Bijour bijour !!!
Alors, ne me sentant pas inspirée pour commencer ce message, je vais répondre aux questiiiiooooooooonns !!!
T'as fait/ tu veux faire une prépa ? Pour quelles raisons ?
Sooooooooo... j'ai un parcours un peu particulier ^^ J'ai fait un Bac S spé maths que j'ai passé en 2012 (l'année de la fin du monde
). J'ai ensuite fait un an de prépa MPSI (math sup') dans un très bon lycée (c'était pas St-Geneviève mais c'était quand même pas mal comme lycée) et... j'ai décidé d'arrêter. Arrêter les maths, arrêter la physique, arrêter les sciences Industrielles, arrêter tout pour faire... une prépa. Une prépa littéraire. Donc j'entre en hypocâââââgne A/L (en gros, Lettres, pas un gramme de maths et encore moins de physique) dans un lycée certes moins coté mais où j'aurais enfin l'impression de faire ce que j'aime.
On t'a encouragé à faire ça ?
Hmmm... plus ou moins ^^
Mes parents m'ont franchement encouragée à faire la prépa scientifique, limite forcé la main avec l'argument "fais-le, au moins tu ne regretteras pas d'avoir essayé". J'avoue que ça à été dur de leur faire avaler le virage à 180° que je désirais faire. Ils ne croyaient pas trop aux débouchés que pouvait inspirer la prépa Lettres, et j'ai donc dû faire beaucoup des démarches sur APB seule, contrairement à l'année précédente où il m'ont beaucoup plus aidée.
Avant de rentrer, tu pensais avoir le niveau ?
Pas du tout, à vrai dire j'étais en complète panique, je n'avais pas vraiment envie d'être là à faire des maths alors que mon truc, c'était plutôt l'écriture et la lecture.
J'avais peut-être le niveau en sciences en fin de lycée - 17 au bac en maths, 16 en physique et des moyennes honorables - mais je n'avais honnêtement pas envie, plutôt. Ce qui s'est bien traduit par des débuts chaotiques - première interro de maths et première interro de physique, j'étais dernière de la classe.
Je voulais partir dès le premier mois, mais pour aller où ? Je ne savais pas. Alors je suis restée et j'ai travaillé - pour un résultat au niveau des notes pas franchement génial mais bon, je n'étais pas dernière quand même.
La seule chose que j'avais pour moi, c'était que j'étais sans doute mieux préparé à l'esprit prépa : mon lycée nous faisait un bulletin avec notre classement dans chaque matière et un classement général, et j'avais un devoir surveillé toutes les semaines depuis la 2e - ce qui est aussi le plus souvent le cas en prépa - donc j'étais sans doute plus préparée que plein d'autres.
Si t'as arrêté avant la fin, pourquoi ?
J'ai arrêté à deux semaines de la fin de l'année. J'ai donc tenu presque toute l'année malgré tout les problèmes que j'ai rencontré. Je ne me suis jamais franchement mise à cravacher comme une dingue parce que je n'étais pas très motivée, mais bon, je bossais tout de même assez sérieusement jusqu'à janvier.
En même temps, j'ai commencé une sérieuse déprime/dépression liée au fait que si je voulais absolument partir de cette prépa scientifique, je ne savais pas du tout où j'irais ensuite. Le vide de mon avenir m'angoissait et je me sentais décalée par rapport aux autres élèves qui eux s'impliquaient vraiment à fond dans leur année scolaire. J'ai un peu déconné ensuite - mais j'ai pas envie de m'étaler là-dessus - et puis, j'ai fini par réfléchir et fait un compromis avec les parents sur une réorientation en lettres, soit de nouveau en CPGE, soit à l'université.
Je dois dire que trouver enfin un plan qui me convenait m'a reboostée, j'ai repris la procédure APB (comme si je venais de passer mon bac, en fait) j'ai envoyé les dossiers, fait des lettres de motivation, bref j'ai de nouveau bougé mes fesses.
Et là, oui, je l'avoue, j'ai doucement laissé tomber les maths, la physique et les sciences industrielles, d'abord en ne faisant plus de devoirs, puis en séchant les colles et enfin en séchant carrément de plus en plus de cours. Et quand j'ai ENFIN appris où j'étais prise (parce que quand on est pas pris par la préparation du bac de Terminale et qu'on vient tous les jours larver dans un cours qui ne nous intéresse plus depuis longtemps, les délais d'APB semblent une éternité), quand j'ai su que j'étais prise en hypocâgne, je ne suis plus jamais revenue en cours. Trop de mauvais souvenirs y était liés, pas du tout à cause du système lui-même - la preuve, je retourne en prépa - mais à cause de ce que j'avais vécu moi.
Quels avantages/inconvénients ? (Ambiance, travail, culture…)
Je tiens à dire avant tout que malgré le laïus un peu larmoyant du dessus, je ne suis pas du tout contre la prépa ni contre la prépa scientifique. J'encourage toutes les madz qui veulent en faire une de tout mon coeur. Mon seul conseil, au vu de mon expérience, c'est : ne faites pas une prépa si vous n'en avez pas envie. Cette année m'a permis de mûrir et de me laisser un an de plus pour trouver ma voie, certes. Elle m'a aussi conduite à la dépression parce que je ne me sentais pas à ma place, que j'étais malheureuse, je me sentais seule et nulle (parce que je vais pas vous mentir, les notes que j'avais ne flattaient pas mon amour-propre). C'est un peu contradictoire comme discours mais voilà.
