Vos poèmes/poètes préférés?

11 Mai 2012
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Personnellement, j'adore Les Djinns de Victor Hugo. (Vous l'aurez d'ailleurs compris à mon pseudo!
Allez, pour ceux qui ne connaissent pas :

Murs, ville,
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise,
Tout dort.

Dans la plaine
Naît un bruit.
C'est l'haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu'une flamme
Toujours suit !

La voix plus haute
Semble un grelot.
D'un nain qui saute
C'est le galop.
Il fuit, s'élance,
Puis en cadence
Sur un pied danse
Au bout d'un flot.

La rumeur approche.
L'écho la redit.
C'est comme la cloche
D'un couvent maudit ;
Comme un bruit de foule,
Qui tonne et qui roule,
Et tantôt s'écroule,
Et tantôt grandit,

Dieu ! la voix sépulcrale
Des Djinns !... Quel bruit ils font !
Fuyons sous la spirale
De l'escalier profond.
Déjà s'éteint ma lampe,
Et l'ombre de la rampe,
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu'au plafond.

C'est l'essaim des Djinns qui passe,
Et tourbillonne en sifflant !
Les ifs, que leur vol fracasse,
Craquent comme un pin brûlant.
Leur troupeau, lourd et rapide,
Volant dans l'espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.

Ils sont tout près ! - Tenons fermée
Cette salle, où nous les narguons.
Quel bruit dehors ! Hideuse armée
De vampires et de dragons !
La poutre du toit descellée
Ploie ainsi qu'une herbe mouillée,
Et la vieille porte rouillée
Tremble, à déraciner ses gonds !

Cris de l'enfer! voix qui hurle et qui pleure !
L'horrible essaim, poussé par l'aquilon,
Sans doute, ô ciel ! s'abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle penchée,
Et l'on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu'il chasse une feuille séchée,
Le vent la roule avec leur tourbillon !

Prophète ! si ta main me sauve
De ces impurs démons des soirs,
J'irai prosterner mon front chauve
Devant tes sacrés encensoirs !
Fais que sur ces portes fidèles
Meure leur souffle d'étincelles,
Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes
Grince et crie à ces vitraux noirs !

Ils sont passés ! - Leur cohorte
S'envole, et fuit, et leurs pieds
Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
L'air est plein d'un bruit de chaînes,
Et dans les forêts prochaines
Frissonnent tous les grands chênes,
Sous leur vol de feu pliés !

De leurs ailes lointaines
Le battement décroît,
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d'une voix grêle,
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.

D'étranges syllabes
Nous viennent encor ;
Ainsi, des arabes
Quand sonne le cor,
Un chant sur la grève
Par instants s'élève,
Et l'enfant qui rêve
Fait des rêves d'or.

Les Djinns funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
Pressent leurs pas ;
Leur essaim gronde :
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu'on ne voit pas.

Ce bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
Sur le bord ;
C'est la plainte,
Presque éteinte,
D'une sainte
Pour un mort.

On doute
La nuit...
J'écoute : -
Tout fuit,
Tout passe
L'espace
Efface
Le bruit.

J'adore la Mort du Loup d'Alfred de Vigny, aussi :)
 
11 Mai 2012
17
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Shield C'est vrai qu'on connaît plus Victor Hugo pour ses romans que pour sa poésie alors qu'il a écrit de magnifiques choses... Un autre de ses poèmes qui me tire une larme à chaque fois que je le lis est "A Qui la Faute".
Le dernier vers éclaire totalement le titre de ce poème (mais je ne spoilerais pas!):

