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AnonymousUser
Guest
Je vais tenter de résumer grossièrement (et oui, ceymal) ce que sont et ne sont pas les gender studies.
Les études sur le gender [1] sont issues du mouvement féministe radical qui a émergé dans les années 60.
Pour mettre à jour les injustices engendrées par patriarcat et afin de lutter contre les discriminations, les voix des féministes radicales-caux se sont élevées contre la pensée sociale essentialiste, qui pouvait et peut se décliner de cette façon : « les hommes sont par nature... [sportifs, endurants, supérieurs, rationnels etc.] » ou « les femmes sont naturellement enclines à [être des maîtresses de maison, à faire la vaisselle, à être plus frivoles, moins fiables, plus douces et fragiles, plus sentimentales etc.] ».
De la même façon, les essentialistes affirment que la psyché féminine et la psyché masculine sont par essence différentes (vulgairement : à la naissance un bébé XX et un nourisson XY seraient programmés de façon intrinsèque pour devenir « une femme » et « un homme », avec toutes les hypothétiques différences « intérieures » - psychologiques, comportementales... - que cela déterminerait).
A contrario, les constructionnistes (auxquels se greffent les théoristes Queer et les discours post-modernes) suggèrent avec verve « qu'en dehors de quelques indéniables différences anatomiques, il n'y a de différence entre les genders (par opposition aux sexes génétiques ? XX ou XY) que socialement construites ; sexe et gender étant parfaitement indépendants de l'orientation sexuelle. Selon Butler [2], chaque individu apprend très tôt à jouer la comédie ? largement inconsciente et non-maîtrisée ? du gender, surtout de façon mimétique. Evidemment, les théories de Butler s'inscrivent dans un très vieux débat sur l'inné et l'acquis, mais elles sont dans Gender Trouble et ailleurs exprimées de façon définitive, assez nouvelle et radicale » [3].
Les études sur le gender n'existent pas pour donner des réponses définitives, ni La Vérité Absolue.
Elles questionnent, troublent, et permettent de lutter contre les discriminations et l'aliénation de la dictature du genre imposées aux hommes, aux femmes, aux intersexes, aux personnes transgenres, aux Queer, et également à la communauté LGB (lesbienne, gay, bisexuelle). Elles remettent en question le système actuel, et surtout elles lui interdisent toute forme de légitimité naturelle dont il peut se réclamer. Les gender studies touchent à de multiples strates de la vie individuelle et collective : strates sociales, culturelles, économiques, professionnelles, sexuelles, de l'institution du couple, relatives aux rapports amoureux, aux pratiques quotidiennes, etc.
Je conclus mon article par une citation de la drag-queen Ru Paul (forcément orientée, ce sujet écrit par ma personne est tout sauf neutre) : « we are born naked, the rest is drag » (nous naissons nus, tout le reste n'est que travestissement). Et il n'est bien sûr pas question que de vêtements.
[1] Je suis d'accord avec Georges-Claude Guilbert pour dire que "le mot anglais gender paraît indispensable, la langue française n'offrant guère que genre ou identité sexuelle, tous deux peu satisfaisants pour décrire cet élément constitutif de l'identité de chacun, par opposition à sexe génétique et orientation sexuelle". Toutes mes citations de G.-C. Guilbert sont extraites de son article paru dans *la revue Cercles sur la controversée Camille Paglia.
[2] Judith Butler est considérée comme LA reine des constructionnistes.
[3] citation toujours extraite de* (Georges-Claude Guilbert)
NOTE : je ne suis pas spécialiste, par conséquent je ne répondrai plus aux questions. Si certaines sont intéressées, je vous mets une liste de livres (les classiques) pour vous informer, ils sont écrits par des gens qui planchent là-dessus depuis un bon moment, universitaires, philosophes... Bonne lecture.
Bibliographie de base :
Trouble dans le genre. Pour un féminisme de la subversion, Judith Butler
Défaire le genre, Judith Butler
C'est pour un garçon ou c'est pour une fille ?, Georges-Claude Guilbert
Monique Wittig et sa Pensée straight.
