Bonesfree;3447553 a dit :
hey vu que toutes les expériences ne sont pas les mêmes je pense que tu peux rédiger x) En tout cas moi ça me ferait bien plaisir ^^
Bien sûr
Par contre, excusez-moi d'avance si mon post semble un peu "décousu" et long
Laissez moi donc vous raconter le fabuleux monde de l'archéologie. Je suis toute neuve dans le métier, mais je peux peut-être compléter le témoignage de
Bonesfree (et pardonnez moi s'il y a des moments où je raconte la même chose qu'elle...) Et si vous avez besoin de précision, n'hésitez pas à demander !
Comment m'est venue l'envie de devenir archéologue ? : Certaines d'entre vous ont peut-être, comme moi, connu ce moment où, peu avant le bac, on vous demande de décider ce que vous ferez de votre vie. Jusqu'au début du lycée, j'étais persuadée que je ferai des études de journalisme. Mais, un jour, je devins lucide et je me suis dit que mes capacités rédactionnelles ne suffiraient pas : il faut à mon avis un poil plus de confiance en soi que ce que j'avais à l'époque (l'adolescence toussa...), plus de culot, moins de timidité, etc.. Bref, ce monde là me faisait peur, finalement. Je ne m'y voyais pas.
Une chose était sûre, si c'était possible, je me verrai bien travailler soit dans la culture, soit dans l'environnement. J'avais aussi envie de travailler en extérieur si possible. Mais les métiers de l'environnement me semblaient vachement trop scientifiques pour moi (et j''étais en ES). J'aimais beaucoup l'histoire, je me suis donc renseignée sur les programmes en fac d'histoire, et ça m'a tout de suite vachement "parlé". Puis dans le bouquin qu'on vous file au lycée pour vous aider a vous orienter, j'ai vu un truc qui me parlait encore vachement plus : la licence histoire de l'art-archéologie. Sur le coup je n'ai pas décidé que je ferai archéologue, surtout que je n'y connaissais pas grand chose. L'histoire de l'art m'inspirait autant que l'archéologie (et j'aime toujours l'art aujourd'hui !)
Donc contrairement à beaucoup d'archéologues ou d'étudiants en archéologie, l'archéologie n'était pas quelque chose que j'avais dans les tripes depuis mes 8 ans, j'ai choisi ça au feeling, mais on ne peut pas dire que c'était non plus un choix par dépit !
Les études : La licence que j'avais choisi se faisait à la fac Lille 3, ce qui a aussi pesé dans mon choix, parce que je ne connaissais pas Lille, mais ça me semblait vraiment génial, d'après ce que je racontais mon grand frère qui y était depuis 1 an. En plus je suis attachée à la région du Nord, ma famille étant ch'ti
J'ai donc fait ma licence en trois ans, mais je peux vous dire qu'au niveau des effectifs, il y a bcp de différence entre la 1ère et la 3ème année (comme dans beaucoup d'autres licences) : on passe d'un amphi plein à ras bord au tout début à une petite salle perdue au fond des méandres de la fac après 3 ans, avec environ 15 personnes maxi qui viennent régulièrement en cours... Les deux premières années sont partagées entre l'histoire de l'art et l'archéologie, avec quand même une prédominance pour l'histoire de l'art, même si on a eu le droit de choisir quelques options pour s'initier doucement à l'archéologie. Ces premiers contacts avec l'archéologie m'ont tout de suite vachement plu, mais je considère aujourd'hui que le programme était loin d'être suffisant concernant l'archéologie, et portait sur de la théorie qui m'est aujourd'hui pour une grosse partie inutile, à part pour ma culture générale :/ Par exemple on a étudié en long en large et en travers les temples ou l'urbanisme grec, c'est cool, mais on sait pertinemment qu'il y aura au mieux peut-être disons 3 personnes qui travailleront réellement sur la Grèce antique ! (et encore je vois large !)
