Thème d'écriture : Photo de famille

A

AnonymousUser

Guest
Euh...j'avais un peu zappé, désolée :red:

Donc je relance un thème pour quinze jours. Photo de famille. Pas de contraintes autres ;)

Et on continue avec le fonctionnement du forum, vous postez donc vos contributions à la suite de ce message !
 
30 Août 2011
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Nous étions 20, sur cette photo de mai. Il y a toi, il y a Mamie, vos enfants et leurs enfants, trois générations sous un cerisier qui nous aura vu autant de joie que d'agonie.
Les photos ne gardent ni l'odeur de ton cigarillo, ni le son de ta voix un peu traînante et pas très articulée, ni le mouvement de tes rides quand tu souris, coinçant l'éclat de tes yeux.

Nous étions 20, sur cette photo de mai, et de tristesse, j'ai envie de la déchirer. Parce que la regarder, c'est accepter que tu ne sois plus fait que d'encre sur le papier. Parce que c'est accepter de ne pas savoir gérer ton absence, et de voir le vide me prendre à la gorge tous les 14 du mois.

Nous étions 20, sur cette photo de mai. Il aura fallu que septembre te fauche, pour que l'on ressorte les photos, pour que l'on resserre les liens, pour qu'enfin on se dise qu'on s'aime, en se serrant les uns contre les autres comme des moineaux qui ont trop froid. Je retiens ma colère, et laisse déborder la tendresse.

Nous étions 20, sur cette photo de mai. Mon ventre se tord, je serre ta casquette contre moi. Nous serons 19, sur la prochaine, sur la prochaine photo de mai.
 
29 Août 2010
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Bec De Mortagne
prudis.tumblr.com
Je lisais Les mots de Sartre.
La journée s'annoncait rêveuse. Lou fêtait son anniversaire, je percevais un enthousiasme très profond. Éternelle amoureuse, qui par ce délicieux regard pouvait éclaicir vos pensées.
Elle était à l'aube de sa jeunesse et j'aimais déraisonnablement son innocence et son sourire.
Les rayons du soleil traversaient les branches du pommier, nous étions attablés et nous profitions de nous tous, des rires, des discussions éparpillées parmi nos pensées.
Nous sommes tous partis du principe de s'aimer malgré les médisances, d'être méprisants les uns envers les autres
Lou était si belle.
La photographie présentait une trentaine de gens, lou assaillie par tous, était la plus trempée.
Je riais avec Elise, mes cousines terminaient en sous-vêtements, mes onncles & tantes quant à eux avaient prévu les maillots de bain, Mamie souriait et posait un regard très tendre sur ses petits-enfants, elle portait un paréo avec des tournesols jaunes.
Je me souviens du baiser que Lou a donné à mamie, cet acte avait eu pour intérêt, le silence intégral de tous les membres de la famille. Un simple baiser a noyé les conversations, discussions et posé une attention sur cet acte
 
17 Octobre 2010
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Montigny-le-Bx
Il m?avait précisé d?apporter une photo de moi. J?avais pas de photo de moi, alors j?ai pris une photo de nous. Je m?installai sur la chaise, devant le bureau. Je regardais les dessins d?enfants, aux murs. Des trucs trop moches, avec des couleurs sans nuance, et des formes brutes, des traits tordus. Des maisons, des soleils, des bonshommes contents d?avoir des maisons et des soleils. Je me demandais, sur le nombre total de ses patients, quel était le pourcentage de filles brunes de moins d?un mètre soixante.
Merde. Le docteur ne bouge plus. Depuis combien de temps que ce connard me m?analyse derrière ses petites lunettes ? Non mais il joue à quoi ? Je suis sure qu?il n?a pas de problème de vue, il a juste cru qu?il serait plus crédible avec des lunettes. C?est comme dans les pubs à la télé, tu les mets et tu me vois à poil en dessous ? Il est marrant. « Fais comme si j?étais un nouveau copain qui arrivait dans ton école, qui ne te connais pas. Présente-toi. »