Marie-Hélène Bourcier : Queer zones 1 et 2.
Les études sur le gender [1] sont issues du mouvement féministe radical qui a émergé dans les années 60.
Pour mettre à jour les injustices engendrées par patriarcat et afin de lutter contre les discriminations, les voix des féministes radicales-caux se sont élevées contre la pensée sociale essentialiste, qui pouvait et peut se décliner de cette façon : « les hommes sont par nature... [sportifs, endurants, supérieurs, rationnels etc.] » ou « les femmes sont naturellement enclines à [être des maîtresses de maison, à faire la vaisselle, à être plus frivoles, moins fiables, plus douces et fragiles, plus sentimentales etc.] ».
De la même façon, les essentialistes affirment que la psyché féminine et la psyché masculine sont par essence différentes (vulgairement : à la naissance un bébé XX et un nourisson XY seraient programmés de façon intrinsèque pour devenir « une femme » et « un homme », avec toutes les hypothétiques différences « intérieures » - psychologiques, comportementales... - que cela déterminerait).
A contrario, les constructionnistes (auxquels se greffent les théoristes Queer et les discours post-modernes) suggèrent avec verve « qu'en dehors de quelques indéniables différences anatomiques, il n'y a de différence entre les genders (par opposition aux sexes génétiques ? XX ou XY) que socialement construites ; sexe et gender étant parfaitement indépendants de l'orientation sexuelle. Selon Butler [2], chaque individu apprend très tôt à jouer la comédie ? largement inconsciente et non-maîtrisée ? du gender, surtout de façon mimétique. Evidemment, les théories de Butler s'inscrivent dans un très vieux débat sur l'inné et l'acquis, mais elles sont dans Gender Trouble et ailleurs exprimées de façon définitive, assez nouvelle et radicale » [3].
Les études sur le gender n'existent pas pour donner des réponses définitives, ni La Vérité Absolue.
Elles questionnent, troublent, et permettent de lutter contre les discriminations et l'aliénation de la dictature du genre imposées aux hommes, aux femmes, aux intersexes, aux personnes transgenres, aux Queer, et également à la communauté LGB (lesbienne, gay, bisexuelle). Elles remettent en question le système actuel, et surtout elles lui interdisent toute forme de légitimité naturelle dont il peut se réclamer. Les gender studies touchent à de multiples strates de la vie individuelle et collective : strates sociales, culturelles, économiques, professionnelles, sexuelles, de l'institution du couple, relatives aux rapports amoureux, aux pratiques quotidiennes, etc.
Je conclus mon article par une citation de la drag-queen Ru Paul (forcément orientée, ce sujet écrit par ma personne est tout sauf neutre) : « we are born naked, the rest is drag » (nous naissons nus, tout le reste n'est que travestissement). Et il n'est bien sûr pas question que de vêtements.
[1] Je suis d'accord avec Georges-Claude Guilbert pour dire que "le mot anglais gender paraît indispensable, la langue française n'offrant guère que genre ou identité sexuelle, tous deux peu satisfaisants pour décrire cet élément constitutif de l'identité de chacun, par opposition à sexe génétique et orientation sexuelle". Toutes mes citations de G.-C. Guilbert sont extraites de son article paru dans *la revue Cercles sur la controversée Camille Paglia.
[2] Judith Butler est considérée comme LA reine des constructionnistes.
[3] citation toujours extraite de* (Georges-Claude Guilbert)
NOTE : je ne suis pas spécialiste, par conséquent je ne répondrai plus aux questions. Si certaines sont intéressées, je vous mets une liste de livres (les classiques) pour vous informer, ils sont écrits par des gens qui planchent là-dessus depuis un bon moment, universitaires, philosophes... Bonne lecture.
Bibliographie de base :
Trouble dans le genre. Pour un féminisme de la subversion, Judith Butler
Défaire le genre, Judith Butler
C'est pour un garçon ou c'est pour une fille ?, Georges-Claude Guilbert
Monique Wittig et sa Pensée straight.
Marie-Hélène Bourcier : Queer zones 1 et 2.