Pour la première partie de ton message : pour moi, l'humour a de toute façon toujours comporté des risques, en raison de la sensibilité de bon nombre des sujets qu'il peut aborder. Il est à peu près impossible de traiter un sujet avec humour sans que ça ne blesse certaines personnes qui se sentent concernées par ce sujet. Donc oui, il y a une part de risques, et notamment une part de danger, puisque certaines de ces personnes peuvent être des tarés.
Quant à l'engagement.... formuler une idée et la diffuser, surtout à une échelle nationale, j'ai du mal à voir ça autrement que comme de l'engagement. Pour moi, un dessin dans un magazine, un statut Facebook ou un discours devant une assemblée sont toutes des formes d'engagement, il n'y a que la force de portée qui change. Si un dessinateur décide de traiter un sujet fort en y incluant son propre avis sur le sujet, il s'engage, ce n'est pas une dérive de la société qui lui fait porter cette responsabilité, c'est juste la définition même de l'engagement.
Pour la deuxième partie : non, pas quand on ne comprend pas le problème de fond. Je pense surtout à 2 personnes en particulier, qui se sentent heureuses de pouvoir s'inscrire dans ce mouvement en disant "oui, je suis française, j'aime nos valeurs, je défends notre liberté d'expression", et qui ne voient ABSOLUMENT pas le problème quand elles font des blagues racistes, islamophobes, etc., puisque naturellement ces gens là ne sont pas français, pas comme nous, et puis bon c'est de l'humour ahahah. Ces personnes n'ont pas un sursaut de conscience; elles voient passer un débat dont un morceau leur plaît, qui leur permet de s'exalter un peu, mais qui ne les pousse absolument pas à se remettre en question, tout simplement parce qu'elles n'iront pas assez loin dans la réflexion pour faire le lien et évoluer dans leur manière de voir ces choses. Dire "Je suis Charlie" pour ensuite glisser sur "c'est fou, on se sent vraiment pas en sécurité ici depuis quelques temps, c'est dingue, n'empêche ce sont toujours les mêmes qui...", ça ne me paraît pas être un sursaut de conscience, encore moins une réaction positive.