Déjà on dit s?il te plait. Ensuite, c?est quoi ce ton ? J?ai l?air d?avoir sept ans ? Il croit qu?on est copains ? Presque tu me diras. Pour soixante-quinze euros, il peut bien faire semblant d?être mon pote. Il est vraiment convaincu qu?il va pouvoir savoir qui je suis en quarante-cinq minutes ? Je m?exécute, et ma couleur préférée c?est le violet, et plus tard je voudrais être journaliste. Il enchaine. « Décris-moi cette photo s?il te plait. » Je crie tellement fort intérieurement que je suis surprise qu?il ne m?entende pas. PARCE QUE TU VOIS MAL ENCULE ? Bon. Autant faire ça bien. Je prends la voix la plus nasillarde possible et je lui sors le genre de truc qu?il a envie d?entendre. « C?est quand j?étais petite. Je l?ai choisie parce que ma famille a l?air heureux, que quand je vois cette photo, c?est bête mais ? j?ai envie de pleurer. » Tac, je détourne le regard, je pense à un lapin mort et voilà, j?ai l??il humide. Il me regarde et me dit que c?est normal. NORME NORME NORME. Qu?en ce moment, c?est l?adolescence, que je deviens grande, je suis plus une petite fille. Sans blague.

On discute de manière très pédagogique encore une bonne demi-heure et il fait rentrer mon père. Je sors. Il m?a faite mais on est des aimants dans le mauvais sens. J?entends les mots PATHOLOGIE ? PERSONNALITÉ ? VOTRE FILLE ? ATTENTION. Merci monsieur, je peux récupérer mon père, maintenant que vous avez soulagé sa conscience et son porte-monnaie. Maintenant que vous lui déblatéré votre blabla de mecs qui sait de quoi il parle. C?est ça les adultes. Des grands angoissés qui essaient de mettre des noms sur tout ce qu?ils ressentent. Ils n?aiment pas quand ça leur échappe. Alors je fais en sorte qu?il soit content de lui, qu?il aille se coucher en racontant à sa femme qu?aujourd?hui il a vu une petite conne en manque d?attention. Qu?il soit satisfait de lui. Au fond, c?est peut-être ça vouloir le bonheur des autres. Peut-être que ça fait de moi quelqu?un de bien.
 
19 Juillet 2010
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herblay
dummydoll.tumblr.com
Nous y voilà. Enfin, je me trouve devant la maison où je vais vivre désormais. Envolée la grande ville, la vie trépidante que je menais autrefois. Me voici maintenant dans une petit village calme, paisible, où les passants se saluent en se croisant. En regardant le clocher de la Grande Place, des bribes de souvenirs me reviennent confusément. Un vélo rouge, de la confiture de groseilles sur une tartine craquante, le son de la cloche qui rappelait qu'il était l'heure de se dire "A demain" et de rentrer manger.

Papa finit de sortir mes malles de la voiture. Il pleure, je le vois, alors il me tourne le dos et feint de fouiller dans la boîte à gants, jusqu'à ce que je détourne mon regard de lui.
Cela fait aujourd'hui un mois que Maman est morte.
Il est 17 heures, le soleil de juillet est toujours présent, mais une douce brise se lève. Papa et Grand-Père ont fini de rentrer mes bagages. Il est l'heure de dire "Adieu". Mon père me serre maladroitement dans ses bras, et s'empresse de monter dans sa voiture. Mes joues sont salées de larmes. Les siennes ? Les miennes ?
La voiture s'éloigne peu à peu, pour ne devenir finalement qu'un point rouge à l'horizon.

Mes grands-parents m'attendent dans le salon. Ils se tiennent la main, et me couvent du regard. Je leur souris, puis monte dans ma chambre.
Le déménagement est presque fini, ils ne restent que quelques cartons à déballer maintenant. J'ouvre le premier qui me tombe sous la main. Il est rempli de vieux romans et de carnets appartenant à ma mère, et que mon père a jeté en vrac dans la boîte. Il n'a rien gardé lui appartenant. Moi-même, j'aurais aimé ne plus avoir de souvenirs d'elle. Mais mon attachement irrémédiable aux possessions matérielles en a décidé autrement.
Le premier carnet qui apparait est un carnet à dessin, noir, aux pages jaunies par le temps. Je le prends dans mes mains ; quelque chose en tombe.
Une photo.
Les mains tremblantes, je l'examine, la tournant et la retournant prudemment, comme si au moindre geste brusque, elle allait se déchirer. Au dos de la photo, parmi des croquis d'oiseau et de fleurs, je distingue : "Dolores, 1 an" Je reconnais immédiatement l'écriture maladroite, comme celle d'un enfant, de ma mère.

