Maman,
Si je croyais en Dieu, ce soir, sous les étoiles, je prierai pour toi. Pour que tu aies enfin ce que tu mérites tellement, qu'on se sorte de toues ces histoires sans fin. Enfin.
Je suis désolée. Désolée d'être partie. D'avoir ouvert la voie des mots non dits. De ne plus avoir supporté ; et de l'avoir dit. Les chiens ne font pas des chats. Tu m'as faites comme toi : louve. Même si ça complique les choses.
Maman. Il y a tellement de chose que je ne t'ai pas dites dernièrement. Ou pas vraiment dernièrement. Mais merci d'avoir été là. De croire en moi et de me soutenir si fort ces derniers temps quand ma vie quitte ses courbes, loupe les virages, tombe dans les fossés.
Maman, je me battrais toujours pour toi. Quoi que cela veuille dire. Je n'ai jamais eu que toi.
Ce soir, si je croyais en Dieu, je prierai pour toi.
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Je ne pourrais plus t'appeler "papa".
A chaque fois que j'ai tenter de me résonner, de me calmer, de prendre sur moi, de faire un pas vers toi, tu as trouvé quelque chose pour me faire reculer encore plus loin. Toujours plus loin. Comme un signe pour me dire d'arrêter. D'arrêter de rêver. D'arrêter de croire que les gens changent, que les choses peuvent changer les gens. TU ne feras jamais que semblant de t'intéresser. Quand seulement tu y penses. Tu ne te soucieras jamais vraiment de nous, moins encore de moi.
Je ne pourrais jamais plus t'appeler "papa". Tu n'es qu'un vide dans ma vie. Q'un espace à remplir contre lequel je me bats tous les jours un peu plus. Tu n'es que manque et absence. Pas même un vague souvenir de complicité, un jour, une heure, un moment, un instant. Juste des mots qui blessent. Tout un tas de couteaux qui je n'oublie pas. Que je n'oublie jamais. Tu es ces plaies qui ne se referment pas avec le temps. Les seules qui me restent.
Je ne pourrais plus jamais t'appeler "papa". Je n'en ai pas.
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N,
Je ne peux écrire ces lettres sans avoir une pensée pour toi (j'ai bien pensé écrire vous, mais je suis sûre que tu aurais préféré tu. Alors voilà. Autant sauter cette étape, au point où nous en sommes.)
Juste quelques mots pour te dire que je suis désolée. Désolée que tu saches que je suis au courant. Je lui avais demandé de ne rien te dire ; elle m'a trahi délibérément. Et fière en plus de l'avoir fait. C'est ma pire des trahisons aujourd'hui. Celle qui fait le plus mal : elle blesse deux personnes. Moi pour des raisons qui me paraissent évidentes, toi parce que tu sais que je ne fais rien. Alors que je pourrais. Cette bombe brûle mes mains parfois. C'est un secret un peu trop lourd pour moi à garder, mais j'ai peu que mon monde s'effondre. Je m'y sens déjà si tellement peu souvent en sécurité.
Alors je ne fais rien, et j'en suis désolée. Un jour. Un jour je viendrais vers toi (étrangement, j'aurais bien mis "vous" à cet endroit). C'est promis. Mais pour le moment, c'est encore trop dur.
Tendrement malgré tout.
L.