Dernièrement, entre deux partiels, j'ai profité de mon retour en France pour lire en français.
Vol de nuit, Saint-Exupéry. Jamais personne n'a pu aussi bien décrire la nuit, la beauté de la nuit, des étoiles, du ciel; jamais personne non plus n'a pu parlé comme ça de solitude, de volonté, de ténacité et de sacrifice; c'est tout simplement magnifique et l'écriture est absolument sublime.
Zones humides, Charlotte Roche. Je m'attendais tellement à un récit dégueulasse qu'en le lisant j'ai pensé, "quoi, c'est tout?"; c'est vrai que c'est dégueulasse, elle parle hémorroïdes, accident de sodomie, pipi, caca, chatte, poils, morve, mais ça reste dans l'ordre du soutenable en fait. Pourtant on ne peut pas faire plus crade que son récit, mais je crois que pour être insoutenable, il faudrait parler guerre, sang, violence. Quand on parle de liquides corporels, finalement, ça ne peut pas être vraiment immonde. Il n'y a pas de vrai récit, j'ai trouvé, le fil conducteur sonne faux, ça se lit toutefois agréablement, en une heure de train.
Rien de grave, Justine Lévy. C'est assez mal écrit, elle écrit comme elle parle ou pense pour sonner vrai mais ça sonne presque faux, du coup. Elle se perd dans son récit. Je n'aime pas tout le côté pipole où elle sait très bien qu'on devinera tous qui est Paula, qui est Adrien, qui est son père (elle cite le nom de Lévy; elle cite aussi des cigarettes BHL), c'est artificiel de faire semblant de changer les noms par politesse (ou pudeur?). J'ai compris ses angoisses pourtant, sa peur qu'Adrien la quitte pour une autre, une nana plus féroce, "plus regard de tueuse", une nana plus sûre d'elle. Mais je crois que j'aurais compris ça aussi en lisant une note dans un blog.
Avant ça j'ai lu Dracula, Bram Stoker. C'était vraiment bien, le livre est comme un recueil de tas de lettres, extraits de journaux intimes, articles de presse, retranscription de conversations enregistrées. On suit et on cherche avec les personnages le mystérieux Comte Dracula; c'est tout à fait prenant et fascinant, tout en restant très lisible et facile à suivre.
J'ai commencé ce matin-même Trois jours chez ma mère, de François Weyergans. Là aussi il change les noms mais à peine (le narrateur s'appelle François Weyergraf), mais au moins c'est plutôt bien écrit. Je ne sais toutefois pas quoi en penser; je n'aime pas tous ces détails qui semblent un peu poussifs, ça ne sonne pas comme des détails chez Proust (mais je n'aime pas beaucoup Proust), ça tombe un peu à plat. J'aime bien quand même ses réflexions parfois sur la relation au père, à la mère; je déteste quand il fait semblant (?) d'avoir eu de nombreuses aventures féminines, etc. Disons que c'est pas mal mais il y a un ton un peu vaniteux en fond, ça me dérange.