La photo date d'il y a une quinzaine d'années. Elle a été prise dans le jardin de la maison où je suis à présent. L'herbe est déjà un peu jaunie par la chaleur, le ciel est bleu et vide de tout nuage, je ressens le bonheur de l'été rien qu'à la regarder. Toute la famille est présente. A gauche, la famille de mon père : ses parents, toujours main dans la main, toujours fous l'un de l'autre, même après près de 50 ans de mariage. Sa sœur, qui attend son premier enfant, les yeux fatigués mais un sourire rayonnant de bonheur ; elle tient la main de son mari, aujourd'hui porté disparu au front. A droite, la famille, très nombreuse, de ma mère : sa mère à elle, grande, mince, stricte, dont le simple regard suffisait à me paralyser, et son père, rondouillard, rouge d'avoir trop bu, un sourire bon enfant, tenant un de mes cousins. Devant eux, leurs huit enfants, tous blonds, comme ma mère, trait dont je n'ai pas hérité. Avec eux, toute une portée de bambins et de jeunes enfants, mes cousins, dont la plupart ont bougé lors de la photo. Dans le coin en bas à droite, on ne distingue d'ailleurs rien d'autre que deux silhouettes qui courent, leur visage flouté par le mouvement.

Enfin, au centre, derrière un gâteau blanc et recouvert de crème, un petit bébé dort paisiblement dans les bras de sa mère. Une mère au sourire enjôleur, au visage charmant et adorable, vêtue d'une légère robe fleurie qui dévoilent ses jambes hâlées. Ses cheveux blonds sont attachés négligemment, et des mèche flottent autour de son visage enchanteur. Le père se tient un peu derrière elle, son bras entourant les épaules de la mère d'un geste désinvolte et affectif, tandis que l'autre bras, tout comme ceux de la mère, soutient le bébé, dans un cocon confortable et protecteur. Le bébé porte une robe aux même motifs fleuris que celle de la mère. Ses bras et ses jambes sont potelés, il rayonne de santé. La mère est heureuse, la père aussi. Leurs yeux brillent, le sourire de la mère découvre ses dents du bonheur. Ils ne se regardent pas, leur regard est tourné vers le photographe, mais leurs yeux sont pleins d'amour. D'amour pour eux-même, pour leur enfant, pour leur famille, pour le monde.

Je touche la photo, effleure le visage de ma mère. Je peux presque le sentir, sentir la moindre imperfection de sa peau, sentir les effluves de son parfum fleuri qui la suivait partout quand elle déambulait d'une pièce à l'autre de sa démarche de danseuse, sentir la douceur de sa robe, que mon père a donné aux œuvres de charité quelques jours après sa disparition, comme tous ses vêtements.
Je replace la photo délicatement, comme une relique, dans le carnet. En ouvrant à la première page, apparait un croquis représentant un bébé endormi, les poings serrés, les joues dodues, portant une robe à fleurs.

Les pages s'imprègnent de mes larmes.

(C'est la première fois que je participe, je suis toute excitée ! Désolée si c'est un peu long, je n'ai pas pu me retenir une fois lancée ... )
 

