Mon copain a invité des potes hier soir, on a discuté et à moment ils ont commencé à sortir des propos gerbants ("Je pourrais pas sauter une fille qui s'est tapé cent mecs, ce type de filles c'est des salopes, elles sont sales et pleines de saloperies", quand j'ai évoqué mon incompréhension face à leur régionalisme j'ai eu droit à "Moi je suis fier d'avoir des ancêtres qui viennent d'ici. Nadja si t'es pas contente, casse-toi de la région, de toutes façons t'es même pas d'une famille alsacien pure souche", ou encore "Il y a trop d'arabes dans nos rues" etc). Je me suis énervée. Le ton est franchement monté des deux côtés, j'ai pas pu me retenir. Au final je me suis cassée dans ma chambre après avoir vu que tout débat était vain (l'un d'eux a le nom de notre département tatoué sur le bras, c'est dire).
Heureusement, mon copain ne partage pas du tout leur avis (sinon je ne serais pas avec lui, c'est évident), mais hier soir j'étais en colère. Il m'a dit que je n'ai pas pris de pincettes avec eux, c'était pas vraiment un reproche, mais j'aimerais savoir pourquoi j'aurais été obligée de prendre des pincettes. J'ai toujours eu envie de croire qu'on avait les amis qu'on méritait. J'ai peut-être peu d'amis, mais ce sont des personnes ouvertes, tolérantes, et je n'arrive pas à comprendre qu'on puisse être ami avec des gens qui sont à ce point à l'opposé de nos convictions. A mes yeux le racisme, le régionalisme à la con, l'homophobie, tout ça c'est pareil. Ca vient d'une méconnaissance totale de l'autre et ça me fait vomir. Je n'arrive pas à comprendre comment un type dont la mère est homosexuelle, et donc qui est très sensible à la lutte contre l'homophobie, peut avoir pour amis des gens racistes et aussi extrémistes. J'ose même pas imaginer ce qu'ils pensent des homos. Ils m'ont craché à la gueule que je ne suis pas d'ici (en plus si, je suis née dans la région), que j'y connais rien parce que je vote à gauche, qu'à cause de gens comme moi les valeurs se perdent, etc.
Mon frère habite en Macédoine depuis un an, il a vécu à Prague, à Bruxelles, à Tokyo (dans le cadre de son master), il a voyagé en Italie, en Roumanie, avec un sac sur le dos et a rencontré des gens comme ça. A mes yeux un type comme mon frère sera toujours cent fois plus riche à l'intérieur qu'une personne qui reste focalisée sur ce qui est juste autour d'elle. Je n'ai pas d'argent pour voyager, mais je m'intéresse à l'ailleurs, à l'Autre, et c'est à mes yeux la plus belle richesse.
Et oui je suis une personne qui prend les choses à coeur et qui s'emporte, mais face à la bêtise ça ne changera pas.
Bref, j'ai préféré dormir seule cette nuit, la colère devait redescendre. Ce matin il a été adorable, il s'est excusé avec un air de chien battu, il m'a dit "Promis tu ne les verras plus" (alors que c'est pas ce que je demande, je les trouve relativement sympas quand ils ne parlent pas de politique), il était sincèrement désolé et m'a répété "Pardon, t'as sûrement passé une mauvaise soirée, je m'en veux". Il est d'une gentillesse absolue et je crois qu'il tient vraiment à moi.
Hier il m'a dit "Tu sais, quand tu parlais du pote de notre coloc avec qui tu as couché (un type qu'il déteste), tu crois que ça m'énervait juste parce que c'est lui ? Tu t'es pas dit que c'est parce qu'avant qu'on sorte vraiment ensemble j'avais déjà des sentiments pour toi ?".
C'est marrant, on reparle parfois de notre rencontre, c'est le seul coloc qui était présent à l'appart quand je l'ai visité et il me dit "Quand je t'ai vu, je t'ai trouvé tellement mignonne !". Toute cette tendresse me fait beaucoup de bien.
Et je précise tout de suite, non ce n'est pas parce que j'ai dit que mon copain se fringuait parfois comme un skin qu'il porte le crâne rasé, des croix gammées sur le torse ou que sais-je. Ce n'est pas parce qu'on est skin (et il ne l'est pas) qu'on est forcément d'extrême droite. Il aime simplement le côté un peu rétro du look, mais c'est sans rien derrière.
C'est marrant comme ça évoque l'histoire que tu as raconté
Peptide !