J'ai l'impression que tu n'es jamais partie. J'ai l'impression que si je vais chez toi sonner à la porte, je vais t'entendre crier du haut de l'escalier pour savoir qui c'est, je te crierai mon prénom et j'attendrai que tu descendes l'escalier en priant pour que tu ne te fasses pas mal. J'ai l'impression que tu auras toujours la même tête en m'ouvrant la porte : cheveux bruns colorés, grandes lunettes, gilet trop grand et rayé, pantalon un peu flottant. J'ai l'impression que tu auras préparé quelque chose de très bon, comme toujours, mais tu diras que ce n'est pas grand-chose, comme toujours, et on regardera ensemble ta petite télé en mangeant. Mes parents nous rejoindront ensuite, on fera la vaisselle en regardant les voisins par la fenêtre et puis l'après-midi continuera autour d'un café peut-être, dans le jardin, avec une tes copines ou encore devant la télé. Tu descendras avec nous fermer les volets, il fait déjà si noir et tu as si peur de descendre seule maintenant.
J'ai l'impression que cet endroit n'est pas un endroit froid et sombre depuis que tu es partie. Je ne sais pas comment dire merci, pour tous les souvenirs, pour les bons moments que tu as su créer, pour les bons moments que j'ai passé avec toi, merci, merci, merci, merci. Je me suis trouvé nulle à ton enterrement, je n'ai même pas été capable d'écrire deux lignes ni de prononcer quelques mots, c'est nul, tout est nul, ta fin de vie aura été nulle, tu ne méritais pas ça, mais je me console en me disant que tu es sorti de cet enfer et que tu as rejoint papi. Je ne sais pas pourquoi mais quand je vous imagine tous les deux, je vous imagine en train de danser, comme dans toutes les histoires où tu allais dans des bals avec tes copines, comme sur la photo de Noël où vous dansez la valse et avez l'air heureux. Merci mamie.