Tu viens d'incendier la Bibliothèque ?
- Oui.
J'ai mis le feu là.
- Mais c'est un crime inouï !
Crime commis par toi contre toi-même, infâme !
Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme !
C'est ton propre flambeau que tu viens de souffler !
Ce que ta rage impie et folle ose brûler,
C'est ton bien, ton trésor, ta dot, ton héritage
Le livre, hostile au maître, est à ton avantage.
Le livre a toujours pris fait et cause pour toi.
Une bibliothèque est un acte de foi
Des générations ténébreuses encore
Qui rendent dans la nuit témoignage à l'aurore.
Quoi! dans ce vénérable amas des vérités,
Dans ces chefs-d'oeuvre pleins de foudre et de clartés,
Dans ce tombeau des temps devenu répertoire,
Dans les siècles, dans l'homme antique, dans l'histoire,
Dans le passé, leçon qu'épelle l'avenir,
Dans ce qui commença pour ne jamais finir,
Dans les poètes! quoi, dans ce gouffre des bibles,
Dans le divin monceau des Eschyles terribles,
Des Homères, des jobs, debout sur l'horizon,
Dans Molière, Voltaire et Kant, dans la raison,
Tu jettes, misérable, une torche enflammée !
De tout l'esprit humain tu fais de la fumée !
As-tu donc oublié que ton libérateur,
C'est le livre ? Le livre est là sur la hauteur;
Il luit; parce qu'il brille et qu'il les illumine,
Il détruit l'échafaud, la guerre, la famine
Il parle, plus d'esclave et plus de paria.
Ouvre un livre. Platon, Milton, Beccaria.
Lis ces prophètes, Dante, ou Shakespeare, ou Corneille
L'âme immense qu'ils ont en eux, en toi s'éveille ;
Ébloui, tu te sens le même homme qu'eux tous ;
Tu deviens en lisant grave, pensif et doux ;
Tu sens dans ton esprit tous ces grands hommes croître,
Ils t'enseignent ainsi que l'aube éclaire un cloître
À mesure qu'il plonge en ton coeur plus avant,
Leur chaud rayon t'apaise et te fait plus vivant ;
Ton âme interrogée est prête à leur répondre ;
Tu te reconnais bon, puis meilleur; tu sens fondre,
Comme la neige au feu, ton orgueil, tes fureurs,
Le mal, les préjugés, les rois, les empereurs !
Car la science en l'homme arrive la première.
Puis vient la liberté. Toute cette lumière,
C'est à toi comprends donc, et c'est toi qui l'éteins !
Les buts rêvés par toi sont par le livre atteints.
Le livre en ta pensée entre, il défait en elle
Les liens que l'erreur à la vérité mêle,
Car toute conscience est un noeud gordien.
Il est ton médecin, ton guide, ton gardien.
Ta haine, il la guérit ; ta démence, il te l'ôte.
Voilà ce que tu perds, hélas, et par ta faute !
Le livre est ta richesse à toi ! c'est le savoir,
Le droit, la vérité, la vertu, le devoir,
Le progrès, la raison dissipant tout délire.
Et tu détruis cela, toi !
- Je ne sais pas lire.


Des petites perles de ce genre, il y en a beaucoup! :)
 
20 Août 2009
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roquebrune
luckyoute.tumblr.com
Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse,
La honte, les remords, les sanglots, les ennuis,
Et les vagues terreurs de ces affreuses nuits
Qui compriment le coeur comme un papier qu'on froisse?
Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse?

Ange plein de bonté, connaissez-vous la haine,
Les poings crispés dans l'ombre et les larmes de fiel,
Quand la Vengeance bat son infernal rappel,
Et de nos facultés se fait le capitaine?
Ange plein de bonté connaissez-vous la haine?

Ange plein de santé, connaissez-vous les Fièvres,
Qui, le long des grands murs de l'hospice blafard,
Comme des exilés, s'en vont d'un pied traînard,
Cherchant le soleil rare et remuant les lèvres?
Ange plein de santé, connaissez-vous les Fièvres?

Ange plein de beauté, connaissez-vous les rides,
Et la peur de vieillir, et ce hideux tourment
De lire la secrète horreur du dévouement
Dans des yeux où longtemps burent nos yeux avide!
Ange plein de beauté, connaissez-vous les rides?

Ange plein de bonheur, de joie et de lumières,
David mourant aurait demandé la santé
Aux émanations de ton corps enchanté;
Mais de toi je n'implore, ange, que tes prières,
Ange plein de bonheur, de joie et de lumières!