Evony

Je t'ai dans la peau mais pas sous les doigts.
18 Janvier 2010
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ANGLET
Je me souviendrais de cette journée, toute ma vie, je ne veux pas l?oublier. Je me souviens de nous assis sur ce matelas à même le sol, dans le grenier de cette belle maison. Ta maison de famille, cette maison où tu as grandi.
Nous deux sur ce matelas, à fouiller, chiner tous ses boites, tous ses souvenirs, vos souvenirs. J?ai l?impression de vous espionner, de vous voler un part de vous.
Et tu as ouvert une grande boite blanche, elle était recouverte de poussières, comme si elle était là depuis des années. Elle était pleine de photos, des photos de vous.
Tous ses instants immortalisés par ces bouts de papiers. Des photos de ta mère, je suis surprise par sa beauté, elle était si élégante et si souriante, tu as son sourire mais je n?ose de le dire. Je suis persuadée que si elle était encore parmi nous, elle serait magnifique, elle serait une extraordinaire grande mère. Tous les photos défile dans tes mains et moi entre tes bras je l?ai observe toutes vous êtes tous si heureux, insouciants. Ton père, ta mère, ta s?ur et toi. Ce petit garçon avec cet air malicieux, un vrai canaille.
Et je t?ai dit que moi, je n?avais pas cette chance, je n?ai pas tous ses souvenirs, aucune photos de famille, de ma mère, mon frère et mon père. De cet homme qui m?est étranger aujourd?hui. Je senti la tristesse m?envahir. Et tu as resserrait ton étreinte, tu as posé tes mains sur mon ventre, et m?as murmuré a l?oreille.
« Nous, on en ferras plein de photos »
 
13 Novembre 2011
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Montbéliard
Il y a quelques jours, alors que je feuilletais le vieil album familial, je suis tombé sur cette photo qui m?a secoué d?une vague d?émotions.Je me suis souvenue du moment où elle a été prise.

Eté 2004, Toronto, Canada. La plupart des gens qui ont visité cette ville en retiennent surtout sa grandeur et sa magnificence; le lac Ontario, les buildings démesurés, la vue si impressionnante du haut de la fameuse «cn tower». Pas moi. Toronto est et restera la ville de tous mes cauchemars, la ville où j?ai failli perdre la personne la plus chère à mon c?ur. Cette photo a été prise une demi-heure avant que mon frère s?évanouisse, avant qu?il convulse et tombe dans un coma hypoglycémique.
On avait découvert son diabète depuis deux ans déjà, ce jour-là, le jour ou on l?emmena à l?hôpital, je ne l?oublierais jamais, c?est un jour qui est gravé bien malgré moi dans ma mémoire. J?avais alors 7 ans et je ne comprenais pas ce qu?il se passait, je savais qu?il était à l?hôpital mais pourquoi, ça restait un mystère. Les grandes personnes essayait tant bien que mal d?éclaircir cet « énigme », mais les mots « diabète », « insulinodépendant », « glycémie »et « pancréas » m?étaient complètement étrangers, je ne comprenais pas tout ce jargon médical, tout se que je voyais c?était mon frère allongés dans un lit d?hôpital, le visage blême avec une aiguille dans son bras ; tout ce que je savais, c?était qu?il était malade et que ca allait durer toute sa vie. Je ne pensais pas que c?était grave, Pour moi c?était un gros rhume, un coup de fatigue, ca allait passer au fil du temps, après tout moi aussi on me faisait des piqures pour ne pas être malade. Il n?empêche, je me sentais coupable, tout le monde avait un air grave, tous était triste et je croyais dur comme fer que c?était ma faute ; la veille de son entrée à l?hôpital je m?étais chamaillé avec lui comme je le faisais souvent, et je lui ai répliqué, bien que je ne le pensais pas : « j?aurais préféré de jamais avoir de frère. » Je priais pour lui, je faisais d?innombrable v?ux, quand on a 7 ans, c?est tout ce qu?on peut faire.
Etonnamment, il avait compris ce que je ressentais et il m?a dis quelque chose de vraiment formidable : « C?est la faute de personne ca, et puis c?est pas bien grave, il y a pire dans la vie, il y a toujours pire ».
Cette image représente bien ces moments passés à l?hôpital Robert Debré ; moi et ma mère, inquiètes avec un sourire crispé cachant nos émotions, et mon frère, pâle, souriant à la vie.
Les malades réagissent mieux à la maladie que leur famille. Alors que nous étions tous anéanti et triste ; lui, sur le haut de ses 9 ans, faisait déjà preuve d?une grande maturité et savait relativiser. Lorsque je regarde cette photographie je me remémore ses moments-là à la fois si affreux et si inoubliable. Cette image me rappelle toujours que les enfants atteint d?une maladie sont plus mure que les autres et qu?il ne faut jamais se plaindre car d?autres souffrent plus que nous ; Mais surtout, elle témoigne de la grande fierté que j?éprouve.
Avant de refermer l?album photo, j?observais une toute dernière fois ce cliché, je n?arrivais pas à détacher mon regard de cette photographie. Je m?attardais à contempler ses yeux, ou plutôt la prunelle de ses yeux qui le représentait lui et tout se qu?il a pu endurer. Le regard de ce petit garçon malade qui a vu tant de choses qu?un enfant ne devrait jamais avoir à voir dans ses circonstances : l?arrivée des infirmières pour lui faire ses injections journalières ; l?intérieur d?une ambulance, et tout ses autres enfants malades dont certains, venant du service oncologie, sont morts. Pourtant il souriait et ce n?était pas le genre de sourire crispé que les gens prennent pour une photo; c?était un sourire sincère, parce qu? il fallait sourire, il faut sourire, parce que ce n?était pas un rhume comme j?osais espérer; parce que mes v?ux et mes prières n?y feront rien ; parce qu?il faut l?accepter et poursuivre sa vie. Il n?avait que 11 ans lorsque la photo avait été prise, il s?apprêtait à être dans le coma et pourtant il connaissait déjà beaucoup de chose sur la vie, il savait vivre chaque instant avec passion parceque rien n?est eternel.


