Caá Yarí;703737 a dit :
C'est quoi ce buzz sérieux ? Ce qui me choque, c'est cette espèce d'hypocrisie, ou de culpabilité de l'artiste (?).
Alors il est où le souci dans le fait de se dire artiste ? C'est quoi cette peur ?
Bon j'ai pas encore pris la peine de lire toutes les réponses
[edit : maintenant, si], mais j'avais juste envie de dire que, moi aussi, ça me lourde : je suis aux beaux arts, et même si mon école a une dominante communication, ça reste quand même les beaux arts. Mais non.
Y a une guéguerre pas possible entre les profs Art / Théorie et les profs de Graphisme, c'est ahurissant.
Les profs de graphisme considèrent que les artistes qui viennent nous faire cours sont des branleurs, prétentieux, et tout le tralala... L'exemple qui m'a le plus choquée c'est à la fin de l'année : un seul prof dirige toutes les impressions de l'école. Ceux qui ont fait des impressions de boulot de graphisme (affiches, etc...) ont eu exactement ce dont ils avaient besoin, et ceux qui avaient besoin d'impressions pour faire des installations, bah on a eu les restes...
LEs profs de graphisme pensent que l'on doit avaant tout apprendre aux élèves à "correspondre" (ou du moins à s'intégrer) à un certain marché, une certaine industrie, les profs d'Art et de Théorie, penchent plutôt sur la recherche et l'expérimentation.
Même entre élèves ça devient un peu la guéguerre quand on discute entre nous : ceux qui ont choisi de ne bosser que le graphisme boycottent les profs d'Art, et dès que tu leur parle d'être artiste, tu te fais limite insulter du genre
"non mais ça va pas la tête ? Vas y steuplé, me confonds pas avec un artiste !!!!!"... Et quand tu dis que toi tu veux être artiste alors là ça y est : tu es prétentieuse, tu t'autoproclames maitre de l'univers... Bref.
Fin voilà, je rentre en 4eme année, et j'irai pas dire "JE SUIS ARTISTE", car même si ce ne sont pas les études qui font ce que tu es, je pense que mon boulot a encore besoin d'être retravaillé, pensé, et de prendre de la maturité, mais oui, je veux être artiste, je me sens artiste, et j'ai pas de complexes par rapport à ça. Je ne me sens pas plus narcissique qu'une autre, même si je sais que dans certains domaines j'ai un gros besoin de reconnaissance, je pense que l'Art est l'un des seuls domaines dans lequel j'avance sans avoir besoin d'être reconnue de tous.
D'ailleurs je trouve que c'est un domaine qui t'enseigne aussi la modestie et tout ce qui va avec, car tant que ton nom n'est pas cité partout (et encore...) tu n'es considérée que comme une "originale" qui va encore aller grossir les chiffres du chômage... Niveau reconnaissance et admiration, y a mieux !
Et je crois que c'est aussi tout ce que j'ai pu me prendre dans la gueule ces dernières années qui me donnent envie de revendiquer ce mot.
Après pour réfléchir sur "l'artiste en marge de la société" en fait, depuis un moment j'y réfléchis : après déjà 3 années aux beaux arts, je me rend que, c'est un fait : on vit quand même un peu en marge. Notre système est totalement différents des autres domaines d'études, les relations profs élèves aussi, tous comme les ateliers, les évaluations... Même si nous étudions l'actualité etc.. on vit quand même dans un monde "en léger décalage".
MAis je trouve que, justement, ce "mini décalage" est nécessaire, car, personnellement, ça m'a appris à ne rien accepter comme acquis, à toujours analyser une information avant de l'inscrire dans ma ptite tête, ça m'a enseigné le recul face à l'actualité, mais aussi l'envie de chercher des réponses par moi même plutôt que d'accepter des réponses toutes faites et prêtes à avaler.
Et pour moi c'est ça un artiste : ça n'est pas quelqu'un qui vit comme un marginal, c'est quelqu'un qui vit dans son époque, mais qui a suffisamment de recul pour réussir à en extraire les soucis / les paradoxes / etc... C'est quelqu'un qui, plutôt que de se mettre en marge, arrive à créer, dans le monde "réel" des sortes "d'enclaves" où il est possible de penser les choses autrement, de voir les choses autrement, des enclaves où l'on est libérés de cette sorte de "pression" qui nous pousse à surconsommer les images comme les opinions, des enclaves où il eest possible de s'arrêter, de prendre son temps, de s'émerveiller comme de réfléchir...
