J'adore les moments qui fédèrent. J'aime quand j'ai l'impression que ma subjectivité se mélange avec celle des autres, quand j'ai l'impression d'être une personne unique mais rattachée à tous les autres par un contexte commun. J'aime les moments où je me sens membre d'un tout en fait.
Du coup j'adore quand il se produit des alchimies cinématographiques par exemple. J'adore plus que tout ces moments où j'ai l'impression que toute la salle a été transportée en même temps que moi, a ri avec moi, a pleuré avec moi, a eu peur avec moi... C'est pour ça que des films comme ceux de Tarantino, ou comme Titanic, ne sont à mes yeux pas "juste" des films mais bien des expériences. J'aime presque autant le film en lui-même que le fait d'entendre les autres rire aux mêmes blagues que moi face à la virtuosité des dialogues chez Tarantino, j'aime presque autant pleurer toutes les larmes de mon corps lors de la scène finale de Titanic que m'imaginer que le pépé assis deux sièges plus loin est lui aussi dévasté par cette scène, tout comme le sont aussi les deux petites ados prépubères 3 rangées devant, ou tout comme l'est également le prof intellectuel au coin à gauche.
En fait j'aime beaucoup tout ce qui ravive le sentiment d'appartenance, c'est pour ça que je trouve tout ce qui est populaire vraiment génial, pas juste "plaisant", mais même émouvant.
J'ai eu les larmes aux yeux cet été face à un feu d'artifice sur le débarquement, parce que j'étais émue de voir que tout le monde se sentait concerné, que tout le monde était enchanté par la magie du moment, au-delà des différences, que cet instant pouvait atteindre chacun d'entre nous. C'était comme si le temps d'un feu d'artifice, on était tous redevenus des enfants membres d'un même pays, avec une histoire commune.
Pareil pour les concerts de Johnny Hallyday, l'idée que des milliers de personnes puissent se sentir fédérées par l'amour qu'elles portent à ce chanteur me bouleverse bien plus que le contenu même de ses chansons. Même dans un concert de Tokyo Hotel à la grande époque où ils étaient adulés (je ne sais pas ce qu'il en est aujourd'hui, c'est pas trop ma tasse de thé) je trouve qu'il y a quelque chose de noble et de poignant.
C'est comme les moments de finales de coupes du monde où les voitures klaxonnent dans la rue, les résultats d'élections où l'on voit à la télé des centaines de personnes se réunir pour faire la fête ou pleurer, les images télévision où l'on voit le World Trade Center s'écrouler, les enterrements bondés de monde, les extraits des discours de grands politiciens américains comme Obama ou Lincoln (oui je fais des comparaisons séculaires
)... Depuis toute petite, ce genre de moments me procure des frissons, un sentiment d'union avec les autres... Je me suis parfois demandé comment, franchement, je pouvais être submergée d'émotion en voyant des extraits du dernier concert de David Guetta
Et j'arrive de mieux en mieux à comprendre pourquoi.
Je crois que pour pas mal de situations comme ça, de grande ampleur, ce qui me transcende c'est plus la forme que le fond. Les évènements peuvent être tragiques comme incroyablement joyeux, ce qui me touche plus que tout et que j'adore, c'est que chacun se sent concerné de là où il est.