@LittleCerys "Une société sans norme n'insinuerait-elle pas de ne plus avoir d'opinions, de goûts, d'avis (qui, présents en majorité, vont créer ces normes elles-mêmes) ? Si on n'a plus de préférences, comment envisager tel choix de vie plutôt qu'un autre ?"
Ne plus avoir de normes ou diktats ne signifie pas ne plus avoir de préférences je pense...
Ainsi il peut y avoir des normes au sens de "truc majoritaire" mais pas "truc à suivre absolument"
Par exemple, en europe on a souvent des oreillers carrés, ça semble être une préférence à laquelle le marché s'est adapté, mais si tu achètes des oreillers rectangulaires les gens vont pas entrer dans ta chambre et dire "aaah mais c'est vraiment bizarre tes oreillers là, je comprends pas ton choix..."
Ça montre bien l'absurdité du truc : on ne dit pas ça pour les oreillers, pourquoi on le dirait pour les poils ?
Ah, mais on est bien d'accord. Par norme, j'entendais au sens de "truc majoritaire". Je n'ai jamais dit qu'il était normal qu'il faille "absolument" suivre la norme actuelle de l'épilation.
Je pense qu'à partir du moment où on va exprimer une préférence ("j'aime les oreillers carrés") et qu'on va être une majorité à le faire, cela va créer une norme. Parce qu'on va forcément avoir besoin de créer plus d'oreillers carrés pour répondre à la demande, ce qui va influencer les gens à en acheter plus, et ainsi de suite. Les gens auto-alimentent les normes qui régissent la société dans laquelle ils vivent, en un sens. Et ce quelque soit la ou les raisons derrière le fait de suivre la masse : préférence esthétique, besoin d'appartenance à la norme, neutralité dans le choix (quand on s'en fiche et qu'on va au plus simple en achetant l'oreiller carré, en plus grande quantité que le rectangulaire), et ainsi de suite.
Là où c'est problématique, c'est quand des personnes se donnent le droit de décider pour toi et de te donner leur avis quand celui-ci n'est qu'oppressif.
Mais là, ce n'est pas l'épilation qui est le problème ou qui
est une oppression. Ce sont les gens qui se croient autorisés à la ramener.
Dans le fond, c'est juste une question de poils, il n'y a rien d'oppressant dans le fait de les enlever ou de les garder. Ça peut devenir oppressant si notre choix de les enlever ou de les garder est fortement contester par une tierce personne. Et je ne parle pas de l'expression d'une préférence : si quelqu'un me dit "je préfère les poilues", je ne vais pas lui en tenir rigueur, c'est son droit. S'il me dit "laisse pousser tes poils, sale pute", là, ce n'est plus la même chose.
Si je tourne ces exemples à l'encontre d'une personne qui s'épile, ce n'est pas par non sens, mais bien pour signifier que chacun peut faire ce qu'il veut de l'épilation. Ceci montre bien que ce n'est pas l'épilation en elle-même qui est problématique, mais ce qu'on peut en faire. Ma mère me disait bien que je ferais pute si je m'épilais. Et pour qu'on ne me fasse pas dire ce que je n'ai pas dit, je précise : ce rejet de l'épilation évoqué ici n'est en rien systématique (l'inverse non plus, d'ailleurs, même s'il peut sembler l'être), encore moins très fréquent (là, il est clair qu'on rejette plus facilement les poilues que l'inverse
), mais son existence montre bien que
chacun place son jugement derrière un concept neutre (l'épilation), et que c'est ce
chacun qui pose problème.
En intervenant sur le topic, je tenais juste à dire qu'on peut s'épiler sans subir une oppression,
par choix, au même titre qu'on peut ne pas s'épiler
par choix. Pour moi,
reprocher l'existence d'une norme comme l'épilation ne règle en rien le problème... si ce n'est par la création d'une nouvelle norme, la non épilation, et de nouveaux oppresseurs, ceux qui refusent de croire qu'on puisse s'épiler parce qu'on le désire. Je sais que ce n'est pas le cas (ni même VOTRE cas), que ça n'arrivera pas de sitôt, mais je veux juste qu'on n'oublie pas la
véritable cible de ce combat :
ces personnes qui vont rejeter l'autre parce qu'il a trop de poils à son goût.
D'ailleurs
@Imago, je ne suis pas d'accord avec le fait de choisir une norme plutôt qu'une autre en privilégiant, de fait, la non épilation. Déjà parce qu'une norme est déjà choisie, c'est l'épilation, et ça me semble du coup illogique d'aller vers cette minorité qui ne s'épile pas pour reformer la société. Mais également parce que ça ne reproduirait que le même phénomène, dans l'autre sens cette fois : en effet, la situation ne va pas forcément s'améliorer puisque je ne vois pas pourquoi les non épilées, surtout devenues majoritaires, ne pourraient pas être oppressives avec les épilées restantes.
Si tu combats les normes non pas parce qu'elle te concerne mais parce que tu ne veux pas que des gens soient oppressés, alors ce raisonnement de choisir une norme ne me semble pas très logique.
Ce qui compte, pour moi, ce n'est pas d'empêcher des normes de se mettre en place, mais bien de combattre ceux qui veulent les rendre obligatoires si cela ne les concerne en rien. Une personne a le droit de s'épiler, une autre a le droit de ne pas le faire, et nous, on ne devrait pas avoir à en dire quoi que soit. Point. Faisons qu'être hors-normes ne soient plus vus de façon péjorative !
Après, c'est ma façon de voir les choses. Mais clairement, à partir du moment où l'épilation permet le bien-être de certaines personnes, venir leur dire que c'est une norme forcément oppressive, c'est un peu leur dire qu'ils sont incapables d'être aussi libres de leurs choix qu'une personne qui décide de combattre la norme... Alors que pour moi, que nos choix esthétiques soient influencés par divers facteurs ou non, on est tous dans le même bateau : une personne qui rejette l'épilation a tout autant de raisons qui viennent de la société, des autres, de son histoire personnelle, etc. qu'une personne qui la préfère.