Hum, ce qui est certain, c'est que c'est facile de dire "z'ont qu'à" "z'ont qu'à". J'ai pas trop le temps d'argumenter ce matin (chu à la bourre dans le taf, hu hu), mais plusieurs choses me viennent à l'esprit, à chaud comme ça : d'abord, même quand tu veux du boulot, quelque soit la dureté de ce boulot, tu es parfois (j'oserai dire "souvent") confronté à ce qu'on appelle la discrimination. Je sais qu'en France, avec notre bel idéal Républicain, on ne veut pas en entendre parler, mais ça existe. Et les rapports sont là pour le prouver. Quand tu te fais mettre de côté pour un boulot sous prétexte que t'as pas un nom ou un visage qui paraît assez "France profonde" pour le futur employeur, tu es quand même en droit d'avoir une bonne paire de boules. Ca, c'est un élément qui n'a pas grand chose à voir avec ta volonté de trouver du boulot.
Ensuite, j'entendais parler de cette mesure qui abaisserait l'âge de l'apprentissage à 14 ans et ça m'a fait tiquer. D'accord, s'acharner à vouloir faire entrer tous les élèves au lycée voire plus, c'est une connerie : quelqu'un qui n'a pas envie d'aller plus avant, mais est au contraire plus à l'aise dans un boulot qui nécessite une filière courte ou un apprentissage, par exemple, ne devrait pas être traité comme une sous-merde. C'est un défaut de notre système qui a fait beaucoup de mal, je pense, y compris à des gens qui avaient les capacités de continuer leurs études, mais sans en avoir réellement l'envie.
Pourtant, à mon sens, le problème ne se situe pas à ce niveau là. Au collège, les choses sont déjà jouées, parce que les dés sont pipés bien avant. Dès la maternelle et dès la primaire, il y a les élèves qui vivent dans un environnement favorable à leur éveil, dans lequel on les moyens financiers ou autres de leur filer un coup de main s'ils ont des lacunes, si pas eux mêmes, en tout cas par des cours particuliers... Et il y a les autres. Ceux dont les lacunes seront comblées par le système scolaire ou ne le seront pas. Et bien souvent, en France comme souvent ailleurs, c'est le "pas" qui l'emporte. C'est pas nouveau, je pense. Ca s'appelle le poids de l'environnement social. Et c'est surtout à ça qu'il faudrait s'attaquer. S'il faut abandonner l'idée fausse que l'école est égalitaire, à ce niveau là, ce serait pas mal. Certains ont les moyens de booster les capacités ou au contraire combler les lacunes de leurs rejetons ? Tant mieux. Pendant ce temps, mettons le paquet pour que l'école joue ce rôle auprès des autres. Personnellement, je m'en tape de payer plus d'impôts pour y arriver : pour moi ça n'est que justice. Après, oui, chacun selon ses capacités, mais qu'au moins le jeu ait des règles un peu plus juste au départ.
Je sais, c'est utopique peut être, mais ça l'est tout autant de se reposer sur le couplet du mérite et le discours du "si on veut on peut". Chuis désolée, y en a qui sont quand même dans des situations plus à même d'amener le "vouloir" et de réaliser le "pouvoir".
Tout ce que je vois actuellement, ce sont des projets qui me semblent créer encore de nouveaux ghettos et c'est surtout ça qui me fait peur.