Sans faire ma harceleuse, je relance
@Cottontail-
Hop voila:
Bon, j’avoue que je ne sais pas trop par où commencer
Nous sommes, ma sœur et moi, de vraies jumelles, arrivées dans une famille déjà composée d’un frère et d’une sœur, donc nous avons été toute notre enfance « les petites sœurs » (tout le monde nous appelait réellement comme ça !)
Mes parents ont toujours plus ou moins voulu nous différencier, nous n’avons donc pas eu droit aux habits identiques ou aux coiffures identiques par exemple. Par contre, nous avons toujours été scolarisées dans les mêmes établissements, et donc parfois dans les mêmes classes. Ma mère a tout de même fait la demande de nous mettre dans des classes séparées à l’entrée au collège. Pour moi c’était sans grande importance, puisqu’on avait déjà été séparées dans certaines classes du primaire, mais ma mère trouvait ça très important, pour que l’on apprenne à se construire seule, à devenir indépendantes l’une de l’autre, et à ne pas rester tout le temps collées ensemble. Avec le recul je pense qu’elle avait tout à fait raison, il me semble important d’obliger les jumeaux à s’ouvrir aux autres, et de veiller à ce qu’ils ne restent pas dans leur bulle.
A la sortie du lycée, ma sœur a redoublé son bac, pendant que moi je partais plusieurs mois à l’étranger : première fois que l’on était séparées si longtemps, et si loin ! Après cette année-là nous avons chacune commencé nos études dans des villes différentes, ce qui est toujours d’actualité.
Concernant notre relation, on a toujours été assez proche je dirais. Toujours fourrées ensemble étant petites, parce qu’avoir une jumelle veut dire avoir toujours une partenaire de jeu, ce qui est quand même chouette ! La présence de ma sœur m’a donc permis de ne jamais me sentir seule en étant enfant.
En grandissant nous sommes restées proches, mais en ayant aussi chacune notre vie de notre côté. Chacune avait ses amis, chacune avait ses propres loisirs (équitation et flûte de mon côté, danse et cirque du côté de ma sœur). Je me souviens qu’on aimait bien se raconter toute notre journée et tout pleins de trucs insignifiants quand on rentrait du collège/lycée, ça pouvait durer des heures, et même si des fois on parlait sans trop s’écouter, le fait d’avoir quelqu’un à qui raconter tout ce qui nous passait par la tête, sans avoir peur du jugement c’est le truc le plus cool qui existe ! Du coup on se racontait pleins de choses, mais on restait aussi un peu secrètes sur d’autres. C’est le cas toujours aujourd’hui, on se parle beaucoup, mais on garde aussi certaines choses pour nous, par exemple, je ne connais pas la vie sentimentale de ma sœur en détails, comme elle, ne connait pas la mienne. Je pense que c’est une histoire de pudeur, et ça se retrouve dans notre relation. On ne parle pas de nos sentiments, on sait qu’on s’aime très fort, et qu’on ne pourrait pas se passer l’une de l’autre, mais on ne se le dit pas vraiment, ou de façon détournée, on ne se fait pas de câlin, ou de bisous etc…
Concernant nos relations avec « l’extérieur », je me souviens de mes parents qui nous reprochaient de très peu leur parler lorsqu’on était au collège. On ne leur racontait jamais rien, il savait donc très peu de choses sur ce qu’on vivait à l’extérieur de la maison. Je pense que ça venait en partie du fait qu’on ne sentait pas le besoin de leur parler de ce qu’on vivait puisqu’on se le racontait déjà entre nous. C’est surement dur pour l’entourage de comprendre que l’on a pas vraiment « besoin » d’eux, et que la présence de notre jumelle nous suffit, mais c’est parfois vrai.
Pour en revenir à l’adolescence, tout en étant assez proche, on a aussi eu des périodes où on ne s’entendait pas du tout, où on était franchement insupportables pour nos parents, car ça criait sans cesse, le moindre truc nous divisait et le moindre détail pouvait partir en engueulade complètement disproportionnée ! Généralement c’était des périodes de quelques jours pendant lesquelles on ne faisait que de se disputer, puis ça s’apaisait, et ça revenait. On a aussi la faculté de passer de l’engueulade à la partie de rigolade en quelques minutes. Il nous arrive donc très fréquemment de se disputer sur un sujet au point de se claquer les portes au nez, puis dès qu’on passe à autre chose, de s’entendre parfaitement. Ça surprend parfois notre entourage, mais je crois que c’est juste qu’on ne peut pas rester fâchées l’une contre l’autre, on oublie très vite ce qu’on reproche à l’autre.
