Hier j'ai pensé à ces personnes qui ont vu surgir sur leur lieu de travail des hommes armés, qui ont vus leurs collègues et amis tomber. A cette femme, dessinatrice, mère, qui s'est vu menacée et ainsi rendu complice de ces actes.
Aujourd'hui je pense à moi. Comment réagir face à cet événement? La tristesse n'est pas une option, elle s'est déjà imposée à moi. Je suis étudiante en art, j'ai bon espoir de parvenir à faire réfléchir, à exprimer à travers mes réalisations. Parce que je crois que mon regard en toucheras quelques uns, que la réalité que j'exprimerais sera la leur aussi. Aujourd'hui je pense à moi, et je pense à ce que j'aimerais accomplir par mon travail. Je ne sais pas me positionner face à ce qui s'est passé. Je ne suis pas Charlie. Je ne l'ai jamais été. Je n'ai pas pris les risques qu’ont pris ces hommes. Des risques qui ne devraient pas en être, des risques qui devraient être une liberté acquise et gravée dans le marbre. Cette liberté a été reprise, je suis plus abattue qu'indignée, je suis dépitée et profondément touchée. Mais je ne suis pas Charlie, cette phrase n'a pas le moindre de sens pour moi. Ils ont fait de la liberté d'expression le moteur de leur travail, chaque jour, elle était indiscutable à leurs yeux. Et ils ont été tués pour ça. Il faut respecter leur travail et je comprend l'élan solidaire qui est exprimé derrière "Je suis Charlie" mais je crois que nous ne devrions pas être trop prompt à nous ranger derrière cette bannière. Prenons le temps de tirer un enseignement personnel de ce qui s'est passé.
(Pas citer)