Après pour ce qui est de la définition d'un artiste, j'avoue que c'est difficile à dire... En fait, moi ce qui me gêne plus, ce sont les gens qui font des choses sans avoir conscience des créations qui les entoure, qui pensent être les premiers à faire quelque chose et qui le clament, qui refusent d'apprendre ou de découvrir quoique ce soit sur l'histoire de l'art qu'ils pratiquent,, et qui à côté de ça réclament une reconnaissance mondiale de ce qu'ils appellent "leurs chefs d'oeuvres".
Fin mon beau père est comme ça : il peint, mais il peint surtout en copiant l'un de seuls peintre qu'il connait, il ne va jamais voir des expos, quand tu lui parle de peinture, si ça n'est pas la sienne, il n'en a rien à foutre, et à côté de ça, il pense qu'il est totalement honteux que ses toiles ne soient pas exposées à NEw York...
J'pense qu'avant de vouloir faire un truc innovant à tout prix, il faut d'abord savoir un minimum ce qui s'est passé avant, et pourquoi.
Je pense que la culture, mais surtout la curiosité, la soif de découvertes, de questions, sont aussi importantes que la créativité, car cette créativité, il faut sans cesse la nourrir.
Et c'est surement pour ça que j'ai du mal avec l'Art contemporain qui n'a aucun ancrage dans l'actualité, dans la réalité, car avec tout ce qui se passe actuellement, j'ai du mal à imaginer faire un boulot en faisant abstraction de tout ce contexte social / politique etc.
Et je n'aime pas non plus tout ce qui se rapporte au marché de l'Art. C'est d'ailleurs pour ça que je préfère bosser à côté car je n'ai pas envie qu'un quelconque besoin financier ou alimentaire me dicte ce que je dois créer pour être "mieux vendue".
Un peu comme
Tchoupette, j'ai toujours cette sensation d'imposture... Enfin, quand on vient me dire "tu as les capacités de faire ci, de faire ça", j'ai du mal à y croire, je me dis toujours que les gens ont un engouement passager pour moi, qu'ils vont vite se lasser ,que je vais les décevoir dans la minute qui suit, etc. ...
Ah oui et il y a le rapport au public... Je crois que j'aime bien le bousculer, lui faire peur, le mettre dans un situation où il ne sait pas s'il doit approuver, se sentir mal à l'aise, ou se sentir "révolté", ça me plait bien comme idée.
ça me fait penser à y a quelques années où c'était à la mode de dire que chaque personne écrivant un blog était tout simplement une personne narcissique qui ne savais que parler d'elle même.
Caa Yari : je pense que tout ça c'est peut être aussi à cause d'un gros cliché que l'on a sur l'Art Contemporain : pas mal de gens pensent que l'Art Contemporain, c'est tracer une ligne sur une toile, juste comme ça par envie, c'est jeter un pot de peinture sur un mur dans un moment d'énervement etc... Et appeler ça de l'Art.
J'pense que l'art est dénigré aussi à cause de ce gros stéréotypes, et que les gens ont l'impression, en se disant artiste, de devenir cette sorte de stéréotype de l'artiste à demi fou, totalement imbu de lui même, qui sort des concepts obscurs de je ne sais où etc...
Après c'est vrai que le mot s'est galvaudé... On va utiliser le mot artiste pour parler d'Amandine de la Nouvelle Star comme pour parler de Barbara Kruger... C'est limite.
(oui je kiffe ma Barbara, et alors ? J'ai même fait un article sur elle qui sera publié lundi ou mardi, na
)
--- bon dans tout mon pavé je ne parle que des plasticiens, et pas des écrivains, des musiciens etc... ça n'est pas du tout parce que je ne les considère pas comme des artistes, c'est juste que ce sont des domaines que je connais très mal, et je ne préfère donc pas m'y aventurer.
Et pour la blague, si on me comparait à MArc Levy, je crois que j'arrêterais direct d'écrire
ohoh le joli pavé.