Je viens ajouter mon grain de sel à la conversation.
Je vous lis depuis longtemps parce que je trouve que ce topic est vraiment super interessant point de vue sociologie du tatouage, les réflexions échangées sont super intéressantes et c'est chouette de voir (enfin) des filles parler de tatouages.
Mais (y'a toujours un mais), quleque chose me gêne. J'ai l'impression que les Madz qui postent ici sont évidemment passionnées par les tatouges et tout le mode de vie sous-entendu, mais que justement, il n'y a pas forcément de la place pour celles qui s'y intéresseraient seulement. Comme moi.
Je réagis particulièrement aux messages postés, où je me suis sentie "visée" lorsqu'on évoque des filles ayant des tatouages discrets, sur les poignets ou les chevilles, avec des motifs connotés "filles". J'ai 3 petites vagues sur le poignet, 3 simple traits noirs ondulés. Et bah en vous lisant, je me suis sentie être une "fake", une fashion victim qui a vu des mannequins avec des petits tatouages mignons et qui s'est dit "c'est cool, j'en veux aussi".
Oui j'en ai vu et oui ça m'a encouragé dans l'idée de me faire tatouer un jour, même si je l'ai fait avant tout pour moi et pas pour secouer le bras en espérant que tout le monde le vois bien que j'ai un tatouage, et donc que je suis une fille cool. J'ai toujours voulu un tatouage, ça m'a toujours fasciné cette dépendance et ce détachement envers la société assez fort pour dire "mais quoi, c'est mon corps, je fais ce que je veux, je m'en fiche de quand-j'aurais-70-ans, de ce que diront mes futurs employeurs, de comment je serais perçu par les autres, etc..." D'autant plus que avant la fameuse démocratisation du tatouage, les personnes qui en avaient étaient avant tout dans l'esprit collectif soit des criminiels en prison, soit des bikers en Harley, donc des modes de vie complètement à l'opposé de ce que la famille, les médias, et d'autres structures de la société nous montrent voire nous souhaitent. Et pourtant ça m'a toujours fasciné quand même, et je me suis dit "un jour, moi aussi j'aurais un tatouage".
Et puis ces dernières années, ça a changé. Le tatouage n'est plus réservé aux gens "hors normes", suffit de passer le pas et on sera déjà un peu mieux vu qu'il y a quelques années. Alors je l'ai fait. J'avais peur, je ne connaissais personne qui en avait, je ne savais pas où aller. Je n'allais évidemment pas en parler avec ma famille, c'était une démarche très personnelle et même solitaire que de décider tout ça toute seule, sans en discuter sérieusement avec des gens qui avaient déjà passer le pas(j'en ai parlé à mes amis mais j'en apprenais plus sur internet qu'avec eux).
Ces 3 vagues sur le poignet ont une signification bien sûr, comme (presque) tous les tatouages je suppose. Mais plus que juste le fait de d'avoir de l'encre, inscrite à jamais sous ma peau, c'est tout ce qui tourne autour qui maintenant me saute aux yeux par rapport au moment où je l'ai fait. Car ça a été mal perçu chez moi. On n'en a pas fait des tonnes non plus, parce que mon tatouage est discret. Mais j'ai quand même eu droit aux "les tatouages sur les bras, ça me fait penser aux nazis" et aux autres "je ne pensais pas que tu étais une fille comme ça".
Mais une fille comme quoi? C'est là où je me rends compte que le tatouage reste malgré tout une entité globale, un univers très complet incluant tout une philosophie et un style de vie auquel, je ne fais pas partie. C'est typiquement français de ranger tout dans de cases (la fille normale d'un côté, la fille tatouée de l'autre) et de ne pas laisser toutes les personnalités existées en paix sans être juger tout le temps. Je ne suis probablement pas une fille à tatouage parce que j'ai fait une prépa lettres, alors que c'est là que j'ai rencontré une de mes plus proches amies qui justement, est la seule personne que je connaisse personnellement, à avoir un tatouage. Là où je vis, on n'est pas fermé, mais il faut du temps pour accepter les nouveautés.
J'en viens donc à dire que je trouve ça bien, que les filles peuvent se faire des fleurs ou des hirondelles si c'est ce qu'elles veulent, car elles n'auraient probablement jamais osé le faire avant la "démocratisation". Ca m'a permis d'y accéder aussi. Et puis pourquoi se faire forcément des tatouages très importants et durs (au sens inverse de mignon, je ne trouve pas le mot que je cherche). Dans le fond, même si de plus en plus de personnes en font, il en reste une grande partie qui ne passera jamais le pas. Ca prouve que ces filles sont quand même différentes de la "grande partie", car on n'est pas toutes prêtes à se faire tatouer de grosses pièces. Je sais que vous ne les dénigrez pas, mais c'est un peu le sentiment que j'ai eu en vous lisant aujourd'hui, et c'est pourquoi que je vous ai pondu un post pareil interminable
Je ne veux surtout pas parraître agressive ou chercher le fight, et je suis vraiment désolée si c'est l'impression que vous avez en lisant, je vous jure que je ne suis qu'amour dans mes propos. Je veux juste vous donner mon point de vue, parce qu'en plus ça me fait plaisir d'avoir trouvées des personnes à qui en parler