Chaque matin m'accable,
Anna de Noailles
Chaque matin m'accable et la couleur de l'air
Me fait mieux découvrir l'indifférent désert
Où, depuis que leur cœur jamais plus ne respire,
Je n'ai rien à savoir et je n'ai rien à dire.
Je songe au jour parfait où, le souffle arrêté,
Entraînant avec moi mon ineffable été,
Je serai parmi vous dans ce pays de pierre
Que mon œil offensé contient sous sa paupière.
— L'aube se lèvera sur ce sol indécent
Où sont les corps privés de chaleur et de sang.
Je ne connaîtrai plus la tristesse coupable
De ne partager pas vos lits inhabitables.
Ma vie aux bonds puissants, dont j'eux l'étonnement,
Enfin vous oubliera dès cet humble moment.
— Et je commencerai ma muette journée
Comme au temps infini où je n'étais pas née.
Anna de Noailles
Chaque matin m'accable et la couleur de l'air
Me fait mieux découvrir l'indifférent désert
Où, depuis que leur cœur jamais plus ne respire,
Je n'ai rien à savoir et je n'ai rien à dire.
Je songe au jour parfait où, le souffle arrêté,
Entraînant avec moi mon ineffable été,
Je serai parmi vous dans ce pays de pierre
Que mon œil offensé contient sous sa paupière.
— L'aube se lèvera sur ce sol indécent
Où sont les corps privés de chaleur et de sang.
Je ne connaîtrai plus la tristesse coupable
De ne partager pas vos lits inhabitables.
Ma vie aux bonds puissants, dont j'eux l'étonnement,
Enfin vous oubliera dès cet humble moment.
— Et je commencerai ma muette journée
Comme au temps infini où je n'étais pas née.