mariecharlotte-2;4918184 a dit :freehug;4918081 a dit :Je suis assez partagée concernant la bourse au mérite, mais je tenais à dire qu'un des problèmes majeurs pour les élèves défavorisés financièrement c'est qu'ils sont complètement exclus des grandes écoles. Déjà, faire une prépa en bossant à côté, c'est IMPOSSIBLE. Entre les cours qui prennent la journée, les khôlles parfois tard (genre 19h, ça arrive, et souvent), les devoirs à rendre et les devoirs surveillés le samedi matin qui peuvent durer jusqu'à 6h, à moins de se dédoubler, y a pas moyen. Et même en se démerdant avec l'internat et quelques aides, après, les frais de scolarité des grandes écoles, c'est de 2000€ à 15000€ l'année. Les écoles de commerce, ça démarre à 7000€. Et aucune dispense, sauf pour UNE école, la deuxième au classement national (donc accroche-toi pour l'avoir). Ce serait pas mal de les obliger à dispenser les boursiers de frais de scolarité. Ensuite, les cursus les plus cotés en fac (je pense notamment aux IAE, sortes d'écoles de commerce publiques), c'est la même chanson: tellement de cours et de travail chez soi que si on n'a pas de thunes, pas la peine d'y penser, d'autant qu'ils n'aiment pas trop les étudiants qui bossent à côté (y en a qui refusent carrément les dispenses de TD ou de délivrer des attestations de convocation aux partiels au motif que "entre études et travail, il faut choisir"). C'est même pas d'abord une question de capital culturel au départ, c'est que même ceux qui sont bons malgré les difficultés de base, ils n'ont pas accès aux filières d'excellence.
La bourse au mérite était presque une aide individualisée pour des profils "hors du commun" ; alors oui, on pourrait se contenter de leur attribuer des aides sociales, leur ouvrir des accès aux grandes écoles sur critères sociaux, et laisser tomber l'idée de mérite qui file de l'urticaire à certaines... Sauf que c'est stigmatisant. Les élèves qui intègrent les Grandes écoles le font grâce à leur travail, leur culture, leur mérite, oui, ce n'est pas un gros mot.
Qu'on encourage et qu'on récompense le mérite de ces élèves (qui réussissent en dépit de leurs origines sociales), en quoi est-ce que ça va à l'encontre de la réduction des inégalités à l'école ?
Quand je dis qu'ils font mentir Bourdieu, ce n'est pas pour prouver que "vous voyez, c'est possible !", car oui, ils sont quantité négligeable ramenés à l'ensemble de la population étudiante. Est-ce pour autant une raison de les négliger ?
Les bénéficiaires de cette bourse au mérite ne sont pas des privilégiés ; mais ils ont visiblement le bagage culturel pour prétendre intégrer les grandes écoles (impossible de travailler en parallèle, cf le post de Freehug).
On fait quoi pour eux, spécifiquement pour eux ? Ils n'ont qu'à suivre des études qu'ils peuvent concilier avec un travail ? La prépa et les grandes écoles resteront le pré carré des classes moyennes et aisées, c'est ça l'égalité républicaine ? (parce que là, oui, on raisonne en cadre budgétaire contraint : on ne peut pas subventionner les études de TOUS les étudiants des grandes écoles : l'état dépense déjà beaucoup plus sur un étudiant de grande école que sur un étudiant de fac...)
Encourager « la réussite du plus grand nombre », c'est justement encourager LES modèles de réussite (on ne réussit pas tous en suivant le même modèle).
Franchement, je comprends de moins en moins certains commentaires ; on est d'accord sur le constat que l'école reproduit les inégalités sociales, que le système français est très inégalitaires. Et vous accusez la bourse au mérite x critères sociaux de participer à ce système ? Mais c'est tout le contraire ! C'est ce genre de dispositif qui permet aux étudiants issus des milieux les plus modestes de pouvoir intégrer les grandes écoles.
Je viens régulièrement lire les commentaires, et de nombreuses critiques formulées dans les commentaires ou en privé depuis que j'écris pour mad m'ont énormément aidé à progresser, j'en remercie d'ailleurs les lectrices pour ça .
Tant mieux si ces articles font réagir et suscitent le débat !
(sur ce je quitte Internet pour les 4 prochaines heures, peace !
Yay, retour sur un débat après une grosse privation d'Internet! (HS, pardon)
Alors quand je disais que j'étais partagée sur la bourse au mérite, c'est pas en raison de sa suppression, ni même de son existence, enfin pour dire les choses crûment c'était un pansement sur une jambe de bois. D'un côté on a plus de sous pour les élèves les plus méritants, donc plus susceptibles de faire des études chères. De l'autre, des étudiants qui galèrent et qui ont du mal à faire des études quelles qu'elles soient, et qui ne cracheraient pas sur quelques euros de plus. Qu'on doive choisir entre les deux pour raisons budgétaires, mouuuuuuaiss.
Gauche ou pas gauche, j'aimerais bien parler du système complètement bizarre de l'enseignement supérieur en France: facs vs. grandes écoles (et les diplômes d'études courtes comme les BTS ou les CAP dont je ne parle pas parce que j'ignore tout de leur fonctionnement). En plis il y a des écoles très mal cotées qui ne valent pas la fac la plus mal foutue du pays et inversement (je caricature volontairement). Le gros bordel. A côté de ça, les facs n'ont pas de budget (car publiques, crise, etc), les écoles en ont trop (si. Jetez un œil à leur budget pub si vous le pouvez, mais pour avoir passé les concours des écoles de commerce, elles dépensent des milliers d'euros rien que pour impressionner les candidats aux oraux) et ne font pas beaucoup de recherche. C'est d'ailleurs pour ça qu'on est si mal cotés aux classements internationaux des facs/écoles (qui se fondent sur le côté recherche donc) par rapport à la qualité de l'enseignement. A côté de ça, on a des organismes qui se chargent, eux, exclusivement de la recherche (l'institut Pasteur, le CNRS, etc). Alors je ne dis pas DU TOUT que c'est mieux ailleurs où ils raquent comme pas possible ou se suspendent l'épée de Damoclès du prêt étudiant au-dessus de la tête (et encore, même ça c'est pas pour tout le monde). Je pense, personnellement, qu'il faudrait déblayer tout ce bazar, voir ce qu'on peut en tirer comme budget et comme dépenses, et si c'est souhaitable réformer tout l'enseignement supérieur. Ca prendrait des années mais je pense que ça vaut le coup.