Différence d'intensité selon les langues
Selon les langues, l'augmentation d'intensité effectuée sur la syllabe accentuée est plus ou moins forte. Dans la majorité des
langues romanes elle est très marquée, alors qu'en
français, une syllabe accentuée ne se prononce pas avec une intensité très élevée par rapport à une syllabe atone (non accentuée).
Ainsi, pour
Paul Valéry, « Trois caractères distinguent nettement le français des autres langues occidentales : le français, bien parlé, ne chante presque pas. C’est un discours de registre peu étendu, une parole plus plane que les autres. Ensuite : les consonnes en français sont remarquablement adoucies ; pas de figures rudes ou gutturales. Nulle consonne française n’est impossible à prononcer pour un Européen. Enfin, les voyelles françaises sont nombreuses et très nuancées (...)
[1]. »
Ainsi, dans un mot anglais comme
castle, /
ˈkɑː.səl/ (« château »), accentué sur la première syllabe, un francophone prononce spontanément l'accent sur la deuxième (la dernière) et presque aussi intensément que la première. Le
turc se caractérise aussi par un accent tonique relativement faible, tombant toujours sur la dernière syllabe.
Le cas du français
Le français possède un accent tonique se caractérisant par son intensité et sa durée. Au contraire des autres langues romanes et de la plupart des langues européennes, cet accent n'est pas lexical mais syntaxique, c'est-à-dire qu'il ne dépend pas des mots mais des
syntagmes et
propositions[2]. De plus, l'intensité de l'accent français est relativement faible par rapport à d'autres langues.
Par exemple, les mots polysyllabiques suivants sont accentués quand ils sont isolés comme indiqué dans une diction soignée :
petite /
pəˈ.tit/,
maison /
mɛˈ.zɔ̃/,
prairie /
pʁɛ.ˈʁi/,
diffusée /
di.fy.ze/. Pour la phrase «
La Petite Maison dans la prairie n'est plus diffusée. », on obtient selon une prononciation standard /
la.pə.tit.mɛ.zɔ̃ dɑ̃.la.pʁɛ.ˈʁi.nɛ.ply.di.fy.ˈze/ ou /
la.pə.tit.mɛ.ˈzɔ̃ dɑ̃.la.pʁɛ.ˈʁi.nɛ.ply.di.fy.ˈze/. En effet, la notion de « groupe de sens » est variable : on peut considérer que « la petite maison dans la prairie » est composé de deux syntagmes : « la petite maison » + « dans la prairie » ou bien que le tout forme un syntagme unique.