ça ne me tente pas non plus; non ça ne m'empêche pas d'aimer d'amour, d'aimer passionnément. Mes meilleurs amis, je les aime si intensément que songer à les perdre ou à être contrainte de me séparer d'eux me fait énormément souffrir et je pense souvent à eux, comme ça, random dans la journée, tout le temps. Je leur parle dans ma tête, dans mon coeur, je m'inquiète de savoir ce qu'ils font, ce qu'ils pensent de moi, ce que je fais par rapport à eux. Je veux bien admettre qu'aimer amoureusement et aimer un ami sont deux choses différentes, mais il ne faut pas me dire qu'être amoureux est plus intense, ou que c'est "trouver la bonne personne avec qui on veut passer le reste de sa vie, on a peur pour iel, celle à qui on peut se confier et faire entièrement confiance, on partage une intimité". Ca fait super mal à chaque fois que j'entends ça j'ai l'impression d'être invalidée. Alors que non, certes je n'ai aucune idée de ce que ça fait de tomber amoureuse, mais j'ai passé trop de temps à vouloir trouver le partenaire de couple à tout prix au lieu de partager plus avec mes amis et être honnête envers moi-même pour faire ce retour en arrière.Certes les labels sont pas forcément nécessaire, mais si quelqu'un se sent soulagé grâce à ça il ne faut surtout pas lui dire que quand même il pourrait faire l'effort de vouloir passer par une norme finalement caractérisée par une prétendue non-nomination.

EDIT: en me relisant je ne suis pas sûre de faire sens mais pour ma défense, j'ai passé une nuit blanche.

 

[Angel.]

@HEDN : Je suis aro aussi et juste pour ce que tu dis sur l'amour je ressens la même chose

 

[HEDN]

En vrai, j'ai, beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses à dire. Tellement que j'ai décidé d'ouvrir cet été un Tumblr sous le titre de asexuellementvotre où le but ne sera pas juste d'apprendre mais surtout de comprendre, de débattre et de s'interroger, pour les aro, les aces, les gens sur les spectres, pour expliquer à ceux qui ne voient pas ou qui s'interrogent, pour parler fanfic AU, headcanons et autres.
En attendant, parce que la question de l'amour me fascine (et non pas du sentiment amoureux -enfin, je vais pas en parler comme ça), je veux vous partager deux trucs:

La première, c'est une métaphore (un chouïa cynique) que je donne lorsque j'essaie d'expliquer *ma* conception des relations amoureuses, de tomber amoureux etc. Je vous le donne en mille, je peux paraître pour certains un poil désagréable... Mais c'est une vision, et ce n'est jamais que la mienne. Pour moi, lorsqu'on me demande quelle distinction je fais entre l'Amour et le sentiment amoureux, je l'exprime ainsi: A mes yeux, l'Amour dans son absolu, dans son cadre de concept transcendant, est comme un gâteau. C'est plein, entier. Et le sentiment amoureux, je vois ça comme le glaçage, le visuel du gâteau. Dans ma perception des choses, j'ai le sentiment que les gens s'attachent plus facilement au glaçage et s'esbaudissent devant, jusqu'à en oublier le gâteau. Les gens sont amoureux et oublient d'aimer. Certains voient le gâteau et le glaçage, mais la plupart te vendront le glaçage comme étant le gâteau.
Bon, c'est peut-être confus. J'ai une meilleure comparaison, sinon. Vous vous souvenez des bonbons acides? Un bonbon, par essence c'est sucré. Auquel on ajoute l'aspect acide - mais c'est un additif, ce n'est pas l'essence du bonbon, on est d'accord. Les gens qui mangeront le bonbon acide retiendront tous ou presque uniquement le goût acide, et vous diront que le bonbon est acide, non pas que c'est un bonbon acidulé, ou même qu'ils ont goûté à un additif (au goût) acide. Ils transfèrent toute l'essence et l'identité du bonbon sur la caractéristique acidulée.
L'amour c'est le bonbon à l'état brut que tout le monde oublie pour le noyer sous une suprématie amoureuse, l'acidité prenant le pas sur le sucré. Les gens appartenant à cette majorité, aussi appelée norme réduisent l'Amour à se contenir par et à travers le sentiment amoureux. En font un composant indissociable et même majeur... Alors que ça devrait être dans l'autre sens.

Mais non.
On peut Aimer, sans être amoureux. On peut aimer immensément fort, avoir envie de vivre avec quelqu'un et pour quelqu'un sans ressentir d'attirance pour lui. On peut avoir le coeur qui s'attendrit et s'apaise au moindre message de cellui qu'on aime. On peut aimer avec cette tendresse immense, sans que ça soit amoureux du tout. Je sais que quand je pense à quand je vais retrouver N., je souris béatement dans le vide, en l'imaginant devant moi, me voyant la serrer dans mes bras et la dévisager en songeant à quel point elle est important pour moi. Je sais que quand je regarde T., je le trouve magnifique, dans le sens où sa personne rejaillit de l'extérieur, sa bonté, sa gentillesse, son Être, tout bêtement. Je le trouve incroyablement beau et doux et je pose ce regard sur lui, de reconnaissance, de gratitude. Je sais que quand j'évoque E., je suis envahie par la fierté, par la bienveillance, par une admiration pure.
Je les aime, parfois à en avoir mal à en crever.
Pour autant, je sais aussi avec certitude que je ne suis en aucun cas amoureuse. Je les aime chacun de manière pleine et entière. Je les aime à l'état d'éléments absolus.
Donc voilà, je ne pense pas que la relation amoureuse soit forcément plus que l'amitié, parce que parfois l'amour pur se contient dans l'amitié... Et je n'ai pas la sensation de vivre moins qu'un alloromantique, non.


La deuxième chose... C'est un post en anglais que j'ai rencontré sur Tumblr et qui exprime très bien aussi ma pensée et ce que j'estime:

A lot of people ask me what my biggest fear is, or what scares me most. And I know they expect an answer like heights, or closed spaces, or people dressed like animals, but how do I tell them that when I was 17 I took a class called Relationships For Life and I learned that most people fall out of love for the same reasons they fell in it. That their lover’s once endearing stubbornness has now become refusal to compromise and their one track mind is now immaturity and their bad habits that you once adored is now money down the drain. Their spontaneity becomes reckless and irresponsible and their feet up on your dash is no longer sexy, just another distraction in your busy life.
Nothing saddens and scares me like the thought that I can become ugly to someone who once thought all the stars were in my eyes.

I never expected this to be my most popular poem out of the hundreds I’ve written. I was extremely bitter and sad when I wrote this and I left out the most beautiful part of that class.

After my teacher introduced us to this theory, she asked us, “is love a feeling? Or is it a choice?” We were all a bunch of teenagers. Naturally we said it was a feeling. She said that if we clung to that belief, we’d never have a lasting relationship of any sort.

She made us interview a dozen adults who were or had been married and we asked them about their marriages and why it lasted or why it failed. At the end, I asked every single person if love was an emotion or a choice.

Everybody said that it was a choice. It was a conscious commitment. It was something you choose to make work every day with a person who has chosen the same thing. They all said that at one point in their marriage, the “feeling of love” had vanished or faded and they weren’t happy. They said feelings are always changing and you cannot build something that will last on such a shaky foundation.

The married ones said that when things were bad, they chose to open the communication, chose to identify what broke and how to fix it, and chose to recreate something worth falling in love with.

The divorced ones said they chose to walk away.

Ever since that class, since that project, I never looked at relationships the same way. I understood why arranged marriages were successful. I discovered the difference in feelings and commitments. I’ve never gone for the person who makes my heart flutter or my head spin. I’ve chosen the people who were committed to choosing me, dedicated to finding something to adore even on the ugliest days.

I no longer fear the day someone who swore I was their universe can no longer see the stars in my eyes as long as they still choose to look until they find them again.

(je suis désolée, je suis crevée, je vais pas réussir à traduire là tout de suite mais si quelqu'un est en forme... vous pouvez m'aider d'avance à traduire ♥)

 

[luciole99]

Je remonte ce fil en espérant qu'il y aient d'autres madz motivées pour poursuivre la discussion et partager leurs expériences :-) Je trouve les anciens posts très beaux, et ça me fait du bien de lire le récit d'expériences et d'émotions si semblables à ce que j'ai pu éprouver moi-même. Je suis très probablement asexuelle, et j'ai vécu aussi de ces attirances apparemment si étranges qui ne relèvent ni d'une "simple" amitié ni d'un amour sexualisé. Je trouve que c'est particulièrement difficile d'appréhender ses propres ressentis, dès lors que ceux-ci s'accommodent mal des normes et des étiquettes, surtout quand notre façon d'aimer et de ressentir semble être tout bonnement inconcevable pour la plupart des gens. J'ai mis du temps à pouvoir cerner mon "fonctionnement", et je ne suis pas certaine d'en comprendre encore toutes les facettes.

Spoiler: +

Ce contenu est réservé aux membres inscrit.es. Inscris-toi par ici.

 

[shigurette]

Coucou @luciole99

Spoiler

Ce contenu est réservé aux membres inscrit.es. Inscris-toi par ici.

Si tu veux, tu peux assez venir discuter sur le topic ace/aro : http://forums.madmoizelle.com/sujets/asexualite-aromantisme-spectre-arc.104503

 

[luciole99]

@shigurette :

Spoiler: +

Ce contenu est réservé aux membres inscrit.es. Inscris-toi par ici.

 

[shigurette]

@luciole99 encore une fois, j'aurais pu l'écrire moi-même