@Azeban très intéressant, l'article des Vendredis intellos. Il y a notamment un commentaire sous l'article qui m'a frappée : celui qui met en lumière la notion de responsabilité.
Moment anecdote :
le petit parc public qui jouxte mon école maternelle et où j'allais jouer petite avec fratrie et amis a sensiblement changé de physionomie à mesure du temps. Le principal "jeu" qui était haut (plus d'1m90 je dirai, je me souviens que ma mère devait lever les bras pour nous passer le ballon quand il tombait), qui comportait deux tourelles auxquelles ont accédait en grimpant, avec une poutre qui les reliait, qui supportait elle-même un filet sur lequel on pouvait grimper, et dont on descendait en toboggan (toboggan en métal avec rebords en bois) a disparu : trop dangereux. Le revêtement en terre battue a cédé la place à un genre de gomme, qui a elle même cédé la place à une gomme de meilleure qualité, la gomme précédente faisant des petits copeaux, des enfants auraient pu en manger. Les buissons qui ceignaient le parc et l'isolaient de la rue ont été enlevés (car ils pouvaient servir de cachette). Bon, l'anecdote, c'est quand le revêtement en terre battue a été supprimé, j'avais demandé pourquoi au maire du coin, qui m'a dit "des enfants se sont fait mal en tombant". Dont acte.
La question de la responsabilité c'est que l'accident se transforme en préjudice. Or, s'il y a un préjudice, il y a un responsable, et de dommages et intérêts à la clé.
@Lacus_Clyne
je ne sais pas si on peut parler de "ségrégation" de l'espace public, mais c'est vrai qu'il y a d'un côté les espace pour les gens avec enfants, et de l'autre côté les espace pour les gens sans. Les équipements sont des révélateurs des ségrégations. Tu parles des toilettes publiques, je pense à la présence de poubelles dans les toilettes publiques, à la présence de lavabos...Les tables à langer, c'est révélateur. L'accessibilité aussi. Le fait de ne pas pouvoir caser de poussettes dans un bar ou un resto, c'est aussi une manière de choisir sa clientèle.
Je reviens un peut sur ma "marotte" sociétale, mais d'un certain point de vue c'est logique : si on considère qu'avoir des enfants est un choix purement individuel, on considère alors naturellement que les conséquences de ce choix doivent être assumées de manière purement individuel.
Raisonnement typique (anecdote n°2) : on va dans un bar-lounge-branché-cocktail-djeuns-toussa. Time to change la couche du bébé. Direction les gogues. Pas la moindre surface assez grande et assez plane pour poser le marmot. Ni une, ni deux, et surtout pas trois, on procède à l'opération sur une banquette inoccupée du bar (et à proximité de personne). Le barman nous alpague (ah !) "c'est sale, ne faites pas ça ici". Nous rétorquons : "cher monsieur, nulle autre solution ne s'offre à nous" (en vrai : "va secouer tes mojitos, lâche-nous les ovaires, tête de fruit de chêne"). C'est super efficace. Le barman se retire non sans marmonner à haute et intelligible voix "quand on veut faire des enfants, on traîne plus dans les bars toute la journée, [insérer ici insulte lesbophobe, car nous étions deux femmes à torcher le marmot]". True story.
Conclusion : pour ce monsieur il semblait évident que nous étions en tort de vouloir conserver des habitudes "bébé-incompatible". Dans son esprit, passer la journée au bar est fortement associée à un type d'individu, et les parents avec enfants n'en font pas partie. Dès lors, il est vain d'attendre que cet établissement s'adapte à une clientèle dont il n'a ni besoin, ni envie.
La solution : considérer les enfants et les bébés comme des être humains. Et légiférer. Oui, carrément, je suis pour l'imposition de la table à langer dans tous les gogues des lieux accueillant du public par la loi !!
Pourquoi ?
Je vais reprendre le parallèle avec les personnes handicapées : si la loi n'impose pas l'accessibilité, alors les établissements qui peuvent se passer des personnes handicapées comme clientèle ne feront jamais (ou presque jamais) l'effort matériel et financier pour s'adapter. Et encore, avec la loi imposant l'accessibilité, les passe-droits sont nombreux (notamment ceux qui sont liés au patrimoine : tu comprends, faut pas casser des vieilles pierres, c'est important les vieilles pierres, plus que les personnes en fauteuil roulant qui veulent boire un café, ielles peuvent très bien aller au courtepaille pour boire un café, non ? )
Cela dit, du côté plus jouasse de la vie, je remarque de plus en plus de magasins qui font des places de parking "famille". Avec un marquage vert pour les reconnaître, et des petites silhouettes (un papa, une maman, 1.9 enfants
), et une dimension de place un peu plus grande (histoire de faire sortir la poussette plus facilement) et à hauteur de trottoir (pour pas que les enfants se fassent faucher en courant). C'est bien. Mais là encore, c'est les hyper et super marchés qui le font, pour faire venir des gens qui vont beaucoup consommer. Ce ne sont pas les communes qui le font pour rendre leurs villes accessibles à tous-tes.
En aparté : la question de la focalisation sur la pédophilie est à double tranchant. Certes, on met aujourd'hui en place des garde-fous partant du principe que tout adulte est un potentiel prédateur. Mais y'a 40 ou 50 ans, le raisonnement étant réellement inversé : tout enfant était un menteur ou un manipulateur. Après l'affaire d'Outreau, on a vu les dérives de cette focalisation sur la pédophilie.