@Madame Ball Z
Je pense qu'il n'y a pas de solution optimale ( si ce n'est ouvrir plus de fac, plus de places, plus de profs ). Après, on pourrait réellement améliorer notre système éducatif en améliorant l'orientation. Notre système d'orientation en France est vraiment nul et pétri de préjugés. Déjà les lycées affectés selon là où tu habites : ok, pourquoi pas, mais dans mon lycée il n'y avait aucune option, dans celui d'une amie ils avaient plein d'options géniales comme du théâtre, du cinéma, une filière européenne.. On part déjà de situations inégalitaires de toute façon, concrètement tous les lycées ne se valent pas. Ensuite tout au long de la scolarité des élèves, les filières professionnelles sont dévaluées. On envoie en BEP les " cas désespérés " et il ne vient à l'idée de personne de parler de bac professionnels à des élèves qui ne sont pas considérés comme mauvais, en fait. J'ai appris qu'il existait des bacs pros quand j'étais déjà au lycée dans une filière générale. Dans mon lycée comme dans beaucoup d'autres, les filières pros ( STMG en l’occurrence, la plus courante je pense ) servent de poubelle. C'était particulièrement le cas chez moi, un lycée privé qui avait avant tout pour ambition d'afficher 100% de réussite au bac dans les filières générales et qui cassaient complètement les élèves.
C'est simple, je n'ai jamais eu ni au collège ni au lycée quoi que ce soit qui soit organisé pour présenter les différentes filières qui existent, les multiples branches déjà nombreuses même avant le bac, j'en découvre aujourd'hui encore alors que j'ai fini le lycée.
Le truc c'est qu'on trimbale les élèves de filières générales en filières générales et arrivés en terminale c'est " démerde toi ". Donc oui j'ai fait des salons, j'ai passé des heures et des heures dans des guides et même sur internet. Et ben c'est cette année que j'ai découvert la filière que j'aurai aimé faire à la sortie du lycée, parce que la fac n'est pas de ma région donc aucune publicité ne lui a été faite sur les salons parisiens. Au passage, on parle des salons mais je n'y ai jamais croisé de fac : ce sont des écoles privées qui viennent chercher des clients et qui cherchent à se vendre, tout simplement.
Le paradoxe au lycée c'est qu'on est à la fois totalement assistés et totalement laissés en plan. On te dit juste de te trouver une orientation, des études, sans donner aucun outil derrière, sans permettre aucune rencontres. L'information des élèves est laissée au bon vouloir des établissements : dans certains des choses sont organisées, dans d'autres pas. Dans tous les cas comment peut on parler d'égalité des chances alors que l'information n'est pas la même partout et que les élèves sont laissés bien souvent à ce que leur entourage connaît ? J'ai découvert ce qu'était science po cette année : c'est pas du tout le milieu d'études/travail de ma famille. D'autres connaissent depuis le collège. Question d'éducation, mais c'est juste pour dire qu'on part déjà inégaux et que sans une égalité d'information, on arrivera à rien.
Tout le monde n'est pas fait pour la fac. C'est un système d'éducation qui a ses qualités et défauts qui ne peuvent pas convenir à tout le monde ! Je pense comme toi qu'on ne peut pas juger de si un élève va réussir ou pas dans une filière, la détermination peut beaucoup. Mais on doit fournir aux élèves les moyens de se rendre compte par eux-même si ça va leur être totalement inadapté. Des journées d'immersion, des dialogues avec des étudiants, c'est autant de chose qui sont simples à organiser mais qui ne sont pas faites. A la fac, t'es tout seul dans la jungle, que tu rates ou que tu réussisses les gens s'en foutent, il y a des élèves qui disparaissent et apparaissent au cours de l'année, c'est à toi de gérer ton travail, de t'organiser sur le plan des cours comme des révisions et au delà de ça de ce que j'en ai vu pour le moment c'est super théorique et abstrait et la grosse part des choses que j'ai appris cette année ne me serviront à rien. Donc concrètement, c'est pas un environnement adapté à chacun, il y a plein d'autres filières et on doit permettre aux élèves de s'en rendre compte avant de les laisser se casser les dents en première année de fac, couler et se retrouver seul et sans perspective.
Surtout que le taux de réussite à la fac est assez causant. Dans pas mal de filières on tourne aux alentours de 60%. Donc en L2 il reste un peu plus de la moitié des élèves qui avaient commencé le cursus. C'est pas forcément lié aux difficultés tes études, mais c'est aussi parce qu'on a 1) des gens qui s'inscrivent et qui s'en foutent 2) des gens qui réalisent que ça ne leur plaît pas, que ce n'est pas fait pour eux et qui lâchent. C'est normal de lâcher, de se ré-orienter. Le truc c'est qu'à l'entrée on a refusé des tas d'élèves, faute de place. Savoir que t'as pas pu entrer dans la licence que tu voulais et qu'il y en a probablement dans le lot qui ont lâché le truc au bout d'un mois, qui avaient mis ça un peu au hasard et qui ne continuent pas, ça fou un peu les glandes forcément parce que la place qu'ils ont gardé un mois avant de la jeter t'aurais bien aimé l'avoir.
Donc je comprend totalement qu'on puisse être " contre la sélection ", mais tant qu'on aura pas des ressources infinies avec des amphis extensibles et des places multipliables, il y aura une sélection. Actuellement, ce tirage au sort, c'est de la sélection : arbitraire et inégalitaire. Et voir ton avenir joué à la roulette russe, ça dégoûte un peu.