Zinzoline;1768954 a dit :Ton histoire fait énormément écho à la mienne, sur bien des points.
Lorsque j'ai décidé de quitter l'Orthophonie après 2 ans d'études parce que cela ne me convenait décidément pas, mes parents (et tout particulièrement ma mère) ne l'ont pas accepté. Du tout. C'était à qui hurlait le plus fort, à qui découvrait la meilleure façon possible de me faire comprendre que je n'étais plus qu'une jeune fille "folle et stupide", destinée à "finir sous les ponts".
J'ai pris le parti d'encaisser les choses et cela m'a ruinée de mes forces, longtemps ; si longtemps d'ailleurs que j'ai pensé ne rien pouvoir faire, hormis rester.
Mais je m'en suis rendue malade. Aussi ai-je finalement décidé un jour et pour de bon de passer le test d'admission du Louvre seule, alors que ma famille entière se concertait ce jour-là pour décider d'un commun accord de ne pas m'encourager, ne m'envoyer aucun signe ni aucun message. Parler de cette étape de ma vie trouvait ensuite toujours porte close, et changement de sujet immédiat.
J'ai obtenu ce test, et cela fait désormais 3 semaines que j'y suis élève : le travail est intense et difficile mais c'est un vrai bonheur. J'évolue dans un milieu assurément privilégié et pétri d'Histoire, d'une atmosphère que j'ai longtemps cherchée et enfin trouvée. Cela me convient vraiment, après 3 ans de flou et de bassesses.
Encore aujourd'hui mes parents encaissent pourtant mal la chose. Ils m'entendent et me voient heureuse de m'épanouir par ce biais mais restent persuadés que ce changement est une folie, et que je finirai un jour par en payer le prix. Ma mère continue à avoir honte de moi, et pour la totalité de ses amies et certaines connaissances je suis heureuse élève de 3ème année d'Orthophonie. Avouer que sa fille est à présent au Louvre à étudier l'Histoire de l'Art (risque ultime, voie de saltimbanque et de fainéants) serait une déchéance immense, la certitude de ne pas m'avoir élevée dans la décence de la sûreté, de ce qui est lisse et privé de remous. Un échec total.
Je suis sans conteste à ce jour le plus gros échec et la plus grande indignité de ma mère.
Bref, tout ce blabla pour te dire que le choix de ta voie reste tien, et que tes parents n'ont pas à t'étiqueter gentiment et te ranger dans une case. Ce petit statut de boîte de conserve reste incontestablement rassurant et précautionneux à leurs yeux, tout persuadés qu'ils sont d'avoir bien fait, bien agi, bien éduqué, de savoir ce qui est le mieux pour toi. Parce que tu es jeune.
Désirer ton bonheur est tout aussi sain que normal, mais cela ne doit pas dévier d'un certain droit de liberté, la liberté de choisir et d'agir selon ce que tu es, ce que tu sens, comment tu vois et où tu te vois. Car trop d'égard tue l'égard, trop d'égard est nocif.
Aussi ne puis-je que te conseiller grâce à tout cela de considérer sereinement et longuement les choses qui se présentent aujourd'hui à toi, où tu souhaites aller et ce que tu aimerais étudier. Ce qui te fait vibrer, ce qui te ferait travailler, ce qui te prometterait le plus d'épanouissement possible. Toi seule. Et ce n'est qu'une fois ce choix fait en ta seule conscience que tu seras libre de saisir ce que tes parents ont à dire, le pourquoi des comments. Leurs craintes, bien sûr, mais aussi leur besoin de te savoir bien, ce dernier que tu dois mettre en avant.
Tu n'es pas un vilain petit canard, et une fois heureuse, ils n'auront assurément plus rien à en dire.