Hélio;705071 a dit :
J'ai l'impression, que pour se crédibilisé dans un domaine artistique, il faut ne faire que ça, vouer sa vie à son art. Avoir un métier et faire des trucs en dehors, c'est être un créateur du dimanche, rien de plus. Je trouve ça très douloureux et très injuste et j'ai malheureusement beaucoup trop entendu ça.
Bah ué je trouve aussi, on m'a dit plusieurs fois que si je "voulais être artiste", je devias absolument me consacrer à ça et à rien d'autre etc... J'en ai parlé avec d'autres artistes qui ne sont déjà absolument pas d'accord, et puis en plus, je trouve qu'une autre activité peu justement venir nourrir ton travail (ou simplement ta vie sociale, je me voyais mal aller de résidences d'artistes en résidence d'artiste toute ma vie, sans point d'attache, etc...)
Pourtant, dans la "vraie vie" il n'en est rien. Par exemple l'une des artistes de j'adore a beau commencer à être reconnue "partout", bah il n'empêche qu'elle est professeur aux beaux arts de Valenciennes. Pareil, y a un artiste avec qui j'ai bossé cette année qui vit grâce à des workshop. Et les artistes de mon école vivent de l'enseignement... Et puis je pense que ça les nourrit aussi d'être en contact avec des élèves, etc...
pour en revenir à ce cher Malevitch, ce que je trouve dommage, c'est qu'on s'attache rarement aux contextes qui entourent la création (époque, politique, contexte social, conflits etc...) alors qu'en fait c'est très révélateur et ça explique parfois une bonne partie de la création.
Mmmmmh sinon un truc qui m'énerve aussi c'est quand on me dit "tu pourras te dire artiste le jour où tu cotiseras à la maison des artistes". haha.
Et pour rebondir sur ce qui peut pousser à créer, bah pour ma part, c'est comme quelque chose contre laquelle je ne peux pas aller. Beaucoup de situations (pas personnelles, mais plutot "dans l'actualité") créént chez moi des questions, des révoltes, des doutes... Et je ne peux pas laisser ça comme ça, j'ai besoin de faire des recherches, de comprendre, de poser des questions, de créer autour de ça.. je sais pas si ça apaie mes angoisses, mais en tout cas je ne peux pas faire sans.
Enfin après, je n'entends pas "changer le monde", je reviens à ce que je disais avant, ce qui m'intéresse et ce qui me passionne, c'est cette possibilité de créer un espace où les "règles du jeu" peuvent être différentes.
Et puis, je sais pas, "c'est comme ça et c'est tout" quoi, même si j'ai une vie à côté, j'ai l'impression de penser toujours à ça, ça n'est pas une sorte de "statut" qu'on pourrait endosser le matin à 10h et retirer le soir à 18h, ça se vit, ça se pense... Je ne sais pas comment expliquer, mais pour moi il me faut toujours "de la nourriture pour mon cerveau" : lire, lire, lire, s'informer, discuter etc...
On dirait une grande malade là quand je m'explique
Et pour rejoindre Eleni, je trouve qu'effectivement l'ère du numérique et des deviant art a aussi lancé le grand slogan "tout le monde peut être un artiste" (fin je sais, l'idée date d'avant). Et ce qui me choque (attention, je vais faire ma vieille conne) c'est de me rendre compte que quand tu demandes à quelqu'un les artistes qu'il connait, il va te citer des gens sur deviant art ou sur flickr, et personne d'autres, dans aucun autre domaine. ça me laisse toujours un peu sur le cul.
Dans le genre préjugé aussi un truc qui m'a fait rire pendant les portes ouvertes de mon école : une mère de (peut être) future lève m'a cuisinée pendant 10minutes pour être sure qu'on ne prenait pas de drogues "parce que de toutes faços, les artistes, c'est ça quoi".... J'avais quelques envies de violence...
En même temps, je lisais un bouquin l'autre jour qui disais que, si l'art avait un statut bien établi et bien intégré dans la société bah... ça ne serait plus la même chose, c'est aussi ce décalage qui permet à l'art d'être ce qu'il est...
Et puis plus personnellement, même si parfois ça fait mal que même tes proches ne comprennent pas ou ne s'intéressent pas à ce que tu fais, j'aime bien ce côté un peu "à l'écart", je crois vraiment que ça m'aide à vivre dans "le monde". ça fait très Calimero le R3b3l, mais quand je vois commet évolue notre société, je sais que cet endroit "un peu en marge", il me fait du bien, il m'aide à vivre