Je ne comprends jamais trop les débats en mode « forcer un homme à être père en menant la grossesse à bout contre son gré , c’est comme forcer une femme à être mère en menant la grossesse à bout contre son gré ». Bah non en fait, une femme qu’on force à assumer une grossesse et accoucher, elle prend des risques pour sa santé, sa vie, sa carrière. Le droit à l’avortement c’est d’abord parce que c’est un choix lié au droit de gérer son corps et son intégrité physique. Le droit de refuser la parentalité grâce à l’avortement est une conséquence importante mais secondaire. Certes, ça a eu un rôle social important à une époque où les femmes ayant un enfant pouvaient être mises en danger pour des raisons sociales (ou encore pour certaines femmes dans ce cas aujourd’hui), mais la plupart des hommes n’ont jamais été concernés et ne sont toujours pas concernés par cette situation où ne pas pouvoir te débarrasser d’un enfant dont tu ne veux pas te met en grave danger de violences de la part des autres, notamment car ce danger passe relativement inaperçu quand on n’est pas la personne dont la grossesse est visible.
Bref, la situation est incomparable et si on changeait un peu l’éducation des hommes, ils assimileraient un peu mieux comme de nombreuses femmes ont assimilé que s’engager dans des relations sexuelles peut entraîner la conséquence devenir parent, même si on se protège. Il faut ensuite réfléchir aux moyens qu’on a de réduire ces risque. Pour les femmes, il y a une option d’avoir le mot final sur la grossesse, car les conséquences d’une grossesse sont potentiellement lourdes voire peuvent être fatales. Et même pour les femmes, ce choix peut avoir des limites, notamment en cas de délai dépassé : je pense que la plupart des femmes sont très conscientes que les choses ne sont pas simples si on arrive au stade grossesse voire peuvent être difficiles à arrêter. Pour les hommes, la vraie possibilité d’agir c’est sur la conception elle-même, pas après : après, ce n’est plus de leur ressort. Donc s’ils choisissent quand même de s’engager dans des relations sexuelles, il faut un peu se poser la question de : que va-t-il se passer si ça aboutit quand même à la naissance d’un enfant et je trouve que c’est là où on déresponsabilise complètement les hommes en leur laissant penser qu’ils peuvent baiser sans conséquence et après bah à madame d’assumer, surtout si elle ne veut pas imposer à son corps les choix préférés de son partenaire.
Je trouve ça normal qu’il y a un minimum de responsabilité masculine, que ce soit financière sans implication ou une présence ou au moins quelque chose, ne serait-ce qu’une fois. Dans le cas de ce témoignage, il est ouvert à rencontrer l’enfant tel un donneur de sperme d’un pays où le don anonyme est interdit, bah écoute tant mieux si ça convient à la mère mais c’est à mon avis le strict minimum exigible d’un mec, que l’enfant ait le droit d’avoir accès à ses origines.
Perso, j’ai toujours voulu des enfants « un jour » et à partir de 25 ans, j’ai décidé que dans 75% des cas, si je tombais enceinte par accident, je n’avorterais pas car je me sentais désormais assez mature pour assumer la maternité et que je me disais que si j’avortais et qu’ensuite l’opportunité d’avoir des enfants ne se représentait plus jamais, je serais torturée toute ma vie à cause de ça. J’espérais ne pas être mère si jeune mais je m’étais dit que je choisirais de l’être si la situation se présentait. Je l’ai dit régulièrement à mes partenaires, souvent pas vraiment comme une décision irrévocable mais plus comme une menace quand ils essayaient de me convaincre de me passer de préservatif alors que je leur avais déjà dit que je ne prenais pas la pilule et que même avec la pilule, en fait on ne lâche pas le préservatif avec le premier coup d’un soir ou plan cul venu???? Hé bien ça m’a toujours stupéfaite de voir soit les gars qui balayaient d’un revers de la main mon « alors sache que je prends pas la pilule et je compte pas avorter, si je tombe enceinte je garderais le bébé et tu deviendras père », en insistant pour quand même pas mettre de préservatif « on fera attention ». Gars, t’as 32 ans, tu sais comment on fait les bébés et pourtant je suis sûre que si je t’envoyais la facture de la pension alimentaire, tu me taperais un scandale malgré cet avertissement très clair de ma part en disant « mais je ne comprends pas comment c’est arrivé ». Ou, à l’inverse les gars outrés en mode « comment tu peux dire une chose pareille et me menacer comme ça »? Bah encore une fois, tu sais comment on fait les bébés j’ose espérer??? Tu sais que pas de contraception = risque de grossesse mais tu veux quand même pas penser à ce qui se passera si ce risque se matérialise ou alors tu imagines que ça ira exactement dans ton sens alors que tu n’as plus ton mot à dire une fois la petite graine dans mon ventre? Genre je serais TENUE d’avorter et d’assumer psychologiquement cet acte qui ne me convient pas forcément parce que TOI tu ne te sens pas prêt à assumer psychologiquement les conséquences des relations sexuelles?
Franchement faut un peu réveiller les hommes sur les responsabilités en matière de sexe, ils se sentent tellement peu concernés par le risque de grossesse…