A cinquante ans, j'aurais des cheveux gris mêlés à mes cheveux bruns et j'en serais très fière. J'aurais des rides au front, celles que j'ai déjà mais en plus creusées, et des petites au coin des yeux et de la bouche. Je les aimerais bien. Ma mère me dirait "tu pourrais mettre de la crème, quand même" et je répondrais quelque chose comme "ranafout", "hors de question que je mette un euro là-dedans" ou bien "Pas envie de m'embêter" exactement comme maintenant quand on parle de mon épilation du maillot (
). J'aurais publié quelques livres, pas de best-sellers, mais ils se seraient vendus correctement et je ferais encore des dédicaces de temps en temps, tout en continuant à écrire, bien sûr. Je ferais du vélo. J'envisagerais d'ouvrir une librairie à mon départ en retraite, mais je n'y penserais pas encore très sérieusement, je n'aurais aucune envie d'arrêter de bosser et je serais encore à fond dans mon boulot à me battre pour mes gosses. J'aurais un potager, des tenues fofolles, je serais du genre souriante, calme et posée mais avec un grain de folie quand même. Je serais engagée dans une asso, peut-être pour venir en aide à des migrants, ou bien une asso LGBT+ pourquoi pas.
Côté famille c'est le grand flou. Je ne sais pas pourquoi mais je suis parfaitement incapable de m'imaginer avec un mari et des enfants, alors qu'a priori j'en voudrais, mais je ne me vois que seule.
On en reparle dans trente ans
.
Est-ce que tu as déjà écrit des lettres à la toi de plus tard ?