[TRUE STORY]
 
22 Mai 2011
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Rennes
- "Je ne sais pas quoi vous dire", murmurais-je sans grande conviction.

Ma voix qui avait rompu le silence du cabinet me semblait venir de très loin. Les mots flottaient, désincarnés et je me dis que ce n'étais pas moi qui les avais prononcés mais une personne qui m'était totalement étrangère. Comme toujours lorsque j'étais stressé le filet de voix qui sortit de ma gorge avait une tonalité enfantine complètement en désaccord avec l'attitude que je souhaitait avoir. Les gens pensent souvent que je suis une personne douce calme et timide à cause de cette voix et ils s'étonnent de tout ce qui vient plus tard contredire cette croyance comme si ce masque qu'ils m'avaient attribués avait façonné ma personnalité de la manière qu'ils jugeaient la plus commode.

Mais cela ne devrait pas arriver avec cette psychologue malgré mon filet de voix aigrelet. Pas que je lui prêtais des qualités analytiques supérieurs à la moyenne mais puisqu'elle avait vu ma mère avant moi, celle-ci lui avait forcément parlé de l'épisode de l'assiette que je lui avais jeté, de ma fuite précipité et de la nuit d'errance urbaine qui avait suivit avant que je ne prenne le premier bus de la matinée pour rejoindre l'appartement de mon père.

- "Parlez-moi des raisons pour lesquels vous êtes ici pour commencer."

Sa voix à elle était assurée, elle avait du répéter inlassablement cette phrase à toute les personnes que les aléas de la vie avait jeté, déboussolés sur cette chaise devant son bureau comme des bateaux échoués, sans trop savoir comment ils en étaient arrivé là.

La raison de pourquoi les gens sont là où ils sont n'est jamais aussi simple que le fait d'avoir jeté une assiette à la tête de quelqu'un. Je ne sais pas ni comment ni quand les choses sont devenues si compliquées entre ma mère et moi. Ce qui était certain en revanche c'était qu'un jour ma mère et moi avions été proche et que je l'avait aimé de cette façon absolue qu'on les enfants d'aimer leurs parents. Mais cet amour était présentement enfouis sous des couches de haine et de méfiance réciproques. Des années de reproches, de larmes et de cris avaient étouffées dans mes souvenirs le sourire de ma mère, la façon dont elle me serrait dans ses bras et jusqu'aux mots d'amours qu'elle avait pût me dire. Ainsi je ne souvenait pas que ma mère m'ait un jour dit qu'elle m'aimait et je ne me rappelait pas non plus lui avoir dit ces mots. N'était-ce pourtant pas le genre de mièvreries que l'ont échange avec ses enfants lorsqu'ils sont encore en âge de les dirent sans honte aucune ?

