Deux points d'actualité récents : le rôle du gouvernement français dans le sapage du congé paternité européen, et la nouvelle loi ELAN.
Une directive européenne récente présentait un plan ambitieux en faveur de l'égalité hommes -femmes, à savoir un congé paternité digne de ce nom (au moins 10 jours obligatoires), un congé parental possible de quatre mois par parent, non transférable de l'un à l'autre, et une rémunération équivalente au congé maladie.Le texte a finalement été vidé de sa substance, sous l'action de différents pays au premier rang desquels la France, à tel point que l'effet serait inversé: "
Ce qui contribuerait à un transfert de ce congé parental des pères vers les mères et à leur éloignement du marché du travail, alors que l’objectif de la directive était inverse". Macron a déclaré que la nouvelle mouture du texte était plus adaptée au nom du réalisme financier.
« Cette directive vient de la Commission européenne, qui n’est pas une institution révolutionnaire, et la France, en participant au groupe de pays qui bloquent [sur une meilleure indemnisation des congés parentaux – ndlr], apparaît parmi les plus rétrogrades », regrette Christine Revault d’Allonnes, députée européenne et présidente de la délégation socialiste française.
Sources
Le Monde,
Le Point et
Mediapart.
Second point, je commence à me renseigner sur la loi ELAN (sur le logement social). Je n'ai pas encore tous les détails, mais déjà, un point positif, c'est que pour une fois le gouvernement ne passe pas en force avec les ordonnances comme il le fait d'habitude, donc il y aura davantage de débat et d'amendements lors du processus législatif.
Les éléments du projet sont a priori l'imposition de revente massive de logements sociaux de la part des organismes concernés, passant de 4000 à 80000 par an, sans l'accord des maires et ce quelque soit la situation en termes de quotas de logements sociaux. Bénéfices en vues pour les groupes privés qui se porteront acquéreurs... D'après
cet article d'Alternatives économiques par Daniel Goldberg, député spécialiste de ces questions:
Il s’agit surtout en réalité de développer la vente d’immeubles en blocs à des sociétés qui, immédiatement ou au bout de 10 ans, en feront des logements à prix libres, avec une forte rentabilité à la revente ou en location. Pour encourager un peu plus à aller dans ce sens, les immeubles ainsi vendus resteront pendant 10 ans dans le quota de logements sociaux reconnu à la commune, quota qui doit atteindre 25 % en 2025.
Il y a un risque d'accroissement de la ségrégation sociale:
Bien entendu, les organismes HLM vendront dès lors la partie de leur parc potentiellement la plus rentable, avec un risque accru de ségrégation et de paupérisation de la population du parc HLM résiduel. Pour tout nouveau logement social construit, on devra désormais prévoir sa possible revente à terme, au bout de dix à quinze ans. Dit autrement, c’est la financiarisation du logement social qui est en marche, avec des investisseurs privés qui chercheront une rentabilité certaine et rapide. Tous les pays qui se sont déjà engagés dans cette voie ont déséquilibré leur secteur du logement social et en souffrent encore.
.
Enfin cette mesure pourrait déstabiliser le secteur de la construction, où les logements sociaux font effet tampon.
A écouter aussi
ce reportage de France Inter.