Après, au niveau de l'ambiance de classe, du travail, de ce que ça apporte, perso j'avais atterri dans une classe supersympa à mille kilomètres de l'ambiance assassine qu'on peut imaginer (il y avait une petite compétition du genre "je parie que j'ai une meilleure note que toi" "tenu" mais ça restait bon enfant et je n'ai jamais vu quelqu'un être isolé parce qu'il avait de moins bonnes notes. Par contre, celui qui travaille moins que les autres, qui ne participe pas à l'effort collectif était moins apprécié et vu comme un dilettante). Mes profs étaient des pointes, surtout mon prof de physique (je crois que sans lui j'aurais pas survécu, et pourtant j'avais pas des bonnes notes avec lui hein) et ils ne nous mettaient pas une pression de fou à faire craquer - comme entre élèves, ils provoquaient l'émulation collective mais n'étaient jamais méchants.
Les conseils que je donnerais aux futur.e.s première année qui ont un peu peur :
-Les colles, au début, sont stressantes : c'est un oral, les jury de colle sont plus ou moins aimables, et nous laissent un peu grenouiller face à l'exercice. Mais au final, on acquiert une habitude et une aisance à l'oral qui je pense sont utiles quelque soit le domaine que l'on choisit plus tard. En plus, les notes sont souvent meilleures que celles des devoirs surveillés ou des devoirs maison, ce qui somme tout
-On a beaucoup, beaucoup, beaucoup de travail. Il faut apprendre à bosser vite et bien, à en faire un maximum en un minimum de temps et à ne pas se disperser.
-Travailler en groupe, c'est le bien. Autant au lycée on a pas trop l'habitude, autant en prépa ça devient indispensable (machin à trouvé la réponse à tel exo de mathes mais toi t'as trouvé la question 4 en physique). La seule chose, c'est qu'on est parfois moins productif, surtout si le groupe est fatigué et que ça commence à partir en papotage. Donc il faut aussi bosser tout seul. Il faut faire les deux, en fait.
-Apprendre à faire abstraction du classement, des notes souvent très basses par rapport à ce à quoi on avait l'habitude, à oublier les remarques désobligeantes de certains jurys de colle ou même de certains professeurs, voir des camarades. J'étais dans une classe sympa donc je pense avoir échappé au pire, mais c'est pas non plus bisounours land, il y a toujours une ou deux personnes pas supportables (les prétentieux, les "esprit de concours", les accros aux classement, ceux qui se sentent plus parce qu'ils sont premiers à un DS, ceux qui pensent que la matière étudiée est supérieure à toutes les autres - que les matheux sont supérieurs aux littéraires et aux économistes, pour simplifier). Bref, il faut s'endurcir un peu. Je sais, c'est pas drôle et c'est sans doute l'hôpital qui se moque de la charité parce que j'ai pas trop réussi à m'endurcir, mais c'est comme ça.
-D'ailleurs, l'un des problèmes en prépa scientifique, c'est que statistiquement, il y a moins de filles. C'est ainsi et je pense pas qu'il faille forcer les filles à faire des sciences pour changer cette proportion - ce serait contre-productif. Bref, c'est un sujet épineux sur lequel on pourrait disserter longtemps mais je vais aller droit au but : en prépa scientifique, il y a plus de garçons, donc une probabilité plus grande d'avoir plus de machos - ce n'est qu'une question de statistiques. En clair, il va falloir affronter le sexisme de ces individus - heureusement, ils ne sont pas tous ainsi, il y a des tas de garçons très bien aussi, et puis il y a des filles aussi, même si certaines peuvent aussi être des garces, bref, pas de généralité. Et il faut faire attention parce qu'en général, ils ont un poil plus de cerveau que les mâles habituels, ils sont donc un poil plus subtils. J'en ai déjà eu qui avançaient des arguments pour justifier leur propos, et des arguments bien tordus.
Donc, Madz qui veut faire une prépa, conseil d'amie : ne te lance pas dans une discussion avec ce genre d'individu. Souvent, ce sont les mêmes qui sont imbus d'eux-mêmes et persuadés d'avoir inventé les maths modernes. Tu ne les feras pas changer d'avis sur le sujet. C'est pure perte de temps, tu finiras énervée, épuisée, fragilisée, parfois même à douter si tu es à un stade avancé de déprime prépaesque - pendant que l'autre sera satisfait d'avoir prouvé une fois de plus que les femmes sont des hystériques qui brassent du vent. Tu auras aussi droit à "les filles qui font des maths sont toutes moches" et tout ce qui va avec, à des mecs qui pensent que "une fille qui joue aux jeux vidéo/qui fait de la physique/qui fait des sciences industrielles n'est pas VRAIMENT une fille", bref, j'en passe. Mais ne perds pas de temps à les convaincre du contraire. C'est égoïste mais consacre-toi à ton travail, pour toi.
En résumé de ce long post :
Si on est motivé, la prépa, c'est génial : on se dépasse, ça nous apporte une tonne de connaissances sur les sujets pour lesquels ont se passionne, et ça ouvre plein de portes. Mais il faut être motivé, sinon, c'est la cata.