Pourtant ma mère conserve dans un cadre dans l'entrée, juste en face de la porte une photo sur laquelle je la tient enlacé par derrière, elle assise dans l'herbe du jardin. Sa main est posée sur la mienne et nous sourions toutes deux avec une joie sincère comme si rien n'était plus beau que d'être ensemble. Je doit avoir six ans sur cette photo. Bien entendu je n'ai aucun souvenir du moment où elle a été prise. Mais cette photo qui est la première chose que nous voyons lorsque nous rentrons, elle de son travail et moi du lycée, est la preuve qu'un jour nous nous sommes aimées ma mère et moi même si cette époque me semble dater d'il y a plusieurs siècles.
 
29 Juin 2011
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Trappes
Je cherchais un truc idiot dans un tiroir. Un truc vraiment idiot, je ne sais plus, c'était des timbres je crois. Cela fait longtemps déjà. Et puis, je ne sais pas, sous les divers papiers administratifs, des pochettes pleines de factures, de dossiers pour la fac, des choses et d'autres, une petite feuille en papier glacé était nichée au fond du tiroir. Du ruban adhésif semblait retenir les divers fragments de ce que je supposais être une photographie. Le tout caché entre un relevé de banque et une photocopie de sa carte d'identité.
Quelque chose me dit que je n'avais pas à regarder ce que c'était. Qu'un truc en petit morceaux un peu raccomodé caché au fond du bout du dernier recoin de son appartement avait forcément une signification pour lui.
Oh, et puis, merde. Je sais que c'est mal. Après tout, il n'en saura rien.
La photographie était en couleur, c'était une scène de plein air. En arrière plan on voyait des saules et une petite étendue d'eau, on aurait dit une rivière. C'était l'été, l'herbe était bien verte, le soleil était très haut dans le ciel. Ils étaient debout, on pouvait voir sa mère, avec quinze ans de rides en moins, quinze ans de kilos en moins aussi. Avec de grosses lunettes sur le nez. Ses cheveux étaient encore tous bruns. Elle souriait. Et on pouvait observer sa dentition impeccable. C'est surprenant, je ne me souvenais pas avoir vu sa mère sourire auparavant.
A côté, il y avait son père. Bien que je ne l'aie jamais vu, lui aussi avait été immortalisé dans la plus belle expression de sa jeunesse. Je ne sais même pas pourquoi il n'en parlait jamais, comme s'il n'existait pas. Son père était grand, limite imposant. Il avait un visage clair, rayonnant, je ne saurais pas vraiment expliquer ce que dégageait son visage. Il avait cette expression de ce genre de personne simple, qui ne vous prennent pas de haut, qui vous donnent envie de partager leur quotidien, qui font preuve de délicatesse envers leurs proches, sans effort, sans tellement qu'on fasse y attention.
Et puis, il y avait sa grande soeur. Elle avait peut-être 12 ans, elle regardait son frère. Avec un air grave, l'air grave qu'elle a toujours conservé aujourd'hui, grave et doux, comme si elle avait peur pour lui, comme quand vous regardez quelqu'un que vous aimez et que vous avez envie de faire attention à lui, vous ne savez même pas tellement pourquoi, vous voulez juste le protéger, sans raison.
Il était là, aussi, il souriait. Il avait probablement 7 ans, les cheveux encore clairs des jeunes enfants. Il avait cette expression spontanée sur le visage. Il aggripait le bras de sa soeur. On les aurait dit un peu en mouvement, il était un peu penché, comme s'il s'était rapproché d'elle au moment précis de l'appui sur le déclencheur.
Et dans les bras de sa mère, je ne l'avais pas encore bien remarqué, mais il y avait quelque chose. On aurait dit un poupon, mais cela n'avait pas de sens. Il n'avait pas d'autre frère et soeur.