Charles Baudelaire, Les fleurs du mal
 
3 Mars 2012
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Audinelle;3127018 a dit :
La Vie d'Emile Verharen

Il faut admirer tout pour s'exalter soi-même
Et se dresser plus haut que ceux qui ont vécu
De coupable souffrance et de désirs vaincus :
L'âpre réalité formidable et suprême
Distille une assez rouge et tonique liqueur
Pour s'en griser la tête et s'en brûler le coeur.

Oh clair et pur froment d'où l'on chasse l'ivraie !
Flamme nette, choisie entre mille flambeaux
D'un légendaire éclat, mais d'un prestige faux !
Dites, marquer son pas dans l'existence vraie,
Par un chemin ardu vers un lointain accueil,
N'ayant d'autre arme au front que son lucide orgueil !

Marcher dans sa fierté et dans sa confiance,
Droit à l'obstacle, avec l'espoir très entêté
De le réduire, à coup précis de volonté,
D'intelligence prompte ou d'ample patience
Et de sentir croître et grandir le sentiment
D'être, de jour en jour, plus fort, superbement.

Aimer avec ferveur soi-même en tous les autres
Qui s'exaltent de même en de mêmes combats
Vers le même avenir dont on entend le pas ;
Aimer leur coeur et leur cerveau pareils aux vôtres
Parce qu'ils ont souffert, en des jours noirs et fous,
Même angoisse, même affre et même deuil que nous.

Et s'enivrer si fort de l'humaine bataille
- Pâle et flottant reflet des monstrueux assauts
Ou des groupements d'or des étoiles, là-haut -
Qu'on vit en tout ce qui agit, lutte ou tressaille
Et qu'on accepte avidement, le coeur ouvert,
L'âpre et terrible loi qui régit l'univers.
Sublime <3
 
3 Février 2012
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Besançon
freevagina.tumblr.com
Un poème de Konstantin Simonov, que j'aime beaucoup :
Attends-moi et je reviendrai
Mais attends très fort,
Attends moi quand les pluies jaunes
Apportent la tristesse
Attends quand les neiges tournoient,
Attends quand triomphe l&#8217;été
Attends quand le passé s&#8217;oublie
Et qu&#8217;on n&#8217; attend plus les autres.
Attends, quand de très loin
Le courrier ne vient plus.
Attends, quand sont fatigués
Ceux qui avec toi attendent.
Attends-moi et je reviendrai.
Ne leur pardonne pas, à ceux
Qui vont trouver les mots pour dire
Qu&#8217;est venu le temps de l&#8217;oubli.
Et s&#8217;ils croient, mon fils et ma mère,
S&#8217;ils croient, que je ne suis plus,
Si les amis, las de m&#8217;attendre
Viennent s&#8217;asseoir près du feu,
A boire le vin amer
A la mémoire de mon âme&#8230;
Attends. Et ne te hâte pas
De boire avec eux.
Attends-moi et je reviendrai.
Pour faire enrager toutes les morts.
Et qui ne m&#8217;aura pas attendu
Qu&#8217;il dise : « Il a eu de la chance ».
Ceux qui ne m&#8217;ont pas attendu
D&#8217;où le comprendraient-ils, comment
En plein milieu du feu,
Par ton attente
Tu m&#8217;a sauvé.
Comment j&#8217;ai survécu, seuls toi et moi
Nous le saurons ;
C&#8217;est simple : tu as su attendre, comme personne.

Nusch. : Ce poème en prose a énormément d'importance pour moi aussi, il est magnifique ...
 
