Rev;2582142 a dit :
Est-ce qu'on arrête d'avoir peur un jour ?
En fait c'est vraiment une question très intéressante. Presque un sujet de philo/psychanalyse
le rapport au temps et à autrui est très complexe en fait.
La peur (ou l'angoisse) a de multiples sources. On peut je pense se libérer de certaines peurs : la peur d'être abandonné, la peur de n'être plus rien si l'autre nous quitte, la peur de finir seul... Ces peurs sont quasiment indépendantes de la personne aimée : ce sont des peurs qui s'exprimeront presque toujours de la même manière, quelle que soit la personne aimée, car elle renvoie à des terreurs plus profondes (évoquées brièvement par
Everest... Enfin elles peuvent être autant psychologiques que métaphysiques). Ces peurs-là, on peut travailler dessus, pour diminuer ses effets, pour les rendre moins douloureuses ou pénibles à vivre. Elles sont surtout liées à la confiance en soi.
Pour l'instant, j'ai l'impression que tous les liens que j'ai tissés persistent en moi. Que ces gens que j'ai croisés font partie de moi car ils ont fait partie de ma vie à un instant T. C'est grâce à ces personnes que je suis telle que je suis aujourd'hui. Cela ne veut pas dire que je leur voue la même affection, le même amour aujourd'hui que j'avais pour eux avant. Mais comme les souvenirs que j'ai d'eux ne sont pas morts, les sentiments que j'ai éprouvés pour eux ne le sont pas également. Après, c'est ptet juste que je suis incapable de faire le deuil de mes relations passées
mais j'ai tendance à distinguer sentiments et désir d'actualiser la relation par des actions concrètes. Et ce désir-là, ce désir-là en revanche est éphémère et extrêmement fluctuant selon moi. Et c'est sur ce désir que l'on peut craindre que la personne aimée n'ait plus envie de continuer à réactualiser le lien et se "contente" en quelque sorte des souvenirs. Qu'il n'ait plus envie de faire vivre un "présent" de la relation. Pour moi le présent est le plus important.
L'avenir est une pure projection, une attente perpétuelle de quelque chose qui ne viendra peut-être jamais, aussi je préfère rester ancrée sur le présent, sur le désir qui ne se projette pas au-delà, qui se propose sans imposer quoi que ce soit à l'autre. On n'a aucune garantie sur l'avenir, ce qui peut être une source d'angoisse (mais cette peur de l'avenir, elle est nourrie par des terreurs plus profondes liées à notre passé et à notre incapacité à vivre au présent). On peut se rassurer là-dessus, avoir un certain confort, on deale comme on veut avec ça, mais au final, l'avenir, ça n'est que du fantasme, une projection de l'esprit. On peut regarder "l'avenir sereinement", de mon côté je préfèrerais ne pas le regarder du tout, ne pas le remplir de promesses que je ne saurais pas tenir. Peut-être parce que j'ai du mal à envisager l'avenir autrement que sur le mode de l'angoisse, aussi, mais ça n'a pas toujours été le cas. Et ce serait mentir de dire que je n'y pense jamais non plus. Je ne refoule pas, j'imagine parfois, mais je me dis : ce n'est pas ça qui doit être le fondement de ma relation avec quelqu'un. Ce n'est pas la certitude qu'on s'aimera toujours ou je ne sais quoi. Le fondement de ma relation avec quelqu'un (amoureuse ou amicale), c'est le bonheur de le connaître. Aujourd'hui, à cet instant T. C'est aujourd'hui, à cet instant T, qu'il m'a plu, et que je lui ai plu. Si demain c'est aussi le cas, c'est tant mieux. Mais si ça se passe mal demain, personne pourra m'enlever ce bonheur-là, qui a existé et qui continuera de vivre en moi, de l'avoir rencontré. Je serai toujours fière d'avoir su provoquer et tisser certains liens, même si l'avenir bouscule les choses ensuite.
(Le pavé philosophe du jour
)