Il y a une dimension du phénomène Harry Potter qui semble occultée, qui est pourtant nécessaire à sa compréhension... Je vais parler de mon cas parce qu'il est très représentatif je trouve: j'avais 9 ans quand j'ai découvert le premier tome, Harry en avait 11, j'ai suivi chacune de ses rentrées scolaires, ses étés chez les Dursley, ses aventures, ses proches, ses deuils, ses crises. 10 ans de Potter quoi, 10 ans que sa vie évoluait en parallèle à la mienne tout en y faisant écho.
Ce que je veux dire c'est qu'Harry a grandi en même temps que toute une génération à la période humaine où on est en général le plus fragile et vulnérable (l'adolescence) et qu'il a fait partie de ce qui protège et rend plus fort dans une période où on en a bien besoin. Je ne vais pas gonfler ceux qui n'aiment pas particulièrement (ou détestent, d'ailleurs) HP en m'épanchant des heures là-dessus mais les thématiques abordées et beaucoup de métaphores du bouquin, comme le rapport à la mort - qui est quand même le thème principal de la saga - ou la dépression (salut les détraqueurs) proposent des putains de pistes optimistes sur ces histoires qui peuvent te bouffer, surtout pendant l'adolescence.
Il y a donc un rapport très affectif à cette saga, HP c'est quand même lié à des émotions très fortes étalées sur plus de dix ans pour beaucoup de gens. Quand quelqu'un me dit "j'aime pas Harry Potter" c'est limite comme si on me disait qu'on n'aimait pas quelqu'un de ma famille. J'ai conscience que ça puisse sembler exagéré pour un point de vue extérieur à l'aventure, mais comme ça m'a beaucoup plus ouvert sur la vie que ça m'a enfermé dans une "secte" je trouve ces avis peu pertinents.
J'espère avoir réussi à faire un petit peu mieux comprendre à ceux qui sont plus ou moins hermétiques au phénomène cet engouement qui perdure... Et surtout pourquoi le sujet peut être assez sensible pour certains lecteurs, et pourquoi le respect c'est faire preuve d'un minimum de tact (d'un côté comme de l'autre). Parce que pardon mais les "ça fait longtemps que je suis passé à autre choses", ça sonne quand même un peu beaucoup comme "moi j'ai évolué, pas vous". J'ai un scoop, il y a différentes manières d'évoluer, qu'on reste proche d'un certain univers ou non. HP continue de nourrir des réflexions et créations nouvelles, je souhaite qu'on accepte cet état de fait autant qu'on cesse de potteriser les topics où apparemment ça n'a pas sa place.
et je ne savais pas que "rien à foutre" était à ce point discourtois, pas dans mon vocabulaire en tout cas, puis que j'imagine que cette suite de trois mots qui te permet de me demander de me calmer.
