Hole;3755876 a dit :
Oui @
Emel- c'était ironique
Je soulignais la dangerosité que représente une telle liste pour l'image de l'islam. Sans explication supplémentaire, c'est outil très efficace pour n'importe quel site d'extrême droite ("voici la réalité de l'islam").
Au niveau national, dégagerais-tu une tendance générale dans l'interprétation des textes et les pratiques ? Vers une radicalisation ? Une occidentalisation ?
Selon quels facteurs ? Capital social, culturel, économique, localisation, famille...
Oui, je comprends, je l'ai mise seulement pour souligner que l'homosexualité n'était pas le plus grave "péché" mais c'est vrai qu'un site d'extrême-droite s'en donnerait à coeur joie (quoique je ne suis même pas sûre qu'ils ont besoin de cette liste)
Honnêtement à l'échelle nationale je ne saurais dire, la "communauté" (je n'aime pas ce terme m'enfin) musulmane reste très diversifiée et sachant qu'il n'y a pas de clergé à proprement parler (tout le monde se moque du CFCM qui n'a aucune légitimité), il n'y a pas vraiment de tendance qui se dégage. Maintenant, d'après mon expérience (je me suis convertie en 2006), j'ai remarqué que la pratique des musulmans que j'ai côtoyés s'est accentuée au fil du temps, mais pas vraiment de "radicalisation" (enfin pas trop). Là où je vivais, il y avait pas mal de "tablighi", un groupe très prosélyte, qui cherche à appliquer scrupuleusement le Coran et la Sunnah mais qui n'est pas dans le rejet de l'Occident, ils sont assez voire complètement coupés des réalités (que ce soit sur le plan national ou international, ce n'est pas leur préoccupation). C'étaient les plus actifs et ensuite les salafi (retour aux fondamentaux, suivre "la voie des pieux prédécesseurs") ont débarqué, là il y en a deux types, ceux qui sont pro-gouvernements arabes (ils se considèrent comme étant le groupe destiné au Paradis, dénigrent tous les autres courants, l'humilité n'est pas trop leur truc) et ceux qui sont plus dans l'optique de la nécessité du jihad défensif (et offensif parfois), d'ailleurs ils se haïssent entre eux même s'ils partagent la même conception du Tawhid (unicité).
Donc après, ça dépend aussi des coins. Dans certains quartiers les tablighi sont très implantés, dans d'autres ce sont les salafi après ils ratissent où ils peuvent. Après dans mon entourage, j'ai constaté que plus mes ami(e)s musulman(e)s vivaient confortablement, mieux elles étaient "intégrées" (socialement) et plus elles étaient pauvres, plus le repli religieux était fort. Un truc tout bête mais j'ai très souvent entendu "les compagnons du prophète 'alayhi salat wa salam se contentaient du minimum, il faut suivre leur exemple", je ne sais pas si c'est seulement religieux, parfois j'ai l'impression que ça les aide à mieux accepter leur condition sociale. Je pense également que le capital culturel joue un rôle quant-à la perception qu'ils ont de ce qui les entoure. Ça se ressent dans les conversations, dans les discours tenus. Il y a des personnes qui ne parleront que de religion parce qu'ils ne connaissent presque que ça (et aussi parce qu'on leur dit que les matières profanes ne sont d'aucune utilité et que c'est une perte de temps) et d'autres qui verront plus loin. J'ai parfois du mal à discuter avec certaines "soeurs" parce qu'elles pensent que les mesures qui restreignent leurs libertés (interdiction du voile à l'école, plus récemment du voile intégral) sont uniquement dues au fait que les mécréants haïssent l'Islam et qu'ils feront toujours tout pour "éteindre la lumière d'Allah".
La grande majorité des musulman(e)s que j'ai rencontrés venaient de familles plutôt traditionnelles, beaucoup d'entre eux ont eu du mal à faire accepter leur choix (surtout le voile pour les filles), je ne pense pas vraiment que leur famille a participé à leur "retour aux sources", au contraire. Et le rôle d'internet aussi, parce qu'avant il était bien plus difficile de trouver des informations, des livres alors qu'aujourd'hui, il y a de tout (tellement qu'on s'y perd quand on commence à pratiquer l'Islam, on a vite des avis tranchés alors que c'est infiniment plus large). Et la "force" des salafi, c'est qu'ils pullulent sur le net contrairement aux tablighi par exemple (et quand on recherche un avis, on tombe très souvent sur une fatwa émise par un théologien saoudien).
Donc voilà, je ne suis pas sûre que ce que j'ai dit vaille grand chose parce que c'est juste mon expérience. Après, j'ai rencontré une amie qui faisait une enquête qualitative auprès de musulmanes portant le voile intégral pour son mémoire (celle s'était entretenue avec moi à cette époque, j'hésitais à le porter) et elle m'avait dit que j'étais une des rares à tenir un discours "autre" (et je lui suis très reconnaissante parce que sa rencontre a été un des facteurs qui m'a donné envie de poursuivre mes études). Ce qui ressortait, c'est que beaucoup de femmes portant le voile intégral avaient eu une vie très dure et que le voile intégral était pour elles une façon de rompre avec leur passé.