Seule la troisième année de licence entrait à peu près dans le vif du sujet et nous proposait des cours pour enfin apprendre les bases de la stratigraphie (ce sur quoi repose toute l'archéologie tout de même !), les bases du dessin (des cours dont je n'ai eu qu'un aperçu pour cause de gros mouvements de protestation chez les étudiants, ce qui a ponctué toute ma licence en fait, avec blocages de fac etc), les théories de la datation, etc... en plus des cours théoriques sur les grandes périodes : préhistoire (en option), protohistoire, antiquité gallo-romaine, période médiévale (en option aussi !) et rien sur les periodes modernes et contemporaine
En troisième année, il était par contre obligatoire de faire un stage (minimum 3 semaines si je me souviens bien) et de rédiger un petit rapport de stage.
Lorsque j'ai obtenu ma licence, j'ai choisi de me diriger vers un master professionnel. J'étais un peu frustrée de la formation en licence, trop éloignée des réalités de l'archéologie, et puis je n'avais pas envie de faire de la recherche pure. Il existe quelques masters professionnels d'archéologie en France, mais j'ai choisi un master pro en archéologie préventive (=opérations archéologiques qui ont lieu avant des travaux de construction susceptibles de détruire des vestiges), puisque ce n'est pas avec l'archéologie programmée (= bosser sur un chantier en tant que bénévole l'été) que tu paies tes factures ! ^^
C'est à l'université Montpellier 3 que j'ai fait mon master pro.En plus du master pro archéologie préventive, la fac propose 3 masters recherche : préhistoire et protohistoire ; antiquité et période médiévale ; égyptologie. Les 4 masters sont orientés sur les cultures méditerranéennes, mais ne ont pas vraiment "enfermés" dans cela.
Le master archéologie préventive a la spécificité d'être pro pour les deux années et non pas seulement pour la deuxième année comme bcp d'autres masters (en tout cas à ce moment là, peut-être que ça a évolué). Ce master a été crée en 2004 et avait pour credo de faire participer tous les acteurs de l'archéologie préventive à notre formation, mais aussi que nous mêmes entrions dans le monde de l'archéologie grâce à un stage chaque année (celui de la deuxième année, avec la rédaction du mémoire de stage, constituant entièrement le 4è semestre = la seconde moitié de l'année). Pour les deux années, nous choisissions 4 options par semestre parmi les 12 proposées (si je ne me trompe pas !). Ces options étaient des cours théoriques thématiques. Ex (encore une fois, je ne suis pas sure des intitulés) : Production et échanges et commerce en Méditerranée antique; Contacts entre les cultures en Méditerranée; Préhistoire ancienne...; Archéologie médiévale ; Paléoenvironnement; etc etc ! Autant vous dire qu'on a plutôt le choix ! Les cours sont intéressants et denses. En plus de ça, il y a des cours obligatoires notamment sur les méthodes, et des ateliers, surtout en 2è année. L'accent est également mis sur les dispositifs de l'archéologie préventive en France et là on étudie quelques textes de loi, les acteurs de l'archéologie, etc. Le truc très bien de ce master, c'est que OK vous êtes en master pro, vous touchez du doigt les réalités du métier, mais surtout l'archéologie ce n'est pas que du terrain : le terrain sert la recherche. Ainsi, en première année, on doit rédiger un mémoire sur le sujet de notre choix, sous la direction d'un des profs de la fac. Et même pour les autres cours et la deuxième année, et pour la rédaction du mémoire de stage, la recherche n'est pas oubliée.
J'ai donc obtenu mon diplôme, après une soutenance de stage hypeeeer stressante mais qui s'est bien passée pour ma part
Les réalités du métier : Mes premiers pas sur le terrain ont eu lieu dans le Nord, dans le service archéologique de la communauté d'agglomération du Douaisis, d'abord un été en tant que simple bénévole, puis deux autres fois en tant que stagiaire. Ce furent de très bonnes expériences, mais je regrette vraiment d'être restée si réservée, à ne pas oser poser de questions... J'ai eu un petit choc lors de mon premier chantier, puisque la réalité n'est pas tout a fait ce a quoi on s'attendait. Je ne sais pas si je m'attendais à quelque chose en particulier, mais en tout cas je ne pensais pas que ce métier était si dur physiquement et moralement : c'est à la fois du physique "sportif" (porter des charges lourdes, piocher, pelleter, faire de nombreux voyages avec la brouette chargée, etc), du physique "endurant" (les positions inconfortables, le mal de dos, de genoux, de poignets, les articulations qui trinquent, la fatigue...et le temps : canicule, tempête, gel, neige...) Aujourd'hui ces aspects ne me dérangent pas et je pense que mon corps s'est habitué, même si je sais que je risque d'avoir de l'arthrose à 35 ans ou un dos en compote... Mais faire ce métier c'est un choix, on appelle ça un "métier passion" ahaha !
Au début, la difficulté également c'est de saisir toute la complexité d'un chantier. Aujourd'hui c'est toujours parfois difficile pour moi, je pense que ça ne vient qu'au bout de plusieurs années!
La chose importante à savoir également quand on s'engage dans le monde de l'archéologie, c'est qu'il faut avoir le gout du travail en équipe et de la vie en collectivité. C'est même primordial ! Il faut savoir composer avec les caractères de chacun et penser aux autres. C'est une difficulté supplémentaire pour certains quand tu dois vivre en gite avec tes collègues 24/24 si tu travailles loin de chez toi (c'est le cas la plupart du temps). Personnellement, le travail d'équipe et l'ambiance si particulière des chantiers de fouilles, c'est une des choses que je préfère dans ce métier. Sur mon dernier chantier, j'ai bossé et vécu près de 9 mois avec les mêmes personnes, il y avait une ambiance de ouf et ça s'est hyper bien passé, et certains sont devenus de véritables amis
Je dois également signaler que l'archéologie, ce n'est pas que du terrain, mais aussi du travail en "base" (en labo et bureaux), de la post-fouille (ce qui prépare le travail de recherche c'est à dire la rédaction du rapport de fouille + rédaction des études spécialisées et du rapport de fouille) Actuellement, par ex, je travaille à faire en sorte que le travail de rédaction soit plus facile pour le responsable d'opération (le chef), les responsables de secteurs (les sous chefs) et les spécialistes : du coup je fais l'inventaire de ce qui a été trouvé, des documents de terrain, je m'occupe de trier les photos, je tamise les prélèvements, je lave, trie et range le mobilier retrouvé pendant les 8 mois de terrain, etc...
Il faut savoir que les archéologues ne sont pas très bien payés (c'est moins pire quand tu travailles loin de chez toi, puisque tu as des primes de grand déplacement normalement), qu'on n'est pas très souvent chez nous, que les contrats sont des CDD à enchaîner si tu veux espérer avoir un CDI un jour et qu'il n'est pas impossible d'avoir des petites périodes de chômage... Les principaux employeurs sont l'Inrap (Institut national de recherche en archéologie préventive, structure publique), les boîtes privées (il y en a un peu partout en France, je bosse actuellement pour l'une d'entre elles), les collectivités territoriales (services départementaux, services de mairies, etc).
Perso, je ne suis pas vraiment spécialisée, mais il peut être bon de le faire justement pour avoir un CDI un jour, et parce que l'archéologie a besoin de spécialistes ! (ouais et aussi, on est mieux payé !) On peut être spécialisés par périodes et/ou par domaines : céramologue, carpologue, géomorphologue, archéozoologue, numismate, anthropologue, etc etc
Pour avoir une idée du métier , matez
ça
Plus généralement, le site internet de l'Inrap vous apportera pas mal d'infos sur les principes de l'archéologie préventive...
Qualité qu'il faudrait avoir : De la rigueur, de l'organisation, le gout du travail en équipe, des capacités d'analyses, savoir aller a l'essentiel, de l'imagination (\o/), être polyvalent, ne pas avoir peur du travail physique, avoir l'esprit pratique, être persévérant, être mobile...
Les avantages du métier: le travail en plein air, les contacts que tu crées avec les collègues, métier très varié, où tu apprends des trucs tous les jours,...
Ce post était baucoup trop long, et je n'ai pas pu parler de tout ce qu'il fallait !
C'est vraiment un métier vaste de toute façon, n'hésitez pas à m'envoyer un MP pour me demander des précisions et/ou m'engueuler pour la piètre qualité de mon post