A la fin de l’adolescence, ma période à l’étranger nous a obligé à vivre séparées pendant longtemps. Je l’ai bien vécue parce que c’était une période très riche pour moi, mais je ne sais pas vraiment ce qu’il en est de ma sœur (
@Charlieee ?) Vu que j’étais dans des pays où il y avait peu de connexion internet (voir aucune) c’était difficile de rester connectées, comme c’est le cas ici avec les portables, mais dès que j’en avais la possibilité j’envoyais un message à ma sœur, ou je l’appelais. Ce que j’aime dans notre relation c’est qu’on communique entre nous comme si on vivait ensemble. C’est-à-dire que quand on discute par sms par exemple, on ne va pas s’embêter à se demander comment ça va, quelles sont les nouvelles etc, nos conversations sont très spontanées, on discute finalement comme on discuterait si on était l’une à côté de l’autre. On se raconte aussi toutes les choses les plus insignifiantes de notre journée (j’ai raté mon métro, j’ai mis des chaussures qui me font mal aux pieds, j’ai un pull qui gratte etc). Cette façon d’échanger entre nous, je ne la retrouve avec personne d’autre, et ça nous permet de nous sentir proche même en habitant à plus de 300km l’une de l’autre.
Aujourd’hui je dirais donc qu’on est toujours très proche avec ma sœur, et si on pouvait habiter dans la même ville je n’hésiterais pas. Je pense qu’on a un peu le même genre de relation que deux meilleures amies, sauf qu’on sait qu’on sera toujours là l’une pour l’autre quoi qu’il arrive, et ce pour tout le restant de notre vie.
On cherche beaucoup moins à se différencier qu’avant, je pense que ça vient du fait qu’on a réussi à se construire chacune à sa façon, donc on a plus ce besoin de montrer qu’on est différentes, car c'est acquis (pour nous en tous cas!). On joue d’ailleurs un peu sur nos ressemblances par moment, alors qu’on ne le faisait jamais étant plus jeunes !
Pour résumer, avoir une sœur jumelle permet d’avoir toujours à ses côtés quelqu’un qui grandit au même rythme que soi, qui traverse la même chose en même temps que soi, et ça permet donc de ne jamais se sentir seul
Pour ce qui est des points négatifs, je déteste que l’on me compare à ma sœur
Les gens ont tendance à nous comparer systématiquement, et c’est surement un réflexe normal, puisque dans l’imaginaire collectif deux jumelles sont deux êtres totalement identiques. Sauf que la réalité est complètement différente, et non, nous ne sommes pas identiques. Chacune de nous a une identité propre, avec un caractère, des centres d’intérêts, des goûts, des qualités et des défauts propres à chacune. Donc vouloir nous comparer n’a aucun sens pour moi, et je trouve ça assez absurde
Il est vrai que de vivre dans le même cadre familial, avec le même entourage, et au même rythme fait que nous nous ressemblons, mais à chaque fois qu’on nous compare ça me donne l’impression qu’on nous voit comme une seule et même entité. Ca rejoint d’ailleurs le fait qu’on nous confonde. Venant de personnes assez éloignées, je comprends qu’on nous confonde, mais dès que ça vient de notre famille, je trouve ça blessant. Ça me donne le sentiment que les gens ne prennent pas la peine de nous connaitre individuellement, sous prétexte que nous sommes jumelles. Encore une fois, chacune a une identité propre, et chacune a un parcours différend (même s’il se ressemble). Du coup, quand une tante ou des cousins ne se souviennent plus qui fait quoi comme étude, ou qui est partit à l’étranger pendant 6 mois, ça me met vraiment en rogne
Voilà, je ne sais pas quoi rajouter de plus, mais je crois que ça suffit vu comme c'est long
! J’espère en tous cas avoir apporté des éléments en plus des autres témoignages