Je ne veux plus étaler mon ressenti vis à vis de toi. Et si je parle de déception, je ne parle que de déception humaine, ça pique beaucoup les yeux et la poitrine d'avoir lu que tu aies tout donné et jamais rien reçu en retour. J'ai mal que tu n'arrives même plus à recevoir de l'affection, parce que c'est bien de ça aussi qu'il s'agit.
Je vais devoir faire le deuil de tout ça, j'attendais juste que tu m'aides à le faire, que tu l'exprimes et j’ai eu du mal à accepter que tu ne le fasses pas. Mais je comprends, et ce, quelle qu’en soit la raison, qu’il ait une raison ou non, d’ailleurs. Mais j'ai toujours eu foi en ton honnêteté, je sais qu'elle a été mise à mal et j'arrive même à trouver encore dans cette mise à mal une forme d'EXCUSE. La comparaison est sans doute mal venue mais pour avoir vu ma mère au fond du gouffre pendant des années, et en avoir subi les violences verbales avec mon père, je sais qu'en acceptant l'amour et la patience de ceux qui t'apprécient, qui comprennent, tu peux trouver un appui, aussi futile, impuissant soit il aujourd'hui à tes yeux parce que la montagne te semble insurmontable, qu'on s'en sort et que tu t'en sortiras de tout ce bordel ; en ne faisant plus aucun compromis...pour te protéger définitivement à l'avenir puisqu'il n'y a que sur l'avenir que tu puisses compter et que tu ne peux t'appuyer que sur lui. Crois-moi, on s'en sort. Avec du temps. Laisse-toi du temps, sois un peu plus cool et à l'écoute de toi-même, pardonne-toi.
Néanmoins j'ai dû faire quelque chose qui ne méritait pas que nous prenions le temps, même une fois seulement, pour en parler. J’ai beau chercher, je n’ai pas trouvé. Paradoxalement, j'ai passé mes oraux de concours à sur une espèce de nuage qui m'a mis pendant trois jours « à l'écart de toi » et de ce que moi je perçois comme de la lâcheté. J'étais très en colère contre toi en allant aux oraux. Je me disais alors que j'étais dans le TGV que putain tu avais pris des décisions bien plus difficiles dans ta vie : que tu avais toujours eu justement l'honnêteté d'agir et de ne pas te mentir... et j'en avais conservé une certaine admiration.... quand je vois toutes les expériences autour de moi... Et je me disais, qu'à moi que tu connais depuis si longtemps, et qui peux tout entendre et comprendre, tu n'étais pas même capable de me laisser, au pire, même un pauvre et simple message, clair, sur ma messagerie. Je n'aurais pas décroché, j'aurais compris et c'était fini. La grande classe. Tu vois, c'est juste ça que je comprends mal en me disant "non, il n'est pas capable de me faire ça à moi qui me suis montrée transparente". Qu’on agisse du mieux possible ou qu’on merde à fond, tu sanctionnes : si je réussis ce concours, je me souviendrai toujours dans quel état d'esprit je l'ai passé, je me souviendrai des larmes, des nuits blanches par manque de sommeil, des angoisses obsessionnelles, de tes silences et de la culpabilité parce que je me suis fait du souci, et je crois que je ne te pardonnerai jamais de m'avoir laissée dans cet isolement. Le silence c'est le serpent, c’est l'ennemi, c'est pire que tout. Et je me doute que ce n'est sans doute qu'un pauvre concours à tes yeux, mais c'est ma vie à moi cet examen, comme la musique c'est ta vie à toi. Et j'ai suffisamment de dignité à présent pour ne pas jouer les lamentations.
Je prends juste la mesure de qu’il m’a fallu et de ce qu'il me faudra comme courage, de ce qu'il faut se déchirer pour ne plus aimer alors que finalement, on aime toute sa vie les gens qui ont fait battre la machine. Le désespoir est une forme d'orgueil dans lequel je refuse de tomber. Et je veux m'en préserver. Ce sera donc ton échec, ce que tu auras laissé sur le côté, bâtard, pour te protéger alors même qu'il n'y avait aucun danger. Ce n’était que tu positif et tu l’as piétiné négligemment. Ce ne sera surtout pas mon échec. Je ne comprendrai jamais pourquoi tu avais tant insisté à connaître mon ressenti si c'était pour mépriser et piétiner ce que j'ai mis, moi, si longtemps à comprendre, accepter et assumer, ce que tu as mis de confiance à me le faire révéler, à me faire sortir de ma réserve. C'est sans doute ce qui restera la seule énigme. Je n'ai pas changé, moi, depuis que je t'ai tout révélé. C'est toi qui semble avoir changé ton regard sur moi. J'ai juste mis du temps à m'affirmer. Je suis adulte, raisonnée et il n'y avait aucun calcul, aucune détermination de ma part. Et d'une certaine façon, j'en paie quand même le prix. Ton silence a installé une lourdeur entre nous, tu as tout gâché et annulé ce qui était si léger.
J'essaie et j'essaierai de ne pas t'en vouloir.
Finalement, personne ne semble plus avoir assez d'importance à tes yeux, ou ne semble plus assez digne de toi. Alors, comme je sais que c'est le genre de situation qui ne trouve jamais de fin, je réalise que c'est malheureusement moi qui dois y mettre un point final, alors même que je désirais nous préserver en ne t'avouant rien.
Je souhaite que tu disparaisses de ma vie. Je ne veux plus jamais entendre parler de toi.
Et je te demande de ne plus jamais essayer de me contacter de quelque manière que ce soit. De respecter mon souhait.
De mon côté, je ferai comme si tu n'avais jamais existé.