Sans m'en rendre compte, je m'étais assise sur le parquet. Et, tellement absorbée par ma découverte, je ne m'étais même pas rendue compte de sa présence, derrière moi, avant que j'entende son souffle. Je n'osai pas tourner la tête, gênée d'avoir été prise en flagrant délit de curiosité mal placée.
Il a dû noter que j'avais remarqué sa présence. Il approcha sa main de la mienne, me retira doucement la photographie. Il l'observa un instant, il me glissa : "C'était un agréable souvenir."
Interloquée je lui répondis que je ne comprenais pas.
Et lui de me répondre les yeux dans le vide, le ton monocorde : "Parfois il n'y a rien a comprendre, parfois des gens qui s'aiment à en crever se déchirent, et c'est fini."
Il reposa la lettre au fond du bout du coin du tiroir, et me dit avec un sourire, le sourire ultra-bright de sa mère : "A part ça, toujours pas trouvé tes timbres ?"
 
30 Septembre 2011
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cannes la bocca
Il y a toi, en haut a droite, qui sourit encore, de ce sourire qu'on ne voit plus, sur ce visage encore si beau et si insouciant. Il y a cette petite fille si belle, avec ses cheveux si noirs et bouclés, et des yeux d'un vert si limpide. Parfois, on me raconte que des gens dans la rue t'arrêtaient pour te dire à quel point elle était jolie. Derrière vous, ce paysage si magnifique, ce lac entouré de montagnes, ça respire la sérénité. Moi, tu ne m'a jamais emmenée. Moi, je ne suis pas sur cette photo, parce que ce n'est plus vraiment une photo de famille. Parce que, quand moi je suis arrivée, les photos étaient interdites. Parce que tu ne voulais pas de moi et que celle sur laquelle je te vois si heureuse ne reflète plus aucune vérité. Il faudrait effacer ce sourire, il faudrait effacer cette petite fille. Me mettre a la place avec mes cheveux blonds. Mais ça sonnerait faux. On me disait souvent que j'étais un ange tombé du ciel pour guérir ma maman de ses blessures. Mais j'ai jamais guéri personne, et surtout pas toi. Toi, je t'ai vue t'éteindre tout doucement. Je t'ai vu me regarder, mais pas me voir. Cette petite fille sur la photo, je ne lui ressemble pas, et tu m'en aurais encore plus voulu, si ça avait été le cas, d'être née. Née quand elle est morte. Comme tu en as voulu a mon père de m'avoir demandée. D'avoir voulu vivre, survivre. Il n'est pas sur la photo parce qu'il la prend, mais c'est comme si on le voyait à tes côtés, c'est dans la façon de prendre la photo, dans la lumière qui s'en dégage. C'est une photo de famille, oui. Mais pas vraiment la mienne.
 
22 Février 2010
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je me souviens de ce jour la chez ma tante Claudine et mon oncle Jean dans leur maison de normandie il me semble que j'avais 11 ans ma soeur devait avoir 14 ans, je portais un jean bleu et un chemisier blanc à cette epoque, la mode m'importait peu. Il faisait un soleil eblouissant, ce jour la on nous pris en photo toute les trois avec ma grand mere ,dans le jardin. Plus tard je partais en colonie de vacance comme chaque année au mois d'aout, durant ce sejour je reçu une jolie carte de ma grand mere ce qui me fit plasir toutefois l'enveloppe me paraissait epaisse en effet il se trouvait la photo de famille prise quelques semaine plutot.
 
4 Janvier 2012
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Boulogne
Ils sont tous beaux et souriants, ces visages qui se tendent vers moi, et surgissent de la poussière.
Un homme, une femme, des enfants. Tous figés dans cette mimique, sorte de "propriété publique, qu'on emprunte et qu'on arbore face à l'objectif.

Un moment qui n'existe déjà plus depuis longtemps. Je l'imagine facilement se débattre, essayer de s'échapper du confinement auquel on le force, s'extirper douloureusement du cadre de la photo pour se glisser subrepticement dans ma mémoire.

Là, il murmure lentement, et me ravive ces échos de couleurs, de sensations, de sourires et de larmes associés au mot "famille".

Une mère, un père, deux enfants, quatre vies incroyablement différentes, qui se lient, se détachent, des fils qu'on tresse ou coupe, des chemins parfois destinés à ne plus jamais se croiser.

Je crois que c'est la seule photo qu'il existe de nous quatre.
 

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