Après un silence radio de quelques mois, je reviens en chantant "libérée, délivrée!!"
J'ai démissionné cet été. Ca n'allait plus depuis un moment, j'ai perdu des "amies" parce que pas le temps d'appeler, d'aller les voir. J'ai perdu 15 kg, je ne dormais plus, ou je faisais des cauchemars, je ne faisais plus rien chez moi... pour un malheureux smic+ les dimanches et jours fériés, pour travailler 12 h (j'avais une "pause" mais la pause était très souvent écourtée, pour arriver à avoir mes 2 h de pause dans la journée je les morcellais...), Le jour où mon fils ainé m'a dit, tout ensommeillé, qu'il voulait retrouver sa maman, je me suis dit que c'était trop.
Ca m'a fait mal au coeur de partir: même si le travail était ardu, l'équipe, mon équipe, était en or massif, on se serrait les coudes. Elles sont devenues des amies, on sortait toutes ensemble. ON sort toujours une fois par semaine ensemble d'ailleurs
.Je connaissais mon boulot par coeur. Mais en revenant de vacances, cet été, j'ai senti que ce n'était plus possible.
J'ai été voir la direction, le premier jour de mon retour de vacances, en leur disant que je réfléchissais encore, mais que j'allais surement partir. La directrice s'est assise de surprise. Je suis la seule à n'avoir jamais dit que je voulais partir, à tort et à travers comme les autres.
Le lendemain, j'avais ma lettre de démission dans ma poche toute la journée. Je comptais sur cette journée pour faire mon choix. Et c'était tellement le bordel, que je suis allée pendant ma "pause" voir la direction. J'ai posé ma lettre sur son bureau. Elle ne l'a pris qu'au bout d'une heure d'explications.
Quand je suis revenue, ma coullège chérie a regardé ma poche et s'est mise à pleurer.
J'ai fait mon mois de préavis (alors que souvent il est courant que les gens partent du jour au lendemain, ou pendant les congés payés). J'ai souffert comme jamais du manque d'effectifs, des vacataires jeunes diplomées qui veulent m'apprendre mon métier (que je fais depuis 10 ans) au détriment des personnes soignées (attention: je remets tout le temps mon travail en question, ca fait partie de mon travail, mais quand une jeune diplomée fait son travail comme à l'école sans se préoccuper de la personne soignée, c'est niet pour moi). des familles mécontentes (mais comment peut on humainement faire son travail quand on est deux au lieu d'être six? comment?). Mais j'ai tenu jusqu'au bout. Tout en gardant le sourire et ma bonne humeur. Tout en rigolant avec la directrice adjointe, qui me demandait à chaque pause clope que je reste,e t que je lui répondais: "ok je reste, mais donnez moi un 7 h alors
"
Quand est arrivée la fin de mon préavis, j'étais convoquée tous les jours de boulot dans le bureau. La directrice a voulu m'augmenter (mais même pour 300e de plus, je ne pouvais pas rester). Moi, tout ce que je voulais, c'est de passer en horaires d'équipes, faire 7h30/15h 5 jours par semaine, au lieu de 8h30/20h30 trois à 5 fois par semaine. Parce qu'en 11 mois, à cause de mes horaires et de celui de mon homme, on a vu passer 8 nounous différentes. Certaines super, d'autres j'ai refusé qu'elles reviennent. Parce que faire le matin puis le soir, je n'en pouvais plus physiquement parlant. A ce que j'ai entendu, la direction a tout fait pour changer mon poste, mais ca a bloqué plus haut qu'elle. Tant pis. Pour eux.
Sauf que depuis, je reviens bosser la bas. En tant que vacataire, je fais le même travail, je gagne 30 e de plus par journée, et je ne travaille que 8 h au lieu de 12 (vive les cdd, avec la prime de précarité, les cp...). J'espère toujours qu'on me propose le seul poste en 7 h, quand il sera vacant, et du coup je me rends disponible. on m('a déjà appelé un dimanche à 7 h pour que je vienne à 8h30. Je reviens travailler l'esprit complètement léger, je n'ai plus toutes les responsabilités d'un titulaire, je me prends beaucoup moins la tête. Je suis libre d'accepter ou de refuser les remplacements qu'on me propose.
Beaucoup sont étonnés de ma démarche. Mais au départ, je ne voulais pas partir définitivement, j'aurai vraiment aimé resté. J'ai un peu jouer au bluff, c'est vrai, même si ca faisait des mois que je disais que pour ma vie familiale, ma vie tout court, je n'en pouvais plus, je n'ai jamais dit que je partirais si on se fichait de moi. En même temps, je n'avais pas de grandes exigences non plus, mais bref, c'est comme ça.
Et là hier, un dimanche, la grande patronne était là et m'a demandé pourquoi je suis partie, et pourquoi je reviens en tant que CDD. Je lui ai répondu que quand on ne sait pas retenir ses bons éléments, il faut pas s'étonner du turn over. Que les 12h, en maison de retraite est une hérésie: on veut faire des économies sur notre dos (littéralement en plus), il n'y a plus qu'un CDI dans mon ancienne équipe, tout le reste est en CDD, et donc qu'il faudrait remettre en question pleins de choses. Elle a hoché la tête et n'a pas demandé son reste.
Mon homme me demande de chercher un poste en journée, faire du 9/17h pour notre vie famililale. Impossible dans ma branche, et je ne me voyes pas bosser ailleurs, jsuis aide soignante, je me suis battue pour faire ce que je fais aujourd'hui, j'aime mon travail. J'aimerais juste que plus haut, on n'arrete de nous presser comme des citrons parce que, je cite "c'est facile de trouver du personnel". Oui c'est facile. Les garder, beaucoup moins!