22 Juillet 2007
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Le Perreux
Atreyü :tears:

Le rendez-vous perpétuel - Aragon


J&#8217;écris contre le vent majeur et n&#8217;en déplaise
A ceux-là qui ne sont que des voiles gonflées
Plus fort souffle ce vent et plus rouge est la braise

L&#8217;histoire et mon amour ont la même foulée
J&#8217;écris contre le vent majeur et qu&#8217;importe
Ceux qui ne lisent pas dans la blondeur des blés

Le pain futur et rient que pour moi toute porte
Ne soit que ton passage et tout ciel que tes yeux
Qu&#8217;un tramway qui s&#8217;en va toujours un peu t&#8217;emporte

Contre le vent majeur par un temps nuageux
J&#8217;écris comme je veux et tant pis pour les sourds
Si chanter leur paraît mentir à mauvais jeu

Il n&#8217;y a pas d&#8217;amour qui ne soit notre amour
La trace de tes pas m&#8217;explique le chemin
C&#8217;est toi non le soleil qui fais pour moi le jour

Je comprends le soleil au hâle de tes mains
Le soleil sans l&#8217;amour c&#8217;est la vie au hasard
Le soleil sans l&#8217;amour c&#8217;est hier sans demain

Tu me quittes toujours dans ceux qui se séparent
C&#8217;est tours notre amour dans tous les yeux pleuré
C&#8217;est toujours notre amour la rue où l&#8217;on s&#8217;égare

C&#8217;est notre amour c&#8217;est toi quand la rue est barrée
C&#8217;est toi quand le train part le c&#339;ur qui se déchire
C&#8217;est toi le gant perdu pour le gant déparé

C&#8217;est toi tous les pensers qui font l&#8217;homme pâlir
C&#8217;est toi dans les mouchoirs agités longuement
Et c&#8217;est toi qui t&#8217;en vas sur le pont des navires

Toi les sanglots éteints toi les balbutiements
Et sur le seuil au soir les aveux sans paroles
Un murmure échappé Des mots dits en dormant

Le sourire surpris le rideau qui s&#8217;envole
Dans un préau d&#8217;école au loin l&#8217;écho des voix
Un deux trois des enfants qui comptent qui s&#8217;y colle

La nuit le bruire des colombes sur le toit
La plainte des prisons la perle des plongeurs
Tout ce qui chanter et se taire c&#8217;est toi

Et c&#8217;est toi que je chante avec le vent majeur

Je suis une fan absolu d'Aragon, aussi bien Est-ce ainsi que les hommes vivent?, L'affiche rouge, La rose et le réséda ou encore tous les poèmes qu'il a écrit pour Elsa.

Je vais te dire un grand secret

Je vais te dire un grand secret Le temps c'est toi
Le temps est femme Il a
Besoin qu'on le courtise et qu'on s'asseye
A ses pieds le temps comme une robe à défaire
Le temps comme une chevelure sans fin
Peignée
Un miroir que le souffle embue et désembue
Le temps c'est toi qui dors à l'aube où je m'éveille

C'est toi comme un couteau traversant mon gosier
Oh que ne puis-je dire ce tourment du temps qui ne passe point
Ce tourment du temps arrêté comme le sang dans les vaisseaux bleus
Et c'est bien pire que le désir interminablement non satisfait
Que cette soif de l'oeil quand tu marches dans la pièce
Et je sais qu'il ne faut pas rompre l'enchantement
Bien pire que de te sentir étrangère
Fuyante
La tête ailleurs et le coeur dans un autre siècle déjà
Mon Dieu que les mots sont lourds Il s'agit bien de cela
Mon amour au-delà du plaisir mon amour hors de portée aujourd'hui de l'atteinte
Toi qui bats à ma tempe horloge
Et si tu ne respires pas j'étouffe
Et sur ma chair hésite et se pose ton pas

Je vais te dire un grand secret Toute parole
A ma lèvre est une pauvresse qui mendie
Une misère pour tes mains une chose qui noircit sous ton regard
Et c'est pourquoi je dis si souvent que je t'aime
Faute d'un cristal assez clair d'une phrase que tu mettrais à ton cou
Ne t'offense pas de mon parler vulgaire Il est
L'eau simple qui fait ce bruit désagréable dans le feu

Je vais te dire un grand secret Je ne sais pas
Parler du temps qui te ressemble
Je ne sais parler de toi je fais semblant
Comme ceux très longtemps sur le quai d'une gare
Qui agitent la main après que les trains sont partis
Et le poignet s'éteint du poids nouveau des larmes

Je vais te dire un grand secret J'ai peur de toi
Peur de ce qui t'accompagne au soir vers les fenêtres
Des gestes que tu fais des mots qu'on ne dit pas
J'ai peur du temps rapide et lent j'ai peur de toi
Je vais te dire un grand secret Ferme les portes
Il est plus facile de mourir que d'aimer
C'est pourquoi je me donne le mal de vivre
Mon amour.
 
