Aujourd'hui j'ai repensé à la question qu'avait posée @higreq à propos de la lecture, et j'ai réalisé un truc (dont je ne suis pas forcément fière [img=15x15]http://jesuis.madmoizelle.com/media/pybb/smilies/razz.gif[/img]).
Je crois que je viens de découvrir aussi une des raisons qui font que je lis peu. Attention je crois que c'est extrêmement bizarre. J'ai un rapport assez fusionnel avec mes idées, j'aime parfois rester "entre moi et mes idées", c'est ma façon de me sentir unique. Je pense que c'est égocentrique, mais il y a une partie de moi qui aime savoir que je pense ça, que je pense avoir pris conscience de quelque chose, et que les gens autour de moi non. Ce n'est pas par volonté de me démarquer ou d'être "meilleure", mais c'est parce que j'ai l'impression que c'est une des choses qui font celle que je suis, et que si tout le monde acquiert mon idée, alors je ne pourrai plus m'y rattacher comme quelque chose qui me constitue « juste moi ». J'ai besoin d'avoir dans un coin de ma tête des idées que je pense que les autres n'ont pas (alors que c'est très faux, je pense que je recycle sans le savoir les idées que des millions d'autres personnes ont eues avant moi). Ça m'aide à « me ressourcer intérieurement » et je crois que ça participe à ma construction identitaire.
Et parfois, que ce soit en cours ou lorsque je lis un bouquin, je ressens une sorte de frustration. Parce que je réalise qu'une idée que j'avais eue au préalable est très bien explicitée ici. Alors il y a des fois où je vais être immédiatement ravie de voir que d'autres ont mis en mot des intuitions que j'avais eues. Mais parfois, j'ai l'impression (ponctuelle) que je me dépossède symboliquement de quelque chose. Tant que je ne savais pas que quelqu'un l'avait théorisée (et souvent mieux que moi), je me complaisais à penser que cette idée, cette réflexion, m'appartenait. Je me sentais seule avec elle, et c'était un mélange de frustration (envie d'être comprise) et de jouissance (je comprends à la perfection mon idée puisqu'elle est mienne, et je n'ai pas peur de la voir « barbarisée » (non pas "simplifiée" mais "modifiée") par quelqu'un qui ne verrait pas là où je veux en venir).
Par contre, là j'ai l'air de dire que j'aime être seule avec mes idées et m'en gargariser comme une péteuse. Bon c'est sûrement un peu le cas, mais ce n'est pas si simple que ça. Parce qu'à côté de ça, j'adore pouvoir transmettre aux autres ces idées. Quand je sens que quelqu'un comprend ce que je veux dire, je suis limite en transe
Je suis encore plus ravie quand je vois que quelqu'un comprend ce que je veux dire, alors qu'à la base il n'était pas du tout d'accord/n'avait jamais réfléchi à la question.
Et pareil, quand je sens que quelqu'un a un raisonnement qui va dans le sens du mien, j'ai l'impression qu'on est un peu des « frères d'âmes » et je me sens comblée. Même quand quelqu'un va plus loin que moi sur l'idée qui me tenait à cœur et ouvre de nouvelles portes, j'ai un peu les boules de ne pas y avoir pensé, mais quand ça me passe, je suis trop contente et je « regarde » la personne presque différemment, même si elle ne s'en rend pas compte.
C'est bizarre. Désolée du coup je hors-sujette (et c'est très introspectif) mais j'ai pensé à ça ce matin et je voulais revenir là-dessus.Tout ça pour te dire que je pense qu'en fait il y a des raisons assez complexes qui, à mon avis, peuvent faire que les gens lisent peu. Que ce n'est pas forcément une histoire de plaisir/déplaisir :rotate: