clarinette90;3302473 a dit :
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http://www.madmoizelle.com/forums/member.php?u=31640Apo Lonie
dis moi le domaine du droit est il Hyperconcurrentiel ?
te demande-t-on de faire du chiffre ?
Je te dirais que oui, c'est concurrentiel. Il faut être bon dans sa branche (mais ça, j'ai envie de dire, c'est un peu commun à tous les emplois finalement) et savoir s'orienter vers une voie moins chargée que d'autres. Par exemple, il y a des villes où il y a tellement d'inscrits au barreau qu'ils ne peuvent pas tous vivre de leur métier
On ne vit plus du divorce, on ne vit du pénal qu'une fois installé. Et puis tout dépend aussi de ta volonté de "formule". Soit en indépendante pure, avec tes propres charges. Soit indépendante mais en cabinet : en échange de la structure tu donnes des "heures" sur des dossiers du cabinet. Soit salariée (tu travailles comme collaboratrice d'un avocat associé)
Chez nous, les quelques indépendantes sont passées salariées : elles n'avaient pas le temps de développer leur clientèle en fait, à côté des dossiers du cabinet. Et elles n'ont plus à gérer leurs charges ainsi.
Et pour en venir à ton second point : elles ont des objectifs. Ce sont des objectifs de "temps facturés" : en gros apprendre à ne pas passer 6 h sur un dossier si tu ne peux en facturer que 2 pour cette prestation. Et des objectifs d'honoraires bien sur. Mais je n'ai rien vu d'irréalisable là où je travaille, au contraire. Et ça leur permet une jolie prime en fin d'année en plus de valoriser leur travail
Mais pareil, je resitue : je travaille dans un cabinet assez "familial" même s'il s'agrandit de mois en mois, et en Province. Je sais qu'à Paris ou d'autres très grandes villes, c'est différent. Nantes qui est juste à côté voit chaque jour des avocats arrêter de travailler et changer de métier...
clarinette90;3302473 a dit :
concernant le droit fiscal ça m’intéresse :
tu as écrit ceci Faut être inventif, c'est à dire comment on peut profiter des niches fiscales par exemples ? Des compétences en compta seraient-elles utiles ?
réactif c'est à dire ?
Je détestais le droit fiscal à la fac, j'ai redécouvert la matière en arrivant dans ce cabinet, puisqu'affectée à un associé "droit des sociétés et franchise" et l'autre fiscaliste.
Et j'ai la chance de travailler avec un fiscaliste qui est bon. Il développe justement sa clientèle et la fidélise parce qu'il est inventif et réactif. Je pense que le plus simple sera de te donner des exemples :
- un client X pour sa déclaration d'impots a un souci sur une question pointue de loyer à déduire en tant que pension alimentaire. Mon boss se rappelle d'un client Y presque dans le même cas : il va proposer sa solution, le client est ravi, alors qu'il n'avait rien demandé, et on est sur de le revoir à sa prochaine question.
- une loi de finance est votée : dans les 15 jours il organise un petit déj ou un cocktail avec présentation powerpoint pour l'expliquer à ses gros clients.
- s'il ne peut pas répondre à tout, il n'hésite pas à se tourner vers ses associés pour assurer un service "complet" à son client. A anticiper. A aller chercher vraiment le détail qui fera que le client sera satisfait. Un client B a repris une entreprise. Mon boss y a fait entrer C, un investisseur, pour l'aider. B a foiré et l'entreprise est en liquidation. Avant même que C ne soit au courant, mon boss avait préparé un plan d'intégration fiscale qui permettait d'absorber la perte au niveau d'autres sociétés du groupe (un montage un peu complexe à expliquer comme ça) et hop.
C'est ce que j'entends par réactivité et inventivité. C'est une matière qui vit énormément, il faut toujours se tenir au courant, faire des liens entre les différentes possibilités etc... Et des compétences en compta sont utiles, ne serait ce que pour interpréter les liasses
clarinette90;3302473 a dit :
quelles sont les travaux que tu as à rendre ? Genre des fiches d'arrets des synthèses ?
Mon cas est un peu particulier... j'ai arrêté la fac en plein master droit public y'a 4 ou 5 ans maintenant. J'ai fait des tas de boulots, rien à voir avec le droit. Et l'année dernière j'ai emménagé dans cette ville, j'ai cherché du boulot, et j'ai eu la chance inouie de tomber sur ce cabinet
J'y suis entrée en tant qu'assistante/secrétaire juridique il y a un peu plus d'un an. Sauf que rapidement ils m'ont demandé plus, et comme je m'en sortais, je fais aujourd'hui quasiment le boulot d'un clerc d'avocat. Je reprends un master en septembre, qu'ils me financent, pour passer juriste, et à terme avocate, en droit des affaires. Voilà pour le contexte.
Pour ma part : je suis formaliste. C'est à dire que pour l'avocat fiscaliste, je m'occupe de tout le côté "juridique" et "droit des sociétés" de son activité. En gros, je réalise toutes les formalités pour ses clients : cession de fonds de commerce, cession de parts sociales, apport partiel d'actifs, augmentation de capital, immatriculation... Je rédige les actes (procès-verbaux, acte de cession, protocoles d'accords, statuts...) puis je m'occupe des mentions au Greffe et autres enregistrements aux impots jusqu'à ce que la société soit à jour.
Mais il a eu une stagiaire fiscaliste l'année dernière qui elle était axée fiscal : elle réalisait pour lui des recherches techniques. Ce qu'on demande à des collaboratrices d'ailleurs. Une question particulière et elle devait lui ressortir la JP, la doctrine et une solution adaptée.
L'intérêt du fiscalisme, c'est aussi que tu n'as pas besoin d'être avocat. Tu ne plaides jamais ou quasiment : c'est exclusivement du conseil. Donc après ton master II tu peux être embauchée.
Et les questions ne me dérangent pas : d'abord parce que j'adore mon boulot et l'opportunité que j'ai de poursuivre mes études et de progresser dans un domaine que je croyais m'être fermé...
Et ensuite parce que si j'avais eu quelqu'un pour m'expliquer ça quand j'étais en licence, je me serais peut être accrochée plutot que d'aller bosser pour un smic dans des domaines moins épanouissants pour moi