O Captain! my Captain! our fearful trip is done,
The ship has weather&#8217;d every rack, the prize we sought is won,
The port is near, the bells I hear, the people all exulting,
While follow eyes the steady keel, the vessel grim and daring;
But O heart! heart! heart!
O the bleeding drops of red,
Where on the deck my Captain lies,
Fallen cold and dead.

O Captain! my Captain! rise up and hear the bells;
Rise up&#8212;for you the flag is flung&#8212;for you the bugle trills,
For you bouquets and ribbon&#8217;d wreaths&#8212;for you the shores a-crowding,
For you they call, the swaying mass, their eager faces turning;
Here Captain! dear father!
The arm beneath your head!
It is some dream that on the deck,
You&#8217;ve fallen cold and dead.

My Captain does not answer, his lips are pale and still,
My father does not feel my arm, he has no pulse nor will,
The ship is anchor&#8217;d safe and sound, its voyage closed and done,
From fearful trip the victor ship comes in with object won;
Exult O shores, and ring O bells!
But I with mournful tread,
Walk the deck my Captain lies,
Fallen cold and dead.

Walt Whitman - O Captain! My Captain!


Un poème que j'affectionne tout particulièrement pour des raisons historiques en plus que littéraires (le Captain en question étant Abraham Lincoln).

Et pour les Madz cinéphiles, elles auront sans doute reconnu le poème à travers Le Cercle des Poètes Disparus :)
 
19 Janvier 2007
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Georges Moustaki - Madame Nostalgie

Madame Nostalgie
Depuis le temps que tu radotes
Et que tu vas de porte en porte
Répandre ta mélancolie

Madame Nostalgie
Avec tes yeux noyés de brume
Et tes rancoeurs et tes rancunes
Et tes douceâtres litanies

Madame Nostalgie
Tu causes, tu causes, tu causes, tu causes
De la fragilité des roses
Je n'entends plus ce que tu dis

Madame Nostalgie
Depuis le temps que tu m'accables
J'ai envie d'envoyer au diable
Ton mal d'amour si mal guéri

Madame Nostalgie
Tu pleures sur un nom de ville
Et tu confonds, pauvre imbécile
L'amour et la géographie

Madame Nostalgie
Tu rêves, tu rêves, tu rêves, tu rêves
Mais tes arbres n'ont plus de sève
Et tes branches n'ont plus de fruits

Madame Nostalgie
Pardonne-moi si j'en ai marre
De tes dentelles grises et noires
Il fait trop triste par ici

Madame Nostalgie
Je veux entendre des orages
Respirer des jardins sauvages
Voir le soleil et la pluie

Madame Nostalgie
Tu pleures, tu pleures, tu pleures, tu pleures
Mais ce soir je n'ai plus le coeur
De partager tes insomnies

Madame j'ai envie
Ce soir d'être infidèle
Dans les bras d'une belle
Qui ressemble à la vie



... Et chanté par Reggiani, pour ne rien gâcher.
 
H

_hazel_

Guest
Jean Pierre Siméon "La différence"

Pour chacun une bouche deux yeux &#8232;
deux mains deux jambes &#8232;

Rien ne ressemble plus à un homme
qu'un autre homme &#8232;&#8232;

Alors &#8232;

entre la bouche qui blesse &#8232;
et la bouche qui console &#8232;&#8232;

entre les yeux qui condamnent &#8232;
et les yeux qui éclairent &#8232;&#8232;

entre les mains qui donnent &#8232;
et les mains qui dépouillent
&#8232;&#8232;
entre les pas sans trace
&#8232;et les pas qui nous guident &#8232;&#8232;

où est la différence
&#8232;la mystérieuse différence?



