Et pour les parents, j'ai une question mais j'arrive pas à la formuler, je comprends qu'on puisse avoir envie de faire un enfant pour différentes raisons, mais pourquoi les raisons de ne pas en faire ne gagnent pas ? Par exemple les gens pour qui l'écologie c'est important, comment, rationnellement parlant, vous pouvez vouloir des enfants ? Pour moi c'est à l'opposé d'un choix juste ... Genre le désir d'enfanter est plus fort que tout ?
Du coup si vous deviez faire 2 colonnes pour ou contre faire des enfants, y'aurait quoi dedans, qui aurait le plus d'arguments ? Combien pèse chaque argument dans chaque colonne ?
C'est une question qui me taraude beaucoup, mais plutôt dans l'autre sens. Moi aussi je ne sais pas trop comment démarrer, alors, euh, je m'explique:
Pour moi, poser ainsi la question installe déjà deux idées conçues comme acquises et sur lesquelles on est d'accord:
- C'est poser comme idée première que l'être humain est intrinsèquement nocif, que son existence même est néfaste au monde;
- C'est poser comme idée seconde qu'il y a un idéal à atteindre en terme de conservation de la nature, qu'il y a une sorte de tableau parfait qu'il faudrait pouvoir récupérer, et qu'ensuite que surtout rien ne change jamais jamais, parce que ça serait une perte.
Je ne pense pas qu'il y ait un idéal écologique à atteindre. En soi, la nature s'en fout, elle ne pose pas de jugements: la vie continue d'évoluer, des espèces vont et viennent, des extinctions de masse apparaissent et ensuite la diversité des espèces se reconstruit lentement, et puis au final un jour toutes les réactions physiques qui ont provoqué les changements nécessaires à l'apparition de la vie vont continuer leur changement dans une direction qui rendra la vie impossible, le soleil va s'éteindre, la planète va crever, l'univers va atteindre un point où tout s'arrête (probablement, peut-être, au vu du peu que j'ai retenu de mes cours de science) et l'univers s'en fiche puisque l'univers n'a pas de conscience propre, pas la capacité à poser un jugement, et donc pas la capacité à se préoccuper ou non du sort des changements qui se produisent en son sein.
Et en soi, d'un point de vue "externe" on peut aussi voir les humains comme l'une de ces innombrables espèces qui s'adaptent à leur environnement pour assurer leur survie (tant au point de vue individuel qu'au point de vue de l'espèce) et qui, trop bien adaptés, anéantissent les ressources dont iels ont besoin pour garantir leur survie, un peu comme les lapins en Australie qui sans prédateurs rasent lentement l'Australie et vont finir par se retrouver sans rien à bouffer si on les laisse faire.
L'écologie, au final, c'est un jugement que l'espèce humaine pose sur son milieu (ce jugement étant "la diversité de la vie est préférable et l'adaptation de notre environnement à nos besoins a des conséquences qui sont néfastes à nous comme à cette diversité, et qu'il faut connaître et éviter") et une attitude (culturelle je dirais même) visant à conserver les ressources, les richesses et les diversités de ce milieu dans le but d'assurer la pérennité de son espèce comme de celle d'un maximum d'autres espèces - en soi, une attitude de préservation. Mais cette attitude-là n'est pas "naturelle" elle est un choix conscient, un choix politique.
Et, je ne sais pas, moi j'ai envie d'avoir des enfants? Je suis pas écolo "par principe" souvent je ne fais rien "par principe" je suis écolo parce que je considère que c'est un net positif pour tout le monde, les humains capables de juger qu'il y a un net positif à une échelle plus qu'individuelle / liée à un groupe restreint, comme les animaux et les plantes pour qui je juge que c'est positif qu'iels continuent d'exister (alors que je ne suis pas sûre qu'il y ait un tel jugement abstrait, même si chaque plante et chaque animal tente d'assurer sa survie et la pérennité de sa descendance), comme aussi l'environnement physique modelé par l'évolution des forces sur la Terre, les vents et l'érosion, l'eau, les plaques tectoniques, environnement qui ne se remodèle pas à une échelle facile à appréhender par les individus de notre espèce.
Du coup, l'idée de faire des colonnes "pour" et "contre" me mystifie totalement
pourquoi faire ça? Si la préservation de l'environnement est un besoin tel qu'il faille lui sacrifier sa descendance, son espèce (et dans l'idéal, dans la continuation logique, tous ses pairs et soi), bah, au final, euh, j'ai l'impression qu'on sacrifie l'humanité à un idéal. Et euh, enfin, je sais pas, ça m'intrigue.