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C'est pourquoi les mariages des débuts du XXIe siècle sont caractérisés par une inflation rituelle, c'est le white wedding des Anglais. Si dans les années 1970, certains jeunes, cédant à la pression parentale, se rendaient à la mairie en jeans troués - signe de provocation à l'égard de l'institution ou façon de la tourner en dérision -, aujourd'hui les futurs conjoints font de leur union une grande fête accompagnée de comportements somptuaires.
on invoquera la tradition, toujours fantasmée, pour espérer ancrer l'engagement dans la durée d'un temps immémorial. C'est dans ce contexte que s'inscrit l'enterrement de vie de jeune fille, qui, pour le coup, n'a rien de «traditionnel». Dans ces mariages au festif inflationniste, la séquence est désormais incontournable, elle ouvre le cycle rituel et permet de l'allonger dans le temps ; on ne peut y échapper disent les jeunes filles ,et cette réflexion seule suffit à faire entrer l'EVJF dans la catégorie du rituel.
D'accord, merci beaucoup c'est super intéressant !@Lia_Stilton C'est quelque chose d'assez générationnel puisque pour mes parents et grand-parents aussi les EVJF et EVJG, et toute la "pression" autour qu'il y a désormais, c'est quelque chose qui ne se faisait pas du tout de leur temps et qui paraît un peu lunaire (et à moi aussi, d'ailleurs).
Si, au départ, le côté "fête de pré-mariage" se retrouve dans beaucoup de cultures (par ex en Asie du Sud-Est avec des célébrations la veille ou avant-veille de la cérémonie), le système d' "enterrement de vie de célibataire" largement en amont du mariage s'est popularisé dans les pays anglo-saxons dans les années 70. Et puis, via le soft power américain, ça a fini par arriver en France.
On voit d'ailleurs assez bien à quel point ça infuse dans notre société avec les "wedding cake", "wedding planner" (et ensuite, pour plus tard, les "baby showers"), termes qui ne sont même plus traduits.
Le côté non-mixte de la célébration vient du fait qu'aux origines du phénomène, seuls les hommes faisaient une célébration entre eux puisqu'il y avait souvent un passage par une maison-close pour dépuceler le futur marié.
Martine Segalen, prof émérite à Paris X- Nanterre et ethnologue, a écrit sur ces "rites contemporains" et notamment sur les "nouveaux" rituels de mariage :