(Ce poème m'a beaucoup marquée la première fois que je l'ai entendu récité. Depuis il n'a cessé de résonner en moi.. m'aidant même à faire certains choix..)
 
12 Octobre 2011
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Berlin
iconodoule.tumblr.com
En général je ne suis pas trop amatrice de poésie, mais je crois que mon poème préféré est Le désespoir est assis sur un banc, de Prévert. J'aime beaucoup Paroles en général, mais celui-ci m'a particulièrement touchée :

Dans un square sur un banc
Il y a un homme qui vous appelle quand on passe
Il a des binocles un vieux costume gris
Il fume un petit ninas il est assis
Et il vous appelle quand on passe
Ou simplement il vous fait signe
Il ne faut pas le regarder
Il ne faut pas l’écouter
Il faut passer
Faire comme si on ne le voyait pas
Comme si on ne l’entendait pas
Il faut passer presser le pas
Si vous le regardez
Si vous l’écoutez
Il vous fait signe et rien ni personne
Ne peut vous empêcher d’aller vous asseoir près de lui
Alors il vous regarde et sourit
Et vous souffrez atrocement
Et l’homme continue de sourire
Et vous souriez du même sourire
Exactement
Plus vous souriez plus vous souffrez
Atrocement
Plus vous souffrez plus vous souriez
Irrémédiablement
Et vous restez là
Assis figé
Souriant sur le banc
Des enfants jouent tout près de vous
Des passants passent
Tranquillement
Des oiseaux s’envolent
Quittant un arbre
Pour un autre
Et vous restez là
Sur le banc
Et vous savez vous savez
Que jamais plus vous ne jouerez
Comme ces enfants
Vous savez que jamais plus vous ne passerez
Tranquillement
Comme ces passants
Que jamais plus vous ne vous envolerez
Quittant un arbre pour un autre
Comme ces oiseaux.


C'est à la fois tellement mélancolique voire tragique, nostalgique, mais aussi fort et combattif, j'adore <3
 
2 Décembre 2012
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Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage,
Et la mer est amère, et l'amour est amer,
L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer,
Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.
Celui qui craint les eaux, qu'il demeure au rivage,
Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer,
Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.
La mère de l'amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau
Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.
Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.

Pierre de Marbeuf
 
23 Avril 2009
436
218
3 804
Paris
Jamais d'autre que toi en dépit des étoiles et des solitudes
En dépit des mutilations d'arbre à la tombée de la nuit
Jamais d'autre que toi ne poursuivra son chemin qui est le mien
Plus tu t'éloignes et plus ton ombre s'agrandit
Jamais d'autre que toi ne saluera la mer à l'aube quand
Fatigué d'errer moi sorti des forêts ténébreuses et
Des buissons d'orties je marcherai vers l'écume
Jamais d'autre que toi ne posera sa main sur mon front
Et mes yeux
Jamais d'autre que toi et je nie le mensonge et l'infidélité
Ce navire à l'ancre tu peux couper sa corde
Jamais d'autre que toi
L'aigle prisonnier dans une cage ronge lentement les barreaux
De cuivre vert-de-grisés
Quelle évasion !
C'est le dimanche marqué par le chant des rossignols
Dans les bois d'un vert tendre l'ennui des petites
Filles en présence d'une cage où s'agite un serein
Tandis que dans la rue solitaire le soleil lentement
Déplace sa ligne mince sur le trottoir chaud
Nous passerons d'autres lignes
Jamais jamais d'autre que toi
Et moi seul seul comme le lierre fané des jardins
De banlieue seul comme le verre
Et toi jamais d'autre que toi.

Jamais d'autre que toi, Robert Desnos

Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.

Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire.

L'amoureuse, Paul Eluard

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Le pont Mirabeau, Guillaume Apollinaire
 

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