Gros-Câlin a bien résumé la situation à mon avis.
Je suis totalement pour l'homoparentalité.
D'abord, je crois que l'argument du père ou de la mère manquante est totalement hypocrite. Regardez simplement aujourd'hui : combien existe-t-il de familles mono-parentales dans lesquelles l'enfant ne voit l'autre parent que très rarement ? Et je peux vous dire que ces enfants s'en sortent très bien quand même, sont tout à fait normaux.
Alors oui, les parents apportent différentes choses à leurs enfants : la mère apporte le calme, la stabilité, la sécurité à son enfant, alors que le père va être celui qui va tout chambouler, qui va amener l'enfant à se donner à fond, il va lui compliquer la vie et l'obliger à avancer. Par exemple, si une mère joue avec son fils à faire des châteaux de sable, elle va le féliciter, l'aider à rendre son château encore plus beau, alors que le père.. Va lui compliquer la tâche, va même détruire le château pour obliger son enfant à recommencer, etc. Et la présence de l'un comme de l'autre est indispensable, c'est certain. Mais ce qu'un père ou une mère apporte, un grand père ou une grand mère sont capables de l'apporter de la même façon, alors la figure paternelle devient simplement une figure masculine et l'enfant n'est pas déséquilibré ou malheureux pour autant.
Moi je trouve que "légaliser" l'homoparentalité ne va pas changer le monde. Ce n'est pas parce que des élus vont pondre une loi, qui sera bienvenue pour de nombreuses familles, que les mentalités des personnes réfractaires vont changer du jour au lendemain. Elles auront besoin de voir que ces enfants évoluent tout aussi bien, ne sont pas forcément de futurs homosexuels (c'est la question que beaucoup se posent), et ne vont pas avoir une mauvaise influence sur leurs enfants. Et puis, en quoi avoir un enfant serait un caprice ? Il faut oublier cette idée limitée selon laquelle les homosexuels n'ont pas les mêmes envies que des hétérosexuels, et reconnaitre qu'être homosexuel, ce n'est pas seulement avoir différentes préférences sexuelles -raison pour laquelle à mon avis, le terme est mauvais, étant donné que c'est aussi, et avant tout, le fait qu'un homme va tomber plus facilement amoureux d'un autre homme, se sentir plus protégé, plus complet, et inversement pour les femmes. Les mentalités doivent changer, mais il faut aussi se souvenir que ça ne fait que 30 ans que l'homosexualité ne figure plus parmi les maladies mentales recensées par le DSM -la bible des psychologues- alors il faut prendre du temps, et accepter le fait qu'il va encore falloir du temps. Et ce ne sont pas les Gay Pride qui vont changer grand chose. Les homosexuels aussi peuvent vouloir un enfant, indépendamment de leurs pratiques sexuelles, pour moi ça n'a aucun rapport. Bien sur, ils ne peuvent pas les faire traditionnellement, mais on est loin de cette époque où les rapports sexuels étaient justifiés par le besoin d'avoir une descendance. On n'est pas des animaux, donc je ne vois pas le problème. Avoir un enfant, le choyer, lui apprendre ce que l'on sait, l'accompagner dans le meilleur et dans le pire, et voir, des années plus tard, ses petits enfants courir de partout, je ne vois pas pourquoi ça devrait être réservé à des personnes ayant une certaine sexualité plutôt qu'une autre.
Il n'y a qu'à moi que ça parait affligeant de dire "Tu te fais sodomiser par un homme, tu n'as pas le droit d'avoir d'enfants" ou "Tu fais l'amour avec une femme, tu n'as pas le droit d'avoir d'enfants" ? C'est ridicule.
Mais autoriser l'homoparentalité va aider dans cette lutte, je pense. D'abord parce que ça va permettre aux jeunes générations de grandir avec l'idée que l'homoparentalité n'est pas source d'enfants tordus : en effet, pour un enfant possédant des parents du même genre, il est intéressant de faire le compte du nombre de personnes, enfants et adultes, dont ça peut changer la façon de voir. Les professeurs, les parents des autres enfants qui étudient avec eux, le boulanger, le pharmacien, la caissière du supermarché, l'employé de mairie, etc. SAns parler des enfants qui ont été à l'école en même temps, qui ont joué avec Paul (on va l'appeler comme ça, l'enfant de couple homo, pour faire plus vite), qui l'ont fréquenté comme tous les autres enfants, et qui pourront dire à leurs parents que Paul est tout àf ait normal, qu'il a les mêmes notes, qu'il fait le même sport, et que, OH, tiens, même s'il a deux papas, il a une petite copine, et qui, une fois adolescents, puis adultes, ne pourront consciemment pas cracher sur ces nouveaux modèles de familles puisqu'ils se souviendront de Paul et